Bruxelles veut lutter contre les "fakes" en ligne
La Commission européenne réclame qu’en ligne, les contenus émanant d’une intelligence artificielle générative soient estampillés comme tels. Mais pour Twitter, pas question de faire des efforts pour intensifier la lutte contre la désinformation.
"Les robots ne doivent pas jouir de la liberté d’expression !" a lancé, lundi 5 juin, la vice-présidente de la Commission européenne responsable des Valeurs et de la transparence Vera Jourova. Elle avait organisé une réunion avec les signataires du code de bonnes pratiques contre la désinformation (comme Google, Microsoft, Twitch, Vimeo ou TikTok), afin de leur exposer sa nouvelle idée : mieux lutter contre les dérives de l’intelligence artificielle (IA) générative, avec l’objectif de tordre le cou à la désinformation. Car pour elle, c’est clair : "Les nouvelles technologies présentent de nouveaux défis pour la lutte contre la désinformation."
L’ambition de Bruxelles est de faire en sorte qu’en ligne, les contenus qui émanent d’une IA générative soient estampillés comme tels. Grâce à ce nouvel étiquetage, un "usager ordinaire pourra voir que tel texte, telle image ou tel son n’a pas été créé par des êtres humains, mais par un robot", a encore détaillé Vera Jourova. En clair, sur les réseaux sociaux, quand des IA fabriquent de toutes pièces des images comme celles du pape François noyé dans une doudoune Balenciaga XXL ou du président Emmanuel Macron en gilet orange ramassant des poubelles, alors il faut que la non-authenticité de ces clichés soit inscrite noir sur blanc.
Plus de flexibilité qu’avec le DSA ou "l’AI act"
Pour arriver à ses fins, la Commission européenne a choisi de travailler par le biais de son code de bonnes pratiques contre la désinformation (auquel l’adhésion est volontaire) car il ne s’agit pas là d’un texte règlementaire en tant que tel - comme peuvent l’être la nouvelle législation sur les services numériques (le "Digital Services Act", ou DSA) ou le règlement établissant des règles harmonisées concernant l’intelligence artificielle (AI Act), qui se montrent beaucoup moins flexibles. Ce code contre la désinformation est "évolutif", rappelle ainsi Vera Jourova. Avec lui, il est possible de suivre au plus près les multiples développements dans le secteur de l’IA, bien plus qu’avec des propositions législatives plus lourdes, plus longues à négocier et plus fastidieuses à mettre en œuvre.
Seulement, une plateforme a d’ores et déjà décidé de s’affranchir de ces nouvelles règles : Twitter. Le réseau social dirigé par Elon Musk a claqué la porte du groupe des signataires du code de conduite fin mai, en envoyant une lettre lapidaire à la Commission européenne. Pour Vera Jourova, c’est une "erreur", et choisir le "conflit" n’est jamais la bonne option. Le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton, a pour sa part immédiatement mis en garde la plateforme : "Les obligations subsistent. Vous pouvez courir, mais vous ne pouvez pas vous cacher." Car, explique-t-il, les obligations prévues par le DSA devront, elles, être respectées par tout un chacun.
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