5G : L'Europe tape du poing sur la table pour éjecter Huawei et ZTE de ses réseaux mobiles
La Commission européenne n'hésite plus à viser nommément les équipementiers chinois Huawei et ZTE pour demander aux Etats membres d'appliquer ses recommandations de sécurité. Elle demande aux opérateurs de ne plus se fournir auprès d'eux et de remplacer leurs composants.
Raphaële Karayan
\ 10h16
Mis à jour 16 Juin 2023
Raphaële Karayan
Mis à jour
16 juin 2023
Restreindre le champ d'action, voire exclure totalement Huawei et ZTE des réseaux 5G en Europe, comme l'ont fait dix États membres de l'Union européenne, est bel et bien justifié selon la Commission européenne qui l'a écrit noir sur blanc dans une communication publiée le 15 juin. A la lumière des critères définis dans les recommandations de sécurité de l'UE pour la 5G en 2020, l'exécutif européen considère que les deux les équipementiers chinois "représentent des risques plus élevés que les autres fournisseurs de 5G".
À cet égard il annonce des mesures pour éviter sa propre exposition aux réseaux mobiles utilisant Huawei et ZTE, et encourage les autres institutions européennes à faire de même.
Les choses avancent trop lentement pour la Commission
Concrètement, la Commission appelle les États membres à ne plus installer de nouveaux équipements provenant de ces fournisseurs, à entamer le retrait des équipements existants, et à mettre également en place des restrictions sur les services managés. Pour le commissaire au Marché intérieur Thierry Breton, les choses avancent "trop lentement", ce qui crée de "graves vulnérabilités".
Ces directives impliqueront de repartir quasiment de zéro dans certains pays très consommateurs des technologies chinoises, comme Chypre ou la Roumanie, et de longs travaux en Allemagne et aux Pays-Bas. Même en France cela va poser problème à certains opérateurs télécoms.
La Commission précise qu'elle se réserve le droit de prendre des mesures supplémentaires pour faire appliquer ces recommandations par les États membres. Elle explique par ailleurs qu'elle a l'intention de traduire ces décisions dans tous les programmes de financement européens en rapport avec le sujet.
Huawei qualifie la position de Bruxelles de "discriminatoire"
De son côté Huawei, qui a toujours affirmé que les accusations d'espionnage venant du gouvernement chinois par le biais de ses produits, estime que "désigner publiquement une entreprise comme un 'fournisseur à haut risque' sans fondement juridique va à l'encontre des principes du libre-échange", et juge cette "qualification discriminatoire (...) sans procédure justifiée et sans audition adéquate".
Dans une réaction officielle, l'entreprise chinoise cite un rapport de l’institut Oxford Economics, qui indique que "l'exclusion de Huawei pourrait augmenter les coûts d'investissement dans la 5G de plusieurs dizaines de milliards d'euros".