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Des ingénieurs de talent, des banques de taille mondiale pour les soutenir… La fintech tricolore dispose d'atouts.
Mais pour ne pas se faire distancer par leurs concurrentes anglaises et américaines, les start-up française de la finance ont besoin de... financements. Du cash difficile à trouver aujourd'hui dans l'écosystème hexagonal, selon Alain Clot, président de France Fintech, l'association qui représente ces jeunes pousses.
Ce fin connaisseur du monde de la finance a été directeur général délégué du Crédit du Nord puis directeur général de Dexia Crédit Local avant de prendre la tâte de ce groupement.
Lélia de Matharel
L'Usine Digitale - Les fintech tricolores sont-elles menacées par leurs consœurs américaines et anglaises, qui disposent de davantage de financements ?
Alain Clot - Il faut nuancer le propos. En France, on trouve plus facilement qu'ailleurs de la "love money" (petites sommes d'argent investies par des proches, ndlr), car la fiscalité est très lourde. Les déductions liées à ce type d'investissements sont mécaniquement plus intéressantes qu'à l'étranger. Ces fonds sont utilisés par des start-up très jeunes, en phase d'amorçage. Mais dès qu'il s'agit de chercher des financements de croissance, pour se lancer à l'international par exemple, les entrepreneurs se retrouvent face à un mur. Ces difficultés sont un handicap très important pour le décollage de la fintech tricolore, face aux écosystèmes voisins.
L'Etat a mis en place des aides au lancement de start-up, comme le statut de jeune entreprise innovante ou le crédit d'impôt recherche. Mais dès qu'elles doivent changer d'échelle, cela se complique : il n'y a pas de fonds d'investissement spécialisé dans les fintech sur la place financière française, contrairement à celle de Londres par exemple.
Mais les banques s'intéressent de plus en plus à ces entreprises et commencent à y investir, non ?
Depuis quelques mois, les acteurs traditionnels de la finance sont passés de l'indifférence à la passion à l'égard des fintech. L'association France Fintech a un nombre très élevé d'échanges avec des banques, des assurances...
Elles se renseignent sur ces jeunes pousses, veulent comprendre comment faire un bout de chemin avec elles, via des joint ventures, des partenariats ou même des rachats, comme celui de Leetchi par le Crédit Mutuel Arkéa. Elles commencent à prendre conscience qu'il va falloir bouger vite et que la meilleure solution pour cela n'est pas la guerre d'agression, mais la collaboration.
Une certaine méfiance ne reste-t-elle pas de mise à l'égard de ces entreprises qui viennent grignoter leur business ?
Si. Mais certaines se trompent encore de guerre. La vraie menace qui pèse sur le système financier français, ce sont les fintech étrangères, mais surtout les Gafa [Google, Apple, Facebook, Amazon, ndlr]. Après la musique, le prochain secteur sur leur liste des marchés à attaquer est la finance.
Le patron de Cisco John Chambers, qui a investi récemment 200 millions de dollars dans les start-up de la French Tech, observe le marché français avec beaucoup d'intérêt. Il n'a pour l'instant été que faiblement disrupté. Les marges des banques y sont encore élevées et la satisfaction client est en baisse...
Toutes les conditions sont réunies pour un débarquement américain réussi. Ils disposent largement des fonds nécessaires : le cash disponible chez les Gafa équivaut à 80% du total des capitalisations boursières des banques tricolores.
Avons-nous des atouts à leur opposer ?
Bien sûr ! La fintech est née en France. C'est - en moyenne - le premier pays où les clients des banques ont pu consulter leurs comptes sur le web. Créée en 1995, Boursorama, la première banque en ligne tricolore, était l'une des pionnières du secteur.
Elle a vraiment bouleversé les codes, en mélangeant un outil de courtage en ligne avec un portail d'information financière sur Internet, pour apporter du contenu à ses clients. Un nouveau service comme peuvent en offrir les fintech d'aujourd'hui. Cette structure 100% numérique s'est associée avec la Société Générale, un groupe ancien, une banque universelle qui disposait d'agences dans tout le pays. C'était une vraie disruption.
Quelles graines ont permis à cet écosystème de la fintech de pousser si tôt en France ?
Nos écoles sont réputées pour être les meilleures du monde en mathématiques et en finance. Mélangez les deux et vous obtenez de parfaits candidats pour créer des fintech. Ce n'est pas pour rien si le gros du bataillon des 40000 Français qui vivent dans la Silicon Valley travaillent dans des entreprises financières. Ces ingénieurs ont d'ailleurs créé en France des start-up dans tous les métiers de la fintech, que ce soit le prêt, l'assurance ou encore la gestion d'actifs (robo-advisor). C'est un signe de la qualité de nos formations.
Par ailleurs, les groupes bancaires français, qui pourront soutenir nos jeunes pousses, sont mondiaux. Ils sont largement surdimensionnés par rapport à la taille du marché tricolore. Cela leur donne une vraie force de frappe.
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