
Bercy reçoit, ce 7 septembre 2015, les représentants syndicaux CFDT, CFE-CGC, CGT et UNSA de STMicroelectronics. Au menu : le destin de l’activité circuits numériques avancés, foyer de pertes, et plus généralement l’avenir du groupe franco-italien dans la microélectronique, une industrie jugée stratégique pour la France et l’Europe.
Tensions entre Bercy et la direction
Cette rencontre se présente sous de bons augures pour les syndicats. Bercy va en profiter pour accroitre la pression sur la direction de STMicroelectronics. Car, à en croire l’article de Blomberg, les tensions sont vives entre le ministère de tutelle et le management. L’Etat français constitue avec l’Etat italien les deux actionnaires de référence du groupe avec ensemble 27,5% du capital. Les désaccords portent, bien sûr, sur les options envisagées pour l’activité de circuits numériques avancés. Mais pas seulement. Ils concernent aussi la stratégie globale.
En mai 2015, le PDG Carlo Bozotti a annoncé explorer différentes options pour mettre fin aux pertes chroniques dans l’activité Digital Products Group, qui réunit les circuits numériques avancés comme ceux dédiés aux décodeurs, aux passerelles télécoms ou aux applications spécifiques de clients. Cette activité représente 2500 personnes dans le monde, dont 1500 en France, principalement à Grenoble et à Crolles. Elle constitue le fer de lance du groupe puisqu’elle utilise les technologies de développement et de production les plus avancées. Selon les syndicats, son arrêt priverait le groupe d’une base essentielle à d’autres activités dans le numérique, comme celle des microcontrôleurs.
Inquiétude sur l'emploi en France
De son coté, Bercy s’inquiète des répercussions négatives sur l’emploi. Le repositionnement de STMicroelectronics dans le numérique entrainerait la perte de centaines d’emplois en France. La partie italienne, centrée sur les circuits analogiques, qui se portent plutôt bien, ne serait pas concernée. Ceci explique pourquoi Carlo Bozotti, un italien de 52 ans, bénéficie toujours de la confiance du gouvernement transalpin, alors qu’il est vertement critiqué à Paris. Bercy exigerait un changement de stratégie en vue d’une croissance durable du groupe. C’est-ce que réclame l’intersyndicale dans son courrier adressée en juillet 2015 aux gouvernements français et italien et à la Commission européenne.
Au-delà de son rôle d’actionnaire, l’Etat français a les moyens de peser sur les décisions de STMicroelectronics en tant que bailleur d’aides. Ses subventions au titre du programme de R&D Nano 2017, mené par le groupe à Crolles, représentent une enveloppe de 400 millions d’euros. Carlo Bozotti ne peut pas se passer d’une telle manne.
Les syndicats réclament la tête de Carlo Bozotti
Les syndicats sont particulièrement remontés contre l’homme qui dirige STMicroelectronics depuis 11 ans. Ils vont jusqu’à réclamer sa tête. Ils le jugent responsable de la chute du groupe franco-italien de la 3e à la 11e place mondiale dans les semi-conducteurs, de l’effondrement du chiffre d’affaires de 20% depuis 2005 et de la perte de 8560 emplois entre 2007 et 2011.
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