Bpifrance met 50 millions d'euros sur la table pour aider les start-up industrielles
Bpifrance lance le fonds "Bpifrance Amorçage Industriel" doté de 50 millions d’euros sur quinze ans. L’idée est de mettre de petits tickets dans un maximum de start-up françaises aux vélléités industrielles pour tenter d’entraîner avec elle des investisseurs institutionnels et privés, trop peu nombreux sur ce segment.
Mélicia Poitiers
Mis à jour
16 mars 2023
La banque publique d’investissement lance le fonds "Bpifrance Amorçage Industriel", dédié à accompagner les jeunes pousses industrielles, ce 16 mars. Doté de 50 millions d’euros sur quinze ans, il devrait être opérationnel courant avril.
On connait la volonté de Bpifrance, rabâchée ces derniers temps, de participer à la réindustrialisation du pays. L'organisme a été mandaté par le gouvernement sur cette mission, notamment par le biais du Plan France 2030, qui vise à créer 100 usines innovantes par an d’ici sept ans. L’industrie fait partie des priorités du gouvernement français, notamment depuis les pénuries survenues pendant l’épisode Covid-19.
Des investisseurs spécifiques, difficiles à trouver
Lors du bilan annuel de Bpifrance, son directeur général Nicolas Dufourcq a insisté sur la complexité du chantier de réindustrialisation de la France. Elle s’expliquerait notamment par le manque d’investisseurs positionnés sur le secteur industriel, lui préférant typiquement le SaaS, moins long et moins couteux à développer.
"Si les entreprises ayant des ambitions industrielles sont nombreuses (Bpifrance en a identifié plus de 400 fin 2022, dans une analyse non exhaustive), nombre d’entre elles peinent à trouver des financements, en particulier en capital, pour passer du prototype à la ligne de production pilote puis à la première usine", explique le communiqué.
Ainsi, en 2021, moins de 40% de ces start-ups étaient parvenues à lever des fonds et seulement 50% d’entre elles avaient obtenu un financement supérieur à 1,5 millions d’euros.
De petits tickets pour encourager d’autres investisseurs
Le fonds "Bpifrance Amorçage Industriel", opérationnel au courant du deuxième trimestre 2023, devrait prendre des participations minoritaires dans des entreprises en phase expérimentale de production en série. Bpifrance prévoit d’investir des tickets unitaires de 250 0000 euros à 2 millions d’euros maximum.
"Les tours de table devront réunir aux côtés de Bpifrance, au moins un investisseur institutionnel bénéficiant d’une expertise technique ou sectorielle complémentaire de celle de l’équipe dirigeante", poursuit le communiqué. L’idée est également de créer un effet d’entraînement auprès des investisseurs privés, que l'implication de Bpifrance pourrait encourager.
Un fonds excluant la deeptech
Si le gouvernement insiste sur l’importance de l’industrialisation dans le secteur de la deeptech, Bpifrance préfère, pour ce fonds, se concentrer sur les start-up qui développent des produits innovants sur des marchés déjà matures, ne reposant pas sur des technologies différenciantes et qui ne nécessitent pas de composants ou de savoir-faire hautement techniques. Il s'adresse ainsi surtout aux secteurs textile, électroménager ou encore agroalimentaire.
"Le chemin vers l’industrialisation des innovations incrémentales est par nature plus rapide et moins risqué que pour les innovations de rupture", justifie Paul-François Fournier, Directeur exécutif de l’innovation.
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