Amazon Alexa, Google Home... La guerre des assistants vocaux pour la smart home

L'internet des objets représente un marché potentiel énorme, et la smart home y est pour beaucoup. Pas étonnant donc que les géants technologiques se livrent une âpre bataille pour y imposer leurs écosystèmes respectifs. La clé de la victoire ? L'assistant vocal, souvent intégré à une enceinte dédiée.

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Amazon Alexa, Google Home... La guerre des assistants vocaux pour la smart home

Le marché des objets connectés pour le domicile commence à se structurer autour d’écosystèmes contrôlés par les géants technologiques américains. Ils sont fédérés par une nouvelle interface, la voix, et celle-ci est incarnée par un objet en particulier : l’enceinte connectée. Si les assistants personnels sont d’abord arrivés sur smartphones (avec Siri sur iPhone dès 2011), c’est Amazon qui s’est le premier intéressé à la voix comme interface pour les objets connectés. Son enceinte Amazon Echo, sortie aux Etats-Unis en novembre 2014, connaît un succès d’autant plus fulgurant que personne ne l’attendait sur ce marché. Gartner estime que ce dernier pèsera 3,5 milliards de dollars en 2021.

Un succès inattendu d’Amazon

Au départ, ses fonctionnalités sont simples : commandes vocales pour l’écoute de musique, recherches sur Internet et achats sur amazon.com. Puis Amazon l’ouvre aux services tiers : contrôle de la smart home (thermostat, éclairage, volets, porte de garage…), écoute de musique ou de la radio via divers applications (dont le Français Deezer depuis peu), commande d’une pizza ou d’une course Uber… Au total, Alexa, l’assistant vocal des enceintes Echo, possède aujourd’hui plus de 25 000 compétences différentes aux Etats-Unis. Les produits smart home de GE, Samsung, Insteon, Philips, Honeywell, Netatmo, TP-Link ou encore Nest sont compatibles. En parallèle, Amazon a multiplié les enceintes connectées. Il en existe aujourd’hui 6 versions : de 50 à 230 dollars, certaines avec des écrans, dont une pour le dressing avec styliste virtuel intégré. Surtout, l’entreprise a découplé Alexa de ses enceintes. N'importe quel fabricant peut désormais l'intégrer à des objets connectés. LG, Lenovo et bien d'autres se sont laissés tenter.

Un marché devenu la priorité de Google

Évidemment, ce succès n'a pas été sans attirer la convoitise d'autres géants technologiques : Google en tête, mais aussi Samsung, Apple et Microsoft. Rien d'étonnant : le marché de la smart home dans son ensemble pourrait peser jusqu'à 138 milliards de dollars en 2023, d'après le cabinet d'analyse Markets and Markets. Et celui qui en contrôlera l'interface sera en position de force pour y imposer ses services.

C'est la logique de Google, qui cherche depuis deux ans à devenir un concepteur d'objets légitime au même titre qu'un poids lourd comme Apple. Le géant de la recherche a sorti plusieurs enceintes sous l'appellation Google Home, toutes équipées de son Google Assistant. Il a par ailleurs suivi pas à pas la stratégie d'Amazon : ouverture de son service aux applications tierces et possibilité pour d'autres fabricants de l'intégrer à leurs produits. Et comme il a l'habitude de le faire, il utilise ses services phares, comme YouTube, pour différencier son offre (et en interdit au passage l'accès à ses concurrents). Le résultat est là. Au salon CES 2018, qui s'est déroulé en janvier à Las Vegas, Google Assistant était partout, à tel point que les différents fabricants d'objets compatibles étaient même regroupés sur des zones dédiées. L'année précédente, c'était Alexa qui s'était avéré incontournable.

Télévisions, électroménager… ils seront partout

Le nombre de personnes utilisant ce type d'interfaces va augmenter dans les prochaines années : de 710 millions en 2017 à 1,8 milliard en 2021, selon les estimations du cabinet Tractica. On n'a donc pas fini de parler à nos objets électroniques, d'autant que les fabricants de téléviseurs et d'électroménager s'y mettent aussi. De ce côté, c'est Samsung qui est en tête. Le champion coréen a musclé sa stratégie IoT avec le rachat de SmartThings en 2014, et peut puiser en matière d'enceintes dans les produits Harman, dont il a fait l'acquisition pour 8 milliards de dollars en 2016. Enfin, pour l'assistant vocal, Samsung a porté son dévolu sur Viv Labs, une start-up (fondée par les créateurs de Siri) qu'il s'est aussi offert en 2016. Sa technologie sera au cœur de la prochaine version de son assistant Bixby, qui va prendre une importance grandissante au sein des produits de la marque.

Apple et Microsoft, eux, sont un peu à la traîne. Apple parce qu’il a des faiblesses en matière d’intelligence artificielle, ce qui limite les capacités de son assistant. L’entreprise a donc misé sur la qualité sonore de son enceinte et sur un assistant limité aux recommandations musicales. Microsoft car il a du mal à sortir du marché du PC sur lequel il règne. Sa console Xbox est bien une porte sur le salon, mais il peine à convaincre les fabricants d’objets connectés.

2018, année décisive pour le marché français

Et la France dans tout ça ? Une fois n'est pas coutume, le marché y est un peu en retard. Pourtant, 54% des Français se disent "très intéressés" par ces assistants vocaux pour la maison, d’après l'institut GfK. C’est Google qui a dégainé le premier dans nos contrées avec son enceinte Google Home. Amazon n’est cependant pas bien loin derrière : les enceintes Echo devraient arriver dans l’Hexagone en avril 2018. Quant à Apple, son enceinte HomePod sortira "au printemps", sans plus de précision. Les acteurs nationaux cherchent eux aussi à profiter de ce marché, comme Orange avec son assistant Djingo, bientôt disponible sur smartphone et via une enceinte dédiée.

Les factions se forment en fonction des objectifs de chacun. Le groupe Carrefour a par exemple rejoint le camp Google, pour contrecarrer l'insatiable appétit d'Amazon en matière de commerce. Les possesseurs de l’enceinte Google Home peuvent créer une liste de courses, trouver une recette ou chercher l’emplacement d’un magasin simplement par la voix. Walmart en a fait de même aux États-Unis. Ils savent qu’aujourd’hui se décide une partie de leur avenir dans le monde ultra connecté de demain où le réfrigérateur pourra préparer tout seul une liste de produits à racheter, le client n’ayant qu’à valider à l’oral l’heure de la livraison à son domicile.

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