A Lille, la start-up Otonohm mise sur une batterie universelle, durable et tout terrain
La batterie développée par la start-up lilloise Otonohm semble cocher toutes les cases : universelle en charge comme en sortie, portable, des performances et une durée de vie supérieures à celles des batteries ordinaires. Labellisée Greentech innovation en octobre 2022, la petite entreprise cherche à entrer dans la cour des grands.
Géraldine Langlois
Otonohm a conçu une batterie nouvelle génération qui affiche de nombreux atouts. Elle est tout d'abord dynamique : "les cellules de la batterie sont organisées pour accepter n'importe quelle tension, n'importe quel courant et n'importe quel signal", explique Christophe Piquemal, directeur général et co-fondateur de la société en 2017.
Un principe valable autant à l'entrée, en mode chargement, qu'à la sortie pour alimenter moteurs et appareils. Elle peut se charger sur le réseau ou à partir d'une source solaire ou éolienne, de 5 à 800V, et en signal continu ou alternatif, sans chargeur ou régulateur. "De la même façon qu'on est capable de la charger n'importe où, la batterie est capable des restituer l'électricité à des appareils de n'importe quels tension, courant ou signal sans convertisseur ni ondulateur", ajoute le directeur général.
Performance : près de 90%
L'absence de ces appareils supplémentaires, eux-mêmes consommateurs d'électricité, économise les pertes associées et augmente la performance des batteries d'Otonohm "de 10 à 30%", indique-t-il. La société a comparé celle de sa batterie avec une batterie classique contenant un onduleur et un chargeur : "la performance réelle de cette batterie était de 62% et celle de la nôtre de presque 90%", souligne Christophe Piquemal.
Cette flexibilité se déploie grâce à la connexion individuelle des cellules électrochimiques de la batterie entre elles et non en série comme sur les batteries ordinaires, et à un logiciel qui en modifie l'architecture en fonction des situations. Ce software présent dans les batteries organise la connexion des cellules en fonction de leur état de charge, de leur état de "santé" et en fonction de la source d'électricité.
A l'entrée comme à la sortie. Installée sur un vélo cargo, par exemple, la batterie peut alimenter l'assistance électrique du vélo en 48V durant le trajet puis, sur le lieu d'un pique-nique, une machine à café en 230V. Peu encombrante, amovible, réparable, utilisable et rechargeable n'importe où et de de n'importe quelle façon, elle peut passer d'un usage à un autre, en mobilité ou à domicile, en fonction du besoin.
Cellules utilisées au maximum
Autre avantage vanté par Christophe Piquemal : si certaines cellules deviennent défectueuses, la batterie n'est pas considérée comme telle dans sa totalité, comme c'est le cas pour celles dont les cellules sont montées en série. Le software peut déconnecter ces cellules et permet à la batterie de continuer à fonctionner sans elles.
De la même manière, "si une batterie utilisée dans une voiture devient plus assez puissante avec le temps, nous pouvons lui donner une deuxième vie", poursuit le CEO : après une mise à jour du logiciel la batterie pourra servir à des usages moins intenses comme le stockage d'électricité.
"On utilise les cellules au maximum de leurs possibilités", résume-il, et la durée de vie de la batterie s'allonge donc par rapport aux packs classiques. Cela vaut à la société de recevoir, le 18 octobre, le label Greentech innovation et de faire partie des 16 finalistes du prix EDF Pulse Start-up, qui sera décerné début 2023.
Objectif : grandir
La société, qui était présente en janvier dernier au CES de Las Vegas, vise principalement le marché de la mobilité électrique (vélos, trottinettes, quadricycles mais aussi voitures et leurs accessoires) ainsi que celui du stockage de l'énergie stationnaire. Pour le moment, la batterie est commercialisée auprès d'un équipementier pour assurer l'alimentation électrique de bateaux et de camping-cars et d'un fabricant d'outillage électrique, où elles remplacent des groupes électrogènes.
Mais Otonohm, qui compte 12 salariés, mène une levée de fonds de 5 millions d'euros et cherche un partenaire industriel, équipementier ou producteur d'énergie renouvelable, pour accélérer la mise sur le marché de sa technologie, dans un domaine aussi investi par la multinationale Stellantis. Son objectif : développer une plateforme de véhicules quadricycles électriques, explique Christophe Piquemal, "pour prouver que les bénéfices de la batterie sont réels et commercialiser notre solution auprès de tous les constructeurs".
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