A quand le monde en ultra haute définition ?
Les écrans Ultra HD sont désormais à portée de main et de budget : bonne nouvelle pour les amateurs de sport et de concerts live, désireux de ne rien rater des accélérations du ballon rond ou de voir d’encore plus près les paillettes du costume de scène de Beyonce. Du côté des industriels, la 4K fait elle aussi son chemin et les équipements (appareils photo, carte mémoire…) effectuent leur mue.
Dans ce grand branle-bas de combat commercial, seuls nos décodeurs TV font de la résistance. Immobilisme ou freins financiers : doit-on reprocher aux opérateurs de ne pas voir plus loin que le bout de leur porte-monnaie ? Pour mieux comprendre cette nouvelle ère en marche, il convient de faire le point sur les enjeux technologiques et commerciaux, tant pour les opérateurs que pour les diffuseurs de contenus et les ayant-droits.
"Le temps met tout en lumière", disait Thalès, théorie que semble confirmer l’évolution de nos écrans. De la haute définition (HD) à l’utltra haute définition (UHD) en passant par la Full HD, la lumière a d’abord soif de pixels. Pour l’UHD, on parle de 3 840 × 2 160 soit, à finesse égale, une image quatre fois plus grande qu’en Full HD. Bien qu’encore loin d’égaler la capacité innée de l’œil humain à se mouvoir sur la palette des couleurs du vivant, l’écran Ultra HD en diffuse déjà deux fois plus que son prédécesseur. Et avec une fréquence de rafraichissement plus grande et une restitution audio plus immersive que jamais, la recette alchimique de l’UHD a de quoi faire tourner plus d’une tête.
L’adoption de la 4K est liée à la chaîne de diffusion
Si les box y sont pour l’instant hermétiques, cela n'empêche pas les premiers programmes UHD d'avoir vu le jour et de faire, au passage, la fierté de leurs auteurs : le match de ligue 1 entre West Ham et Stoke City retransmis par satellite sur la chaîne Sky en août 2014, ou encore la dernière saison de House of Cards sur Netflix par exemple. Il serait donc possible, avec un écran 4K, de faire l'impasse sur les carences des box : tout est question de bande passante, et avec le concours de la fibre optique, le rêve devient réalité. Le chemin qui relie la 4K au cœur de nos foyers semble donc tout tracé. Et cette voie, c’est celle du multi-écrans et de l'Over the top (OTT, cette expression est employée pour parler d'un diffuseur qui utilise l'infrastructure de l'opérateur pour fournir son service, comme Netflix).
Voilà une petite révolution en soi, porteuse d'autant de promesses que de technologies aptes à changer la donne, à commencer par l’HEVC (High Efficiency Video Coding)qui double le ratio de compression de son prédécesseur (le H.264/MPEG-4) pour le même niveau de qualité. Il permet de réduire le débit nécessaire de moitié, à qualité équivalente. Reste à savoir comment acheminer le contenu vidéo 4K vers l’ensemble les périphériques d’aujourd’hui et de demain sans jamais saturer les réseaux.
C’est là que le format unifié MPEG DASH entre en scène en portant le sceau bien mérité de nouvelle norme internationale. DASH, c’est un peu le D’Artagnan de l’OTT, "Un pour tous et tous pour un". Ce format est reconnu par tous les appareils, il est constitué d'un unique flux OTT qui transite sur le réseau. Pour les opérateurs, c’est une promesse d’économies considérables en termes de bande passante. Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, DASH est crypté avec CENC (Common Encryption), mécanisme de chiffrement unique d’ores et déjà reconnu par de nombreuses plate-formes de gestion des droits numériques (DRM). Voilà un argument qui vaut son pesant d’or aux yeux des ayant-droits soucieux d'optimiser le streaming de leurs précieux contenus sans pour autant compromettre leur sécurité.
Redistribution des cartes
Le virage de l’UHD s’avère donc tout aussi incontournable pour les fournisseurs de contenus désireux d’attirer les foules. Quand Netflix propose House of Cards en UHD pendant que les abonnés Canal Plus se "contentent" de sa version HD, on voit là un différentiateur apte à donner une vraie longueur d’avance dans un paysage hautement concurrentiel.
À y regarder de plus près, la 4K risquerait donc de redessiner le contour des cartes au complet. Mais ne passe pas à l’UHD qui veut. J’entends par là qu’une telle mise à jour atteint des niveaux de complexité tels que cela devient presque une course à l’infrastructure la plus agile, course que les fournisseurs de contenu semblent a priori plus à même de remporter que les grands opérateurs. Alors à quand la naissance d’une chaîne diffusant du contenu 100% UHD ?
Pas pour tout de suite. Même pour le plus agile, la chose ne se fera pas en un jour et les consommateurs en seront incontestablement les arbitres. Certaines révolutions ressemblent davantage à de lentes évolutions et l’UHD a encore besoin d’un peu de temps pour imposer sa lumière et habituer tous les yeux à ne désirer qu’elle.
Damien Lucas, co-fondateur et directeur technique d’Anevia
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