5G : le gouvernement lance de nouvelles initiatives pour encourager les entreprises à innover
Le gouvernement veut à tout prix favoriser le travail en amont sur les technologies 5G, à travers la R&D et l'innovation "souveraine", et les expérimentations industrielles. Pour ce faire, il lance un nouvel appel à projets et rend l'accès aux fréquences plus abordable pour la constitution de réseaux privés.
Le gouvernement prend de nouvelles initiatives pour développer la 5G industrielle et les réseaux 5G, voire même 6G. Il vient de diffuser un nouvel appel à projets dans le cadre de la stratégie nationale d'accélération sur la 5G et les réseaux du futur, lancée en juillet 2021 et dotée d'une enveloppe globale de 750 millions d'euros jusqu'en 2025. En parallèle, l'État a pris la décision d'abaisser significativement le montant des redevances pour avoir accès à la bande 2,6 GHz TDD pour les expérimentations de réseaux 5G privés.
Appel à projets pour la R&D et les solutions souveraines
Ouvert jusqu'au 28 février 2024, l'appel à projets est destiné à soutenir les "solutions souveraines innovantes" pour les réseaux télécoms 5G et 6G. Il est doté d'un budget prévisionnel de 100 à 150 millions d'euros.
Trois types de projets sont visés. Le premier concerne les travaux de R&D relatifs à l'évolution de la 5G et au lancement de la 6G (dont les travaux de standardisation doivent aboutir en 2025 ou 2026), et plus particulièrement les recherches sur la virtualisation des réseaux, l'edge computing, la sécurité des réseaux, et l'intégration de l'intelligence artificielle. Le deuxième correspond aux développements de solutions souveraines : logiciels, matériels, cœur de réseau, edge cloud, terminaux connectés. Le dernier type de projets concerne l'amélioration de l'impact environnemental des réseaux télécoms.
Les projets doivent présenter un budget supérieur à 2 millions d'euros, sauf pour les PME qui soumettent un projet individuel, pour lesquelles le montant peut être abaissé à un million. Les aides prendront la forme de subventions et d'avances récupérables.
Cet appel à projets est piloté par la Direction générale des Entreprises (DGE), avec la Direction Générale de la recherche et de l’innovation (DGRI), et sous l’égide du Secrétariat Général pour l’Investissement (SGPI). Les précédents appels à projets de cette déclinaison du plan France 2030 ont permis de soutenir 11 projets de recherche et 29 projets de solutions souveraines, pour un montant d'environ 400 millions d'euros.
Baisse significative des redevances pour les fréquences
À plus court terme, le gouvernement entend multiplier les expérimentations de la 5G industrielle, encore relativement balbutiante. La consultation publique sur la révision des modalités d'accès à la bande de fréquences 2,6 GHz, lancée en octobre dernier par la DGE pour rendre les fréquences 5G plus accessibles aux PME industrielles souhaitant expérimenter des réseaux 5G privés, a débouché sur la publication d'un décret entré en vigueur le 5 janvier. Ce dernier réduit substantiellement le montant des redevances dues pour utiliser cette bande de fréquences gérée par l'Arcep, le régulateur des télécoms.
"Cette diminution peut atteindre un facteur supérieur à 100, en particulier pour les petites surfaces", indique Bercy. Auparavant, la redevance minimum pour un réseau 5G privé était de plus de 70 000 euros, avec un droit d'émettre sur une surface de 100 km². Un seuil beaucoup trop élevé pour des structures de petite ou moyenne taille. Désormais, pour disposer d'une bande de 20 MHz sur une zone de 300 m², la redevance tombera à 592 euros par an. Sur une zone entre 300 et 1000 m², elle passera à 1538 euros.
"L'objectif est de démultiplier les déploiements dans l'industrie, explique la DGE à L'Usine Digitale. Il y a une vraie attente de la part des industriels, et nous nous attendons à ce que la baisse des redevances entraîne un appel d'air. Cependant, le prix n'est pas le seul facteur de décision."
La France en train de rattraper son retard
"Cette nouvelle disposition facilite l’accès aux fréquences 5G et donc l’appropriation de cette technologie pour nos acteurs économiques, déclare Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications. Ainsi, l’Etat rend économiquement viable la mise en place de réseaux privés et encourage les industriels à se saisir de cette innovation pour, notamment, améliorer la gestion de leurs outils de production ou optimiser la consommation énergétiques des usines."
A date, l'Arcep recense 11 expérimentations actives de réseaux 5G privés dans la bande de fréquences 2,6 GHz, menées notamment par Nokia, Orange, la SNCF, Paris La Défense, Bouygues Telecom, le port du Havre, Siemens, EDF, Cisco et l'Institut français de Transition Energétique.
D'après la DGE, il semblerait que les efforts du gouvernement pour encourager les industriels à se saisir des opportunités offertes par la 5G portent leurs fruits. Le "retard" qui avait été évoqué par l'ancien secrétaire d'Etat au Numérique Cédric O semble en passe d'être rattrapé.