Arm cherche à changer de business model en facturant directement les fabricants de smartphones

Cela pourrait être un séisme pour l'industrie du smartphone. L'entreprise britannique Arm, propriété du conglomérat japonais Softbank, prévoirait de changer de business model, en prélevant des royalties directement auprès des fabricants d'appareils électroniques, et tout particulièrement de téléphones, plutôt qu'auprès des concepteurs de puces qui utilisent ses microarchitectures.

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Arm cherche à changer de business model en facturant directement les fabricants de smartphones

Arm va bien changer de business model en amont de son entrée à la bourse de New York. L’entreprise, basée au Royaume-Uni mais qui appartient actuellement au groupe japonais Softbank, en aurait récemment informé ses plus gros clients, rapporte le Financial Times. Elle cherche désormais à prélever un pourcentage du coût final des appareils vendus, et plus seulement des royalties sur les puces.

L’information avait déjà fuité au mois d’octobre dans le cadre du procès opposant l’entreprise à Qualcomm, l’un de ses plus importants (et plus anciens) clients. Elle est désormais confirmée. Arm avait attaqué Qualcomm en justice au mois de septembre pour le forcer à renégocier ses licences suite à son acquisition de la start-up Nuvia. L’acte avait surpris dans le milieu et augurait déjà d’un changement de mentalité au sein d’Arm.

Un changement majeur pour l'industrie du smartphone

L’entreprise britannique a connu une ascension spectaculaire depuis 20 ans avec l’émergence, puis la domination incontestée des smartphones en tant que principal appareil informatique personnel. Les microarchitectures qu’elle produit sont la base de la quasi-totalité des puces mobiles du marché, qu’elles soient produites par Qualcomm, MediaTek, STMicroelectronics, Broadcom, Apple, Samsung, Nvidia, etc.

Le changement que souhaite opérer Arm est majeur. Au lieu de faire payer des droits de licence aux concepteurs de puces, puis de prélever des royalties sur chaque puce vendue basées sur leur prix de revient (de 5 à 50 dollars en moyenne), l’entreprise veut faire payer les fabricants d’appareils en fonction du prix de vente moyen des appareils en question. Le marché des smartphones, particulièrement lucratif, serait principalement visé. Les nouveaux contrats concerneraient donc surtout la gamme de CPU Cortex-A, la plus puissante d’Arm.

Cela démultiplierait ses profits, le prix final d’un smartphone étant bien plus élevé que celui de la puce seule. Cela représente par ailleurs une tentative de désintermédiation auprès des partenaires historiques d’Arm, dont notamment Qualcomm, MediaTek et STMicroelectronics. Apple, qui conçoit ses propres puces pour ses smartphones et autres appareils, serait un cas à part. D’après le FT, l’entreprise de Tim Cook ne serait pas concernée par ce changement.

Arm aurait souhaité mettre en place cette nouvelle politique contractuelle dès 2024. Sans surprise, les entreprises qu’elle a approchées avec ce projet ne sont pas emballées pour le moment. Des conversations auraient eu lieu avec MediaTek, Qualcomm, Unisoc, et plusieurs constructeurs dont Xiaomi et Oppo, cite le FT.

Softbank compte sur Arm pour renflouer ses finances

Softbank a fait l’acquisition d’Arm pour environ 26 milliards d’euros en 2016, mais a eu du mal à faire fructifier ce rachat. Le japonais a tenté de revendre le britannique à Nvidia pour 40 milliards de dollars en septembre 2020, mais le deal n'avait pas convaincu les régulateurs, Nvidia y mettant officiellement un terme en février 2022.

L’introduction en bourse d’Arm était son plan B. Softbank, qui est en difficultés financières après une série de mauvais investissements au cours des dix dernières années, mise sur cette opération pour se redresser. Le groupe souhaiterait néanmoins conserver la majorité des actions d’Arm.

Une aubaine pour RISC V ?

Cette stratégie survient à un moment critique pour le marché des semiconducteurs, qui sort d’une crise sans précédent liée à des pénuries prolongées, et qui a aussi vu depuis quelques années de plus en plus de grandes entreprises se lancer dans la conception de leurs propres puces (aussi bien mobiles que pour des data centers).

La plupart d’entre elles se basaient jusqu’à présent sur les designs d’Arm, mais elles pourraient se tourner à l’avenir vers RISC V, une architecture ouverte et libre de droits. L’Union européenne promeut notamment des projets en ce sens, et Jim Keller, designer de renom ayant notamment travaillé chez Apple, Intel et AMD, a récemment fondé la start-up Tenstorrent pour développer un CPU basé sur RISC V.

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