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Trois Français installés dans la Silicon Valley ont décidé de créer une école informatique à San Francisco, la Holberton School.
Objectif : former la nouvelle génération d'ingénieurs dans une région en proie à une crise des talents sans précédent.
Sylvain Kalache, ancien de LinkedIn, et Julien Barbier de Docker sont les fondateurs du réseau d'ingénieurs français while42, et de Techmeabroad qui aide les ingénieurs à se relocaliser à l'étranger. Ils se sont associés avec Rudy Rigot, un ancien d'Apple, pour créer en septembre 2015, la Holberton School à San Francisco. Celle-ci porte le nom de Betty Holberton, l'une des programmeuses de l'ENIAC, le premier ordinateur entièrement électronique.
"On savait qu'il y avait un manque criant d'ingénieurs dans la Valley, et venant du monde de la tech nous savions quels profils les entreprises recherchaient et connaissions leurs besoins", explique Sylvain Kalache. Mais pas question de partir avec des a priori. "J'ai interrogé beaucoup d'entreprises sur ce qu'elles attendaient d'un ingénieur sorti de l'école, ajoute le co-fondateur. J'ai été choqué de voir qu'ils ne s'attendaient pas à ce que des élèves sortis de cinq ans d'études aient les compétences nécessaires pour travailler. (...) En France l'éducation est accessible, mais aux Etats-Unis où cela coûte tellement cher, on s'est dit qu'il y avait un vrai problème et une opportunité."
L'APPRENTISSAGE PAR LA PRATIQUE
Pas question donc de traîner les cursus en longeur. Le programme dure deux ans, le but étant de faire "trois à quatre rentrées" par an, pour répondre aux besoins du marché.
L'école repose sur une méthode d'apprentissage peu conventionnelle, qui a déjà fait ses preuves ailleurs (au Buck Institute for Education dans la Baie http://bie.org/ notamment), la culture projet ou "project-based". "Les élèves peuvent communiquer et échanger : en entreprise, on appelle cela la collaboration et c'est nécessaire", explique Sylvain Kalache. A la Holberton School, pas de professeurs, les étudiants travaillent en groupe, se notent entre eux et reçoivent l'aide de 80 "mentors" provenant de grandes entreprises tech de la région comme Google ou LinkedIn.
La sélection se fait sur des critères de "motivation" et sur la capacité à suivre un programme de ce genre, très axé sur l'autonomie. Les élèves apprennent à aller chercher l'information eux-mêmes. "Dans le monde de l'informatique, il n'y a pas de secret, il faut apprendre par soi même et pratiquer pour être bon. C'est nécessaire pour un ingénieur de pouvoir s'auto-former sinon tu ne survis pas dans ta carrière avec l'apparition constante de nouvelles technologies", affirme Sylvain Kalache.
L'école forme des ingénieurs "full-stack", c'est-à-dire capable de toucher à toutes les couches de la programmation. Précisément, la Holberton School a voulu mettre l'accent sur les compétences nécessaires au monde de l'entreprise. "Cela va de la programmation, à la gestion de base de données, mais aussi les systèmes, la sécurité, les réseaux, l'IoT, ajoute Sylvain Kalache. Car il faut connaître les bases pour savoir utiliser les derniers outils à la mode."
MISER SUR LES "SOFT SKILLS"
Les étudiants sont chargés de créer un site internet de A à Z jusqu'à la structure d'hébergement pour être complètement autonomes. "Actuellement Amazon Web Services s'occupe de tout cela pour toi, mais si un jour il y a un problème, il faut savoir reconstruire cette infrastructure tout seul", rappelle Sylvain Kalache.
Mais le savoir faire technique ne suffit pas. "Dans une entreprise comme Google, les grilles d'évaluation pour être promu vont au-delà des compétences purement techniques. Une grosse partie évalue comment on documente son travail, si l'on communique correctement, si on sait collaborer, il faut pouvoir partager son savoir, coacher un junior... C'est toute une série de 'soft skills' où typiquement les ingénieurs ne sont pas forcément très bons" ajoute Sylvain Kalache. Mais ce sont les compétences qui font la différence, y compris dans une start-up où chacun doit faire un peu de tout."
Un modèle d'éducation "scalable"?
Pour l'instant, l'école est financée par les deux millions de dollars d'investissement levés par l'équipe. Mais les co-fondateurs souhaitent créer un modèle "scalable", reposant sur une communauté en auto-suffisance, afin de multiplier les écoles de ce genre par centaines aux Etats-Unis et au-delà.
Sans professeurs, avec des centaines d'élèves, et des coûts d'opération réduits grâce à internet, ils estiment qu'un business modèle peut-être trouvé soit via des frais de scolarité moins élevés que dans une université classique, soit via un pourcentage reversé par les étudiants durant leur premier emploi. "On va casser les prix, ce qui va permettre au monde de l'industrie d'avoir les ingénieurs dont ils ont besoin, tout en restant abordable pour les élèves", affirme Sylvain Kalache.
Les inscriptions sont ouvertes et les co-fondateurs ont pris un engagement fort sur la diversité "sans quotas mais via une communication très engagée" pour la première promotion de 32 élèves, attendue le 22 janvier 2016. Reste à voir si la Holberton School répondra aux attentes et sera à la hauteur de l'engouement créé.
"Ce sont les 'soft skills' qui font la différence dans le numérique", explique Sylvain Kalache de la Holberton School
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