[Blockchain] SETL, la start-up qui séduit les banques centrales, débarque en France

La start-up SETL a développé une blockchain privée qui permet de déplacer des milliards de produits financiers réels par jour. Focus sur la solution de cette jeune pousse britanique qui arrive en France.

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[Blockchain] SETL, la start-up qui séduit les banques centrales, débarque en France

La pépite londonienne SETL, qui officialise ce mardi 28 février 2017 son arrivée sur le marché français, pourrait bien bousculer le monde de la finance avec sa technologie blockchain. Précisons-le d'emblée : hormis ces deux points communs (la finance et la blockchain), sa proposition n'a rien à voir avec l'univers du bitcoin.

"Nous sommes partis de zéro", explique François Barthelemy, cofondateur de la start-up avec Anthony Culligan et Nick Pennington. "Dans la salle à manger d'Anthony, nous avons réécrit une blockchain qui comporte certains éléments ressemblant à la blockchain du bitcoin, mais aussi de nombreuses innovations", raconte l'entrepreneur. Objectif : répondre à trois enjeux majeurs : la possibilité de déplacer des milliards de transactions par jour, assurer un contrôle d'identité fort et permettre le déplacement de produits financiers réels, "c’est-à-dire de la monnaie Banque centrale, de la monnaie de banques commerciales ou encore des titres financiers, mais pas de la crypto-monnaie", précise-t-il.

Jusqu'à 80 000 transactions par seconde

Une carte bleue "blockchain"

SETL a reçu l'autorisation de faire circuler de la monnaie électronique sur sa blockchain. En partenariat avec Deloitte, elle a mis au point une carte de paiement qui permet de payer en livre sterling et qui repose sur son réseau. Pour l'heure, la carte n'est compatible qu'avec une poignée de commerçants car les terminaux de paiement doivent être adaptés. L'avantage ? Elle permettrait de diminuer les coûts d'utilisation pour les commerçants de 80%. Ces derniers pourraient alors, eux-mêmes, "récompenser" les clients qui utilisent cette carte en leur créditant des points de fidélité par exemple. Le dispositif peut aussi être implémenté dans les cartes SIM des opérateurs téléphoniques. "Nous pensons que l'avenir de cette technologie blockchain ne passe pas par la carte plastique mais par le téléphone portable", prédit François Barthelemy. 

 

Trois années de R&D auront été nécessaires pour mettre au point le moteur de leur technologie. SETL revendique aujourd'hui des performances inédites. "Nous sommes les seuls à détenir une blockchain privée permettant de déplacer des milliards de titres en temps réel", se félicite François Barthélémy. Dans le monde de la finance, la performance du réseau se calcule en transactions par seconde (tps). "Le réseau le plus puissant est celui de Visa. Selon les tests d'IBM, il peut supporter 56 000 transactions par seconde. Nous avons poussé le nôtre à 80 000 transactions par seconde", détaille l'entrepreneur. Les 7 tps du réseau bitcoin paraissent ainsi bien maigres comparés à ces performances, même si expérimentées en environnement de tests. "Avec notre blockchain, nous avons mis au point un moteur, mais les gens veulent aussi une voiture", poursuit l'entrepreneur. SETL a donc également développé la plate-forme open CSD (pour Central Securities Depository), soit l'infrastructure où sont comptabilisés les différents produits financiers.

Aujourd'hui, la jeune entreprise, dont le modèle économique est B2B, promet des millions d'euros d'économies aux banques. Comment ? En supprimant la ribambelle d'intermédiaires intervenant dans le processus de règlement-livraison. "Au sens large, le processus de règlement-livraison désigne toute la plomberie derrière une transaction financière. Lorsqu'une personne achète une obligation, par exemple, le règlement-livraison désigne toutes les étapes qui permettent de prendre l'ordre et de le transformer en réalité, après une longue chaîne d'intermédiaires", expose le spécialiste.

Plusieurs projets avec les banques centrales

Actuellement, SETL compte une dizaine de projets déployés dans le monde et une cinquantaine de projets en discussions. La jeune entreprise échange avec des banques centrales afin de faciliter le déplacement de la monnaie banque centrale. Elle travaille aussi pour le marché des changes. En Australie, la start-up travaille à l'élaboration d'une plate-forme de compensation et de règlement-livraison des titres qui devrait permettre de baisser les frais d'environ 80%, toujours selon les affirmations de ses fondateurs.

L'année dernière, la start-up a finalisé une importante levée de fonds. Ses fondateurs ne communiquent pas sur le montant mais l'augmentation de capital serait au moins supérieur à 10 millions d'euros. Parmi les investisseurs, une Sicav (une société d'investissement à capital variable) française, mais aussi le géant du conseil Deloitte. SETL compte aujourd'hui 25 collaborateurs et prévoit, d'ici deux ans, d'employer entre 100 et 150 personnes à travers le monde, dont 25 sur le marché français.

Dénicher les meilleurs cryptologues sur le marché français

C'est Pierre Davoust qui dirigera les activités de la start-up dans l'Hexagone. Multi-diplômé (Ecole polytechnique, Ecole d'économie de Paris et Paristech), il occupait précédemment le poste d'adjoint au chef du bureau "épargne et marchés financiers" de la direction générale du Trésor. Outre le développement commercial, SETL mise sur le marché français pour son excellence mathématique et entend dénicher les meilleurs experts en cryptographie. La start-up s'est déjà entourée d'une pointure : Antoine Joux, qui a décroché le prestigieux prix Godël en 2013. Il fait partie de son comité de cryptologues, dirigé par Philip Bond, professeur aux universités d'Oxford et de Bristol et conseiller du gouvernement britannique. De solides références qui devraient faciliter le développement de la jeune pousse.

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