Aux Etats-Unis, Google ne veut-il plus être le diable de ses salariés de droite ?
Le site Internet de la chaîne des Etats-Unis NBC News a révélé le 13 mai que Google aurait abandonné plusieurs de ses programmes pro-diversité. Le but serait de ne pas apparaître hostile aux salariés de l'entreprise appartenant au camp républicain. La direction de Google conteste ces faits qui révèlent à quel point ces sujets sont particulièrement sensibles aux USA.
C'est ce qu'on appelle un signal faible. Une annonce qui ne constitue pas une révolution, qui signe un changement d'ambiance d'apparence mineure, mais qui remis dans une série chronologique indique un changement plus profond. Les informations révélées par notre confrère américain NBC News à propos de l'abandon par Google du programme Sojourn pourrait bien être de ceux-là.
Programme abandonné
De quoi est-il question ? Selon les salariés de Google qui ont "renseigné" les journalistes de CNBC, l'entreprise dont le motto historique était "Don't be evil" réduirait à bas bruit son investissement pour la promotioin de la diversité et l'inclusion, dans le but d'apparaître moins "anticonservateur", indique April Glaser, la journaliste qui signe l'article. Pour cela, elle s'appuie sur le témoignage de quatre salariés de Google et de deux autres qui l'ont quitté récemment. Melonie Parker, la directrice de la diversité de Google, conteste cette version.
Ces derniers lui auraient indiqué que Google avait réduit ou arrêté les programmes de formation portant sur la diversité et l'inclusion. Résultat : l'équipe qui s'occupait de ces programmes aurait elle aussi été réduite, certaines tâches ayant été externalisées, tandis que des départs n'auraient pas été remplacés. Dans la ligne de mire de l'article, le programme Sojourn, une formation pour mettre en lumière les biais parfois inconscients en matière ethnique ou raciale. Un sujet brûlant aux Etats-unis.
Pour les témoins interrogés par NBC News, dont certains connaissent très bien ces programmes, assure la journaliste, la raison de cet arrêt est lié à la crainte de Google, qui voudrait de cette façon éviter qu'un salarié blanc et de droite accuse l'entreprise ...de discrimination à son égard.
Une solution "scalable accross the globe"
Ce que nie la directrice de la diversité de Google. Pour elle, si elle confirme l'abandon du programme Sojourn, elle en conteste les motivations. Pour elle, il se concentrait trop sur des préoccupations liées à la question raciale telle qu'elle est posée aux Etats-Unis. Or, l'entreprise voulait développer un programme mondial pour l'ensemble de ses salariés. Dans la langue de Donald Trump ou de Barack Obama cela donne "to provide a scalable solution accross the globe".
L'article évoque deux autres programmes made in Google qui aurait été abandonné, DEI for managers et Allyship101. L'entreprise ne confirme ni ne nie cette possible suppression tout en assurant que le contenu concret de ces formations a été intégré dans de nouveaux programmes.
La question de la diversité est particulièrement sensible dans la Silicon Valley, où le salarié est souvent un homme jeune et blanc. Chez l'oncle Sam, on n'hésite pas à compter les salariés selon leur origine ethnique, si bien que NBC news rappelle que Google compte 3,3 % d'employés noirs et 5,7 % de latinos. Le problème est global.
D'étranges échos
Le sujet est d'autant plus sensible que la politique de Google a été critiquée par les salariés à plusieurs occasions. Les salariés avaient protesté quand l'entreprise avait voulu signer un contrat avec le Département d'Etat. Surtout, cet abandon rappelle le mémo réalisé par un ancien cadre de Google qui avait été révélé au public. Ce dernier y critiquait justement les programmes de formation en faveur de la diversité et de l'inclusion. Ses attaques se concentraient sur la place des femmes dans l'entreprise.
Ce salarié a porté plainte après son licenciement. Google indique s'être séparé de lui car son attitude et ses propos étaient contraires à la politique maison de lutte contre les stéréotypes sexistes. Il estime lui être victime de discriminations, jugeant avoir été sanctionné parce qu'il était un homme blanc aux idées conservatrices. L'affaire n'est pas encore jugée.
Dans un tel contexte, la révélation d'un possible changement de politique en matière de sensibilisation et de lutte en faveur de la diversité peut être interprétée sinon comme un abandon de ses valeurs par Google (qui parle encore d'Alphabet ?) que d'une adaptation prudente. Où l'on vérifie que "Do the right thing" (le nouveau slogan de Google) est une affaire éminemment politique.
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