5G : L'Anssi affirme qu'il n'y aura pas de "bannissement total" de Huawei

Guillaume Poupard, le patron de l'Anssi, affirme que l'équipementier Huawei ne sera pas évincé de la 5G en France. Mais "ceux qui l'utilisent déjà" recevront des autorisations d'exploitation limitées à 8 ans.

 

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5G : L'Anssi affirme qu'il n'y aura pas de

L'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (Anssi) affirme qu'il n'y aura pas de "bannissement total" de l'équipementier chinois Huawei en France dans l'attribution des fréquences 5G. "Nous sommes dans une gestion des risques", confie Guillaume Poupard dans une interview accordée aux Echos le 6 juin.

Une autorisation d'exploitation limitée à 8 ans
En d'autres termes, "les opérateurs qui n'utilisent pas Huawei, nous les incitons à ne pas y aller car c'est un peu le sens naturel des choses. Ceux qui l'utilisent déjà, nous délivrons des autorisations dont la durée varie entre trois et huit ans, détaille le directeur du gendarme français de la cybersécurité. Nous ne sommes pas dans du Huawei bashing, ni dans du racisme antichinois, se défend-il. Nous disons juste que le risque n’est pas le même avec des équipementiers européens, qu’avec des non-européens. Il ne faut pas se mentir."

Il explique ensuite que la discussion porte sur "la souveraineté" reposant sur un "équilibre complexe" mêlant "sécurité" et "contraintes des opérateurs télécoms". "Il y aura des refus", précise tout de même Guillaume Poupard qui ajoute que le Finlandais Nokia et le Suédois Ericsson ne sont pas concernés par ces fins de non-recevoir.

Cette annonce intervient alors que les opérateurs télécoms sauront bientôt quels équipementiers l'Anssi les autorise à utiliser pour la 5G. Les enchères en vue de l'attribution des fréquences ont été repoussées en raison de la crise sanitaire provoquée par la pandémie de Covid-19. Mais "à partir de la semaine prochaine, certains opérateurs qui n’auraient pas reçu de réponse peuvent considérer que c’est un refus, conformément à ce que prévoit la loi", indique le patron de l'Anssi.

Sortir Huawei des coeurs de réseau
Début mars 2013, Reuters confiait que l'Anssi devait approuver l'utilisation des équipements réseaux de Huawei mais seulement sur les parties non sensibles du réseau. "Ils ne veulent pas interdire Huawei, mais le principe est 'il faut les sortir des cœurs de réseau'", a précisé l'une des sources de l'agence de presse. Le cœur de réseau est la partie la plus stratégique d'une infrastructure de télécommunications car il régit l'ensemble et tous les paquets de données y transitent. Guillaume Poupard n'a pas donné de précision à ce sujet.

De leurs côtés, Orange et Free ont fait appel respectivement aux deux équipementiers européens Ericsson et Nokia. Mais la situation est beaucoup plus compliquée pour SFR et Bouygues Telecom dont une importante partie du réseau est déjà équipée de matériels Huawei. "La vraie question en cas de refus, c'est comment on rend cette décision absorbable par l'opérateur (…) L'objectif n'est évidemment pas de les tuer ! ", explique le patron de l'Anssi. D'ailleurs, en février 2020, le président du groupe Bouygues, Martin Bouygues, déclarait qu'il veillerait à ce que "l'équité de la concurrence" soit préservée en cas de d'interdiction faites aux opérateurs d'utiliser les équipements de Huawei.

Une "distorsion de concurrence"
En effet, l'interdiction de déployer des équipements de Huawei sur les futurs réseaux 5G obligerait Bouygues Telecom et SFR à désinstaller certains équipements radio 4G provenant du géant chinois afin de les remplacer à ceux d'un de ses concurrents, avant d'entamer l'installation de son nouveau réseau. Pour Martin Bouygues, une telle situation pourrait créer une "distorsion de concurrence" qui pourrait justifier le lancement d'une procédure en justice, menaçait-il.

Le déploiement de la 5G a pris une tournure géopolitique dans laquelle Pékin et Washington s'oppose. Les Etats-Unis demandent à leurs alliés d'exclure le géant Chinois de la course l'accusant d'espionnage pour le compte du gouvernement. En Europe, les pays ont du mal à prendre position. Fin mai 2020, le gouvernement britannique a annoncé réfléchir à un plan qui conduirait à une interdiction des équipements Huawei de la 5G d'ici à trois ans.


Pourtant, en janvier dernier, Londres tenait une position plus modérée : les équipement de la marque au lotus étaient autorisés mais ne pouvaient pas couvrir certaines zones stratégiques, telles que les bases militaires ou les centrales nucléaires. Et le réseau d’un opérateur télécoms ne peut alors pas reposer intégralement sur du matériel Huawei, dans la mesure où celui-ci ne peut excéder 35% des pièces en périphérie – antennes et stations de base, notamment.

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