
En 2015, les industriels français ont nettement accéléré sur l'internet des objets, grâce à une conjonction de facteurs : la baisse du prix des capteurs, la nécessité de se transformer face à l'émergence de nouveaux acteurs du numérique, mais aussi l'arrivée annoncée de réseaux de communication dédiés, les réseaux bas débit longue portée à faible coûts. La bataille entre ces nouveaux acteurs du LPWAN (low power wide area networks) a rythmé l'année.
Les 100 millions de Sigfox
Sigfox tire le premier en février avec une levée de fonds de 100 millions d'euros pour financer son développement international. Des grands industriels comme Engie, Air Liquide, Eutelsat, et les opérateurs télécoms NTT Domoco, Telefonica, SK Telecom, entrent à son capital. Ils seront rejoints par le sud-coréen Samsung quelques semaines plus tard. La start-up toulousaine poursuit le déploiement de son réseau dans de nouveau pays, principalement en Europe de l'ouest. Elle entame son offensive aux Etats-Unis en commençant par la Silicon Valley.
Mais les signatures de très gros contrats, pour connecter des centaines de milliers d'objets d'un coup, se font un peu attendre. Après les alarmes incendie de Securitas Direct en 2014 en Espagne, Sigfox décroche les bâtiments de Cofely Services et les compteurs d'eau de Sogedo, les lampadaires intelligents du Groupe Carré, les compteurs électriques de Glen Canyon... Parallèlement, le Toulousain tente de construire un écosystème de start-up : il lance d'ailleurs un "Sigfox Tour" mondial.
Et tout au long de l'année, le patron de Sigfox, Ludovic le Moan, affiche haut et fort sa confiance, disant ouvertement tout le mal qu'il pense de ses concurrents… et en particulier de Bouygues Télécom.
LoRa sort du bois
Il faut dire que Sigfox voit des concurrents redoutables apparaître dans son radar. Bouygues Télécom, d'abord. L'opérateur fait partie des membres fondateurs de l'Alliance LoRa, annoncée en janvier 2015 au CES. Une technologie d'origine française, imaginée par la start-up Cycleo (rachetée par Semtech). Bouygues annonce ses plans en mars : il va déployer un réseau LoRa en France. L'opérateur vise en particulier les industriels... et les synergies pourraient être importantes avec sa maison-mère sur la smart city.
Orange l'imite avec un peu de retard, et annonce en septembre son propre réseau LoRa (tout en développant des versions de la 2G et de la 4G pour les objets connectés). L'opérateur historique avait auparavant investi dans la start-up Actility, l'un des piliers de l'alliance LoRa.
Le lancement commercial des réseaux LoRa d'Orange et Bouygues sont prévus début 2016. Les premiers objets compatibles pour le marché grand public sont déjà prêts.
qowisio et archos en embuscade
Un autre acteur du marché émerge en 2015 : Qowisio, installé dans la toute nouvelle Cité de l'objet connecté d'Angers. La start-up lève 10 millions d'euros au printemps et annonce une compatibilité de ses antennes avec le protocole LoRa à l'automne. Lui aussi doit ouvrir son réseau début 2016.
2015 a permis aux acteurs de la filière de fourbir leurs armes avant la véritable bataille prévue pour 2016. Quatre à cinq réseaux (si l'on compte celui d'Archos, qui adopte une philosophie totalement différente) couvriront alors une majeure partie de la France et les créateurs d'objets auront véritablement l'embarras du choix. Peut-être que les doutes sur les conditions d'utilisation réelles des différents réseaux auront été levés d'ici là…
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