"C'est la première fois qu'un couple actionnaire/entreprise reçoit le label B Corp", selon Emery Jacquillat (Camif)

Ce 22 octobre, la Camif reçoit le label B Corp aux côtés de 24 entreprises françaises. Développement d'une formation numérique à Niort, open-innovation, budget annuel géré à 100% par les salariés… L'ancien vépéciste en faillite, racheté en 2009 par le site de vente en ligne Matelsom, a relancé sa marque sur Internet et s'inspire des start-up du numérique pour placer ses salariés, ses clients et ses fournisseurs au cœur de son business.

C'est justement ce type de démarches que vient récompenser le label B Corp. Créé aux Etats-Unis, il regroupe 1450 entreprises basées dans 42 pays qui mettent leur efficacité économique au service de l'intérêt général. Emery Jacquillat, fondateur de Matelsom et patron de la Camif a détaillé son approche à L'Usine Digitale. 

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L'Usine Digitale - La Camif est labellisée B Corp ce 22 octobre au côté de 24 autres sociétés tricolores. En quoi ce label de "responsabilité sociétale des entreprises" correspond-il à votre identité ?

Emery Jacquillat - Depuis que le site de vente en ligne Matelsom a racheté la Camif en 2009 (l'entreprise était alors en redressement judiciaire, ndlr) nous essayons de développer un business positif pour toutes les parties prenantes, salariés, fournisseurs, clients…

Vous travaillez avec des fournisseurs français ?

Oui, nous réalisons 74% de notre chiffre d'affaires avec du made in France. Nous essayons de tisser des liens étroits avec ces fabricants : en 2014, nous avons lancé le tour du Made in France. Nos salariés et clients peuvent aller à la rencontre de ces artisans, découvrir leur savoir-faire et co-construire avec eux des meubles qui correspondent à leurs besoins. L'année dernière nous avons créé à Saint-Loup-sur Semousse, en Haute-Saône, notre bureau connecté Cinlou grâce à ce processus d'open innovation.

Vous avez aussi recréé des emplois à Niort (Deux-Sèvres), siège historique de la Camif, où de nombreux postes avaient été détruits au moment du naufrage du vépéciste, en 2008 ?

En effet : nous avons implanté un centre d'appel à Niort plutôt qu'à Madagascar, où cela aurait été au bas mot deux fois moins cher. Nous avons recréé 184 emplois dans cette ville.

Au moment où nous avons relancé la marque Camif sur le net, nous avons essayé de recruter des profils digitaux, des community managers par exemple. A l'époque, c'était mission impossible dans la région. Nous avons donc créé une formation numérique en alternance, en partenariat avec l'école Sup' TG Niort. Depuis 4 ans, nous avons formé plus de 80 jeunes et demandeurs d'emplois.

Les entreprises régionales doivent se saisir de la question de la formation numérique dans les territoires : comment les PME locales peuvent-elles basculer au digital si les jeunes ne sont pas formés aux nouveaux outils !

L'un de vos actionnaires, le fonds d'investissement Citizen Capital, est également labellisé. Est-ce une démarche que vous avez décidé de conduire ensemble ?

Nous sommes chacun labellisés de notre côté, mais le fait que Citizen Capital travaille également dans une optique de développement sociétal a eu un impact positif sur la gestion de notre entreprise : ils n'ont pas posé leur véto lorsque nous avons décidé d'ouvrir notre centre l'appel à Niort plutôt qu'à l'étranger, par exemple.

Le fonds d'investissement nous a non seulement apporté des financements en 2013 (il est actionnaire à hauteur de 15% de la Camif, ndlr), mais nous a aidé à développer un business positif pour l'ensemble de ses parties prenantes. Sa philosophie ? Tout le monde a intérêt à ce qu'une telle entreprise poursuive son activité, les salariés et les fournisseurs sont plus motivés, les profits engendrés sont donc supérieurs.

C'est la première fois qu'un couple actionnaire/entreprise reçoit le label B Corp. Il faut encourager ce type de démarches, qui permet de d'aligner les intérêts de l'ensemble d'une chaîne métier, l'étendre même à de nouveaux acteurs, comme les fournisseurs.

Vous êtes labellisé avec 24 autres entreprises françaises, dont certaines start-up comme le spécialiste du covoiturage Blablacar ou le site de crowdfunding Ulule. Sur quelles thématiques voudriez-vous échanger avec ces nouveaux venus du numérique ?

Ces jeunes pousses utilisent souvent les principes de management de "l'entreprise libérée" (sociétés gérées autour du principe de la liberté des salariés, mettant en valeur leurs prises d'initiatives).

Nous nous inspirons déjà de ces entreprises : notre structure hiérarchique est assez plate, notre DRH s'est autoproclamé responsable du "rendre heureux". Nous allons faire voter l'ensemble de notre budget 2016 par une équipe de 9 salariés, élus au suffrage universel par chaque employé de la Camif. Mais nous voudrions aller plus loin encore dans ces nouvelles méthode de gestion des ressources humaines, pour impliquer le plus possible nos salariés dans l'entreprise.

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