Tout le dossier Tout le dossier

42, l’école où c'est en codant que l'on devient codeur

Troisième volet de notre série sur les écoles du numérique : 42, l’école de programmeurs que Xavier Niel à ouvert le 18 novembre 2013, qui suscite autant d’engouement que de critiques.

Partager
42, l’école où c'est en codant que l'on devient codeur

Un mode de sélection qui pousse les candidats à leurs limites, une pédagogie née d’une critique virulente du système éducatif, trois années de formation intensive et gratuite, aucun diplôme à la sortie… L’école d’informatique 42, qui accueillera le 18 novembre entre 800 et 1000 étudiants, fait grincer des dents dans le monde de l’éducation. Mais, selon son directeur général, Nicolas Sadirac, elle reçoit chaque jour une cinquantaine de propositions de partenariats de la part d’entreprises, de la start-up de sept personnes à des groupes comme Veolia, Daimler, Airbus.

L’ancien hacker, qui a créé et longtemps dirigé l’Epitech, a débauché plusieurs responsables de l’école d’informatique en cinq ans du groupe IONIS. Il duplique à 42 la méthode qu’il a mise au point là-bas, basée sur l’apprentissage par projet. Nicolas Sadirac pense pouvoir donner la même formation, mais en trois ans au lieu de cinq. "Les élèves choisiront leurs modules et avanceront à leur propre rythme, souvent plus rapide que ce que propose une école", explique-t-il. Justifiant aussi cette courte durée par "l’urgence" dans laquelle sont les entreprises de trouver ce type de profils.

L’école en quelques chiffres
- 42, "Born2code"
- Date de création : novembre 2013
- Recrutement : aucun diplôme requis, être âgé de 18 à 30 ans; test, dossier, entretien, 4 semaines de "piscine"
- Durée des études : 3 ans
- Coût en 2013 : gratuit
- Salaires de sortie : non communiqué
Le travail collaboratif encouragé

C’est parce qu’il avait du mal à trouver les programmeurs dont il avait besoin, que Xavier Niel, patron de Free, a décidé de financer cette école. Elle est ouverte à toute personne de 18 à 30 ans, sans condition de diplôme, après une sélection très particulière : une immersion dans une "piscine", session de quatre semaines dans les locaux de l’école, dans le 17ème arrondissement de Paris, avec des travaux à rendre dans un temps limité. Il faut trouver la réponse seul ou en groupe, le travail collaboratif étant encouragé. Sur les 70 000 candidats qui se sont manifestés aux premiers tests, 2 800 sont venus passer une des trois "piscines" de sélection. Moyenne d’âge : 22 ans, plus jeune que ce que visaient les promoteurs de l’école.

Nicolas Sadirac, la quarantaine, tee-shirt noir siglé 42, cheveux longs, est intarissable sur la fin d’un modèle de formation qui a "fabriqué des gens ultra efficaces, capables de produire de bons produits, mais très normalisés". Pour lui, ce mode de formation, typique des écoles d’ingénieurs, est "inadapté à un monde qui a changé, où la valeur n’est plus dans la production, mais dans l’innovation". C’est toute la philosophie de 42 : "former des individus créatifs, capables d’apporter une solution en travaillant en réseau". Pour le directeur, "les entreprises seront sûres de trouver des jeunes qui acceptent de prendre des risques et ne sont pas fainéants".

Une école non reconnue par l’Etat

Les 800 à 1000 sélectionnés prennent effectivement des risques, en donnant une absolue carte blanche à l’école, non reconnue par l’Etat. "On fait confiance aux noms de Niel et Sadirac", explique Brian, 24 ans, en fac de sciences éco, en fin de "piscine". "Trois ans de formation gratuite, c’est une opportunité rare", poursuit Benjamin, 30 ans, intérimaire dans l’industrie. "Tant que je m’amuse !" conclut un candidat, qui estime qu’il a autant appris en un mois de piscine que certains de ses amis en un an de BTS…

Conséquences de l’approche de l’école : pas de cours, pas de profs, mais des projets, "terrains d’entraînement où développer des compétences transverses", pour le directeur. Avec un programme à tenir, tout de même, chaque projet permettant de maîtriser un savoir informatique, sur les réseaux, les télécoms, la programmation, la sécurité, l’interface homme-machine… Un enseignant d’informatique en école d’ingénieurs reconnaît la qualité du contenu qui sera maîtrisé en fin de cursus, mais regrette que, comme Epitech, 42 ne fasse pas appel à des enseignants, mais à de jeunes professionnels pour encadrer les futurs étudiants.

Avant même l’ouverture de l’école, une vingtaine d’étudiants recrutés dans les premières piscines travaillaient déjà sur des projets industriels, notamment en biométrie. "Et ils n’avaient jamais programmé avant de mettre les pieds ici", souligne Nicolas Sadirac, content de sa démonstration. Rendez-vous dans trois ans, pour voir combien de jeunes auront tenu jusqu’au bout et quel est leur taux d’insertion.

Cécile Maillard

Consulter notre classement des écoles d’ingénieurs

Sébastien Sayada, 22 ans :  "Ca va être formidable !"

"J’ai arrêté l’école à 16 ans, pour travailler dans l’immobilier, le commercial, le bâtiment. Mais le jeu vidéo, c’est toute ma vie, l’informatique en général, et je voulais reprendre des études. Pour être programmeur, il faut passer par une école chère comme l’Epitech, et avoir le bac. Heureusement, 42 est arrivée ! J’ai adoré le mode d’apprentissage pendant la 'piscine', libre, avec du e-learning et des échanges avec les copains. J’ai été sélectionné. Ca ne me fait ni chaud ni froid que le diplôme ne soit pas reconnu. Dans la programmation et les jeux vidéo, on n’a pas besoin de diplôme, la réputation de l’école suffira. En fin de première année, on aura codé un petit jeu. Si je sais déjà faire ça, j’ai tout gagné. Après, j’aimerais créer ma propre boîte aux Etats-Unis, faire des applications pour les Google Glass. Ca va être formidable !"

 

SUR LE MÊME SUJET

PARCOURIR LE DOSSIER

L'actu des campus

Avec L’Usine Digitale, partez à la découverte des écoles du numérique

Ecoles du numérique

L’ENSEEIHT, au plus près de la recherche en informatique

Data analysis

L’Ensae forme les interprètes du big data

Ecoles du numérique

Strate, pour façonner des designers d'interaction

Ecoles du numérique

Supinfocom, une école pour un destin animé

L'Usine Campus

Supinfo, l'école d'informatique aux 35 campus

L'Usine Campus

L’Exia forme les Dr House de l'informatique

L'Usine Campus

L’IT Paris Eiffel muscle le futur management des geeks

Ecoles du numérique

L’ISEP, l'école qui fait une place aux bacs technos  

Ecoles du numérique

L’EEMI, le web version e-commerce

L'Usine Campus

Avec les Miage, l’université parie sur l’informatique adaptée aux entreprises

Ecoles du numérique

L’ESILV forme les ingénieurs qui accompagnent la transformation numérique des industries

Ecoles du numérique

L’INSA Lyon forme des ingénieurs informatique, pas des geeks

Transformation numérique

L’EMSI prépare les managers aux questions du numérique

L'Usine Campus

L’ECE pousse ses élèves à déposer des brevets ou à créer des start-up

Ecoles du numérique

CDAISI, à l'école des hackers éthiques

L'Usine Campus

Ensci-Les Ateliers, une fabrique de chefs de projets

Ecoles du numérique

L’Ensimag, les maths au service du numérique

Ecoles du numérique

L’Efrei, des ingénieurs du numérique made in France... qui parlent anglais

Ecoles du numérique

In'Tech Info, l’informatique comme on le parle en entreprise

L'Usine Campus

Simplon.co, le code pour tous

L'Usine Campus

L’Isima, l'école des pros de la réalité virtuelle

Ecoles du numérique

Telecom Paristech : les télécoms en héritage, le web en destinée

L'Usine Campus

L’EPSI, des informaticiens de plus en plus proches des ingénieurs

Transformation numérique

Gobelins forme des geeks artistiques et techniques

Ecoles du numérique

La Web school factory forme des managers du numérique

Ecoles du numérique

Télécom Bretagne, tournée vers d’autres continents

Ecoles du numérique

Hétic, cinq ans pour former des touche-à-tout du web

Transformation numérique

L’Esiee, le management technologique au service de la recherche

Ecoles du numérique

ESIEA, l’école qui implique ses anciens élèves

L'actu des campus

L’École de design Nantes : des designers sachant coder...

Ecoles du numérique

SUP’Internet, trois métiers du web à la carte

L'Usine Campus

Télécom SudParis, des ingénieurs du numérique entrepreneurs... et entrepreneuses

L'actu des campus

Epita, des ingénieurs plus codeurs que managers

Ecoles du numérique

Télécom école de management, les pros de la gestion de l'innovation numérique

Ecoles du numérique

Sup de web, le plongeon dans l’entreprise

Ecoles du numérique

EISTI, des cracks des maths au service de l’informatique

Ecoles du numérique

Epitech, nid de hackers

Tout le dossier

Sujets associés

NEWSLETTER L'Usine Digitale

Nos journalistes sélectionnent pour vous les articles essentiels de votre secteur.

Votre demande d’inscription a bien été prise en compte.

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes...

Votre email est traité par notre titre de presse qui selon le titre appartient, à une des sociétés suivantes du : Groupe Moniteur Nanterre B 403 080 823, IPD Nanterre 490 727 633, Groupe Industrie Service Info (GISI) Nanterre 442 233 417. Cette société ou toutes sociétés du Groupe Infopro Digital pourront l'utiliser afin de vous proposer pour leur compte ou celui de leurs clients, des produits et/ou services utiles à vos activités professionnelles. Pour exercer vos droits, vous y opposer ou pour en savoir plus : Charte des données personnelles.

ARTICLES LES PLUS LUS