Alcatel-Lucent ouvre sa Cité de l’Innovation à Villarceaux
Alcatel-Lucent inaugurait, le 30 septembre, sa cité de l’innovation, sur son site historique de Villarceaux (Essonne). Des centres de recherche sur l’optique et le très haut débit mobile, un centre d’excellence sur les small cells, une plate-forme de simulation de réseaux mobiles, des start-up. Le site, devenu un campus regroupant plusieurs anciens centres de R&D, illustre aussi la nouvelle forme que l’équipementier veut donner à l’innovation.
Emmanuelle Delsol
Alcatel-Lucent a inauguré le 30 septembre 2014, en présence d’Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du numérique, la cité de l’Innovation promise l’an dernier dans le cadre du plan de restructuration Shift. Une façon pour l’équipemetier de retouver ses racines, a expliqué Michel Combes, PDG du groupe, puisque cette cité est installée sur le site historique des Bell Labs à Villarceaux (Essonne), créés il y a 50 ans.
A la fois pour des questions de réduction de coûts et de stratégie d’innovation, Alcatel-Lucent y a donc réuni ses équipes de R&D dans les domaines de l’optique et du très haut débit mobile, jusqu’ici disséminées. Mais il souhaite aussi y développer une nouvelle façon d’innover en décloisonnant la recherche (Bell Labs) et la R&D, en créant de toute pièce un centre de tests des réseaux mobiles pour ses clients et ses partenaires, en ouvrant un centre mondial d’expertise sur les small cells et en accueillant des start-up avec qui il collaborera aux niveaux techniques autant que commercial.
5000 personnes travaillent à Villarceaux sur un effectif français total de 7000 employés. Environ les deux tiers sont des ingénieurs répartis à parts égales entre Bell Labs et lignes de produits. Le tout nouveau centre de tests à lui-seul est un impressionnant bâtiment de 3000 m2 rempli d’équipements télécoms capables de simuler n’importe quel réseau mobile de bout en bout. Le site accueillera d’ailleurs aussi, comme prévu, la plate-forme de virtualisation de réseaux qui fait partie du plan industriel gouvernemental Souveraineté télécoms.
Un campus (presque) à l’américaine
Même s’il est encore loin du GooglePlex, les travaux entrepris depuis 2013 sur le très ancien site de Villarceaux laissent percevoir la volonté d’Alcatel-Lucent de donner à sa cité de l’innovation des faux airs de campus du numérique. Le restaurant d’entreprise entièrement vitré trône au milieu des autres bâtiments. Des sièges de couleur s’égrènent dans les différents espaces extérieurs. Un potager et un immeuble à insectes témoignent de l’intérêt pour le développement durable. Et les différents bâtiments blancs affichent leur nom en grandes lettres graphiques aux couleurs violettes d’Alcatel-Lucent : Copernic, Curie ou Chappe (premier entrepreneur de télécommunication de l’histoire qui démontra au 18e siècle l’application pratique du sémaphore).
L’ensemble prévoit aussi une conciergerie, une salle de sport, des food trucks, et un indispensable service de navettes. C’est aussi à ce prix que l’équipementier peut espérer attirer de jeunes ingénieurs. Et Michel Combes a d’ailleurs rappelé qu’Alcatel-Lucent avait repris les embauches en allant chercher de jeunes mathématiciens et spécialistes de l’optique.
Europe versus Chine
Visiblement agacé par l’annonce le jour même par son concurrent chinois Huawei d’investissements de 1,5 milliard d’euros en France d’ici à 2018, le patron d’Alcatel-Lucent a tenu à préciser que sa cité de l’innovation permettrait à Alcatel-Lucent de proposer dès 2016 une norme 4,5G, intermédiaire entre la 4G et la 5G mobiles. Celle-ci s’appuiera sur les technologies cloud, de virtualisation et le tout IP. "Il est important que l’Europe reprenne le leadership sur ces sujets, a insisté le PDG, et que le choix ne vienne pas seulement de Chine !" Axelle Lemaire a abondé dans le sens d’une plus grande implication de l’Europe vers la 5G, ajoutant qu’on " ne décrétait pas l’innovation et qu’elle devait venir des acteurs du marché, même si le gouvernement devait mettre en place une régulation plus favorable à son développement".
Axelle Lemaire a aussi indirectement répondu à l’interpellation de Michel Combes sur la Chine, en signifiant son soutien à l’initiative Cité de l’innovation, mais en rappelant aussi que la France était une "terre d’accueil pour les investisseurs étrangers mais avait aussi une stratégie de soutien des français à l’international". Interrogée sur le patriotisme économique qu’Arnaud Montebourg invoquait pour pousser les opérateurs français à préférer Alcatel-Lucent à ses concurrents, la secrétaire d’Etat au numérique a même vivement rétorqué : "m'avez-vous entendu prononcer le mot ?" mettant ainsi un point final à toute discussion sur le sujet.
Des partenariats avec JCDecaux et Accenture
Alcatel-Lucent a profité de son inauguration pour annoncer deux nouveaux partenariats. L’un avec JCDecaux, avec lequel il co-conçoit des mobiliers urbains contenant des antennes dites small cells. Celles-ci servent de relais de proximité pour les réseaux mobiles, aujourd’hui en 3G et en 4G, mais bientôt aussi en wi-fi. Un partenariat qui en cache un autre, puisque la prochaine génération de ces small cells intègrera les chipsets co-conçus avec l’américain Qualcomm.
L’autre partenariat annoncé, ce 30 septembre, se matérialise dans la création, avec Accenture, du "Accenture Alcatel-Lucent Business Group". Cette structure devrait compter une vingtaine de personnes qui piloteront l’orchestration du déploiement de services télécoms pour les clients des deux entreprises (le passage au tout IP ou le déploiement de small cells pour des opérateurs, par exemple). En alliant les compétences techniques d’Alcatel-Lucent avec celle de service d’Accenture.
Emmanuelle Delsol
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