Administration versus disruption : en Californie aussi la réglementation peut tuer une start-up

En Californie comme ailleurs, le développement de l'économie collaborative entre en collision avec les réglementations en place. La start-up Josephine l'a appris à ses dépens. Elle voulait uberiser les restaurants en favorisant les "repas faits à la maison". 

Sauf qu'en Californie, pour commercialiser des repas, il faut avoir une cuisine conforme aux normes professionnelles.
Récit d'une bataille juridique qui vient de commencer et que Fast Company raconte avec force détails et anecdotes. L'article à lire à tout pris si on s'intéresse à ses questions. 

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Administration versus disruption : en Californie aussi la réglementation peut tuer une start-up

Les débats sont si souvent présentés de façon tellement caricatural que l’on pourrait croire que c’est une histoire française, où l’administration tatillonne bride l’innovation au nom de vieux réglements caduques, tandis qu’en Californie quiconque a une idée et des capitaux a une chance de devenir le nouveau Rockfeller..

Sauf que c’est une histoire californienne que raconte par le menu (dans tous les sens du terme) notre confère Fast Company et qui relativise bien des opinions toutes faites. Soit l’histoire de Joséphine, une start-up ressortant de l’économie collaborative, permettant à tout un chacun de vendre via son application des repas qu’il prépare à son voisin ou au voisin de son voisin.

Course de vitesse

Le très long et passionnant article de notre confrère rappelle que bien des start-up ont procédé de cette façon : lancer un service, le faire grossir le plus vite possible en attendant que le législateur ou le régulateur intervienne trop tard. Car alors il n’est plus possible de revenir en arrière. Parmi d’autres, le maire de New York qui a voulu restreindre le développement d’Uber l’a appris à ses dépens.

Mais pour Joséphine les choses ne se sont pas passées de cette façon. Des cuisiniers amateurs ont eu la visite d’inspecteurs qui les ont mis en demeure d’arrêter leur activité et menacé d’amendes. Motif : l’équivalent du code du commerce interdit de commercialiser de la nourriture si elle n’est pas préparée dans une cuisine professionnelle. Pour cela, il faut avoir un certain nombre d’équipements, notamment plusieurs éviers, dont la loi définit d’ailleurs les dimensions minimales, prouvant par là qu’il n’y a pas que la Commission européenne pour édicter des normes. Surtout que les normes ne sont pas prises pour embêtes les entrepreneurs mais aussi pour protéger les consommateurs.

Tout le débat autour de Joséphine tourne autour des risques alimentaires que prendrait un consommateur qui achète un repas chez son voisin. L’enquête actuelle aurait commencé après la plainte d’un client ayant acquis de la nourriture auprès d’un particulier et qui est tombé malade.

Qui protège le consommateur ?

Une des craintes de l’administration si ce nouveau modèle se développe est qu’un restaurant peu scrupuleux pourrait ouvrir un compte sur une des start-up pour écouler de la marchandise qu’il n’a pas pu vendre en salle, profitant de contraintes et d’obligations plus lâches.

Les fondateurs de Joséphine préfèrent insister sur la dimension sociale du projet qui recréerait du lien et travaillent avec des cabinets spécialisés pour faire bouger la Loi.

Au-delà des questions de fonds qu’il pose de façon très complète, l’article de Fast Company raconte aussi avec le légendaire talent narratif des journalistes américains le détail de cette course de vitesse entre l’administration et l’entreprise et ses lobbyistes. Pour l’instant, l’avantage est à l’administration qui a dissuadé plusieurs volontaires de continuer à cuisiner, plutôt que de s’en prendre à la jeune pousse, qui n’a sûrement pas dit son dernier mot.

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