
Il incarne à lui seul la catégorie des "actionnaires activistes", ces investisseurs qui n’hésitent pas à user de tous les moyens possibles (notamment médiatiques) pour tenter de peser sur la stratégie d’une entreprise. Carl Icahn, milliardaire grande gueule, a de nouveau fait parler de lui le 22 janvier en fustigeant la stratégie d’Apple, accusé de ne pas partager son imposant trésor de guerre (estimé à 150 milliards de dollars), avec ses actionnaires. L’investisseur met la pression depuis des mois sur la marque à la pomme pour qu’elle intensifie ses rachats d’actions. C’est sur son compte Twitter que l’homme a renouvelé ses attaques le 22 janvier, estimant que la direction de l’entreprise "rend un bien mauvais service à ses actionnaires".
We feel $APPL board is doing great disservice to shareholders by not having markedly increased its buyback. In-depth letter to follow soon.
— Carl Icahn (@Carl_C_Icahn) 22 Janvier 2014
Cela n’a pas empêché Icahn de porter sa participation dans l’entreprise californienne à 3 milliards de dollars, soit environ 0,6% de son capital.
Pression sur eBay
Icahn veut peser dans une autre société dans laquelle il s’est invité, eBay. Il vient d’acquérir 0,86% de son capital et en a profité pour "soumettre une proposition non-contraignante pour une scission de PayPal dans une entreprise séparée", a annoncé la société le 22 janvier lors de la publication de ses résultats annuels. Un découpage de l’entreprise n’est pas à l’ordre du jour, a répondu le site d’enchères, qui "ne croit pas que démanteler l'entreprise soit le meilleur moyen de maximiser la valeur pour ses actionnaires". EBay peut néanmoins trembler, car Carl Icahn n’a pas l’habitude de lâcher sa proie avant d’obtenir gain de cause. On peut donc s’attendre à une lutte d’influence dans les prochains mois.
coups de com et coups de sang
L’aura (ou le pouvoir de nuisance, c’est selon) de l’investisseur, qui a inspiré le personnage de Michael Douglas dans le film Wall Street, est considérable. On se rappelle évidemment du feuilleton Dell, un bras de fer de plusieurs mois qui s’est achevé en septembre dernier. On se souvient aussi qu’un simple tweet de l’actionnaire activiste avait fait bondir l’action Apple en août 2013.
Had a nice conversation with Tim Cook today. Discussed my opinion that a larger buyback should be done now. We plan to speak again shortly.
— Carl Icahn (@Carl_C_Icahn) 13 Août 2013
Les coups de sang médiatiques du frondeur sont en tout cas emblématiques des velléités d’indépendance des actionnaires activistes en général. Leur activité a augmenté de 88% entre 2010 et 2013 selon une étude du cabinet Linklaters. De quoi donner des sueurs froides aux administrateurs des grandes entreprises américaines… alors qu’en France, le phénomène reste encore marginal.
Sylvain Arnulf
Réagir