[CES 2023] Comment Dassault Systèmes compte révolutionner la santé avec ses jumeaux numériques

Le champion français du numérique Dassault Systèmes a profité du CES de Las Vegas pour présenter ses “jumeaux numériques” du cœur et du cerveau humain, destinés à faire progresser la recherche médicale et à aider les médecins à mieux comprendre et accompagner chacun de leurs patients.

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[CES 2023] Comment Dassault Systèmes compte révolutionner la santé avec ses jumeaux numériques

Nous sommes bien loin des industries automobile ou aéronautique à laquelle Dassault Systèmes nous avait habituées. À l’occasion du CES 2023 qui s'est tenu à Las Vegas du 5 au 8 janvier, l’éditeur de logiciel français a souhaité mettre en avant sa dernière ambition : développer un jumeau numérique de l’Homme.

L’idée, sur le papier, est simple : répliquer virtuellement le corps humain dans les moindres détails pour mieux comprendre son fonctionnement et permettre un suivi personnalisé des patients. “Si vous créez une copie virtuelle, vous pouvez alors utiliser la totalité de votre imagination pour résoudre des problèmes”, résume Steven Levine, le directeur de la modélisation humaine chez Dassault Systèmes, pour L’Usine Digitale.

De la voiture au cœur

Nous sommes arrivés à un point où les constructeurs automobiles ne construisent plus de prototypes”, explique-t-il, alors que l’industrie se sert désormais de répliques virtuelles pour effectuer les crash tests par exemple. Et c’est de ce constat qu’est né le nouveau challenge pour le spécialiste de la modélisation et de la conception 3D, celui de “simuler la vie”, en commençant par le cœur, toujours responsable aujourd’hui d’une grande partie des décès dans le monde.

“Il s’est avéré qu’en un an, nous avons réussi à faire quelque chose que personne n’avait jamais fait”, se félicite Steven Levine. Cet outil est désormais disponible gratuitement pour les chercheurs réunis au sein du “Living Heart Project” et commercialisé auprès des compagnies pharmaceutiques qui peuvent s’en servir pour développer de nouveaux dispositifs médicaux.

Cet exploit a notamment été rendu possible par l’acquisition, en 2019, de Medidata par Dassault Systèmes pour 5,8 milliards de dollars. Grâce à cette nouvelle plateforme utilisée pour collecter et analyses les données de patients en essais cliniques grâce à des objets connectés, les équipes de Dassault ont accès à une large base de données de santé. “Avec les solutions de Medidata et ses grands talents que nous sommes ravis d’accueillir, nous apportons une combinaison inégalée d’atouts pour renforcer notre vision, notre culture scientifique et nos connaissances et savoir-faire dans le secteur des sciences de la vie”, s’était alors félicité le PDG de Dassault Systèmes, Bernard Charlès.

Un outil révolutionnaire pour les médecins

Et ce jumeau virtuel du cœur semble avoir conquis tous les professionnels de santé qui ont pu s’y essayer. Concrètement, il permettra à un chirurgien, par exemple, de déterminer ce qui correspondra le mieux à un patient qui a besoin d’une nouvelle valve et d’essayer plusieurs scénarios en conditions quasi réelles, avant même de devoir procéder à une opération à cœur ouvert. Les cardiologues pourront, quant à eux, visualiser les effets des traitements et des actes médicaux sur le cœur — virtuel — de leur patient afin de choisir et d’adapter les options à leurs dispositions.

Mais la pratique est encore loin d’être courante, reconnaît Steven Levine. “Toute nouvelle procédure à deux obstacles à franchir”, explique-t-il. Elle doit s’avérer scientifiquement pertinente et financièrement viable. Si son utilité clinique n’est plus à prouver à ce stade, il faut souvent plusieurs années pour collecter suffisamment de données permettant de convaincre les compagnies d’assurance et les gouvernements de soutenir un nouveau dispositif.

Fort de ce premier succès, Dassault Systèmes a ensuite décidé de s’attaquer au cerveau, avec un jumeau numérique déjà bien avancé et actuellement en essai clinique, à Paris notamment, pour son usage dans le traitement de l’épilepsie. “Nous passons maintenant à des choses plus complexes comme l’étude des maladies neurodégénératives”, précise le scientifique.

Bientôt le corps humain entier

Et l’entreprise française ne compte pas s’arrêter là. “Nous allons d’abord nous concentrer sur les organes et les maladies les plus importants”, indique Steven Levine. Le foie et les poumons devraient ainsi être les prochains organes à être aboutis. Mais, à terme, c’est bien le corps humain dans son intégralité qui pourra être reproduit virtuellement.

Dassault Systèmes prendrait-il ainsi part à la grande aventure du métavers que Meta, notamment, met laborieusement en avant ces derniers temps ? “Le métavers est une sorte de terme marketing”, observe le directeur de la modélisation humaine chez Dassault Systèmes, estimant que, s’il ne connait pas de véritable succès jusqu’à maintenant, c’est parce que “l’esprit humain est incroyablement perspicace” et qu’il ne s’agit, pour l’heure, que d’une “diversion du réel”.

Nous, de notre côté, nous essayons d’améliorer la vie réelle”, souligne-t-il. Et de conclure : “Nous n’allons pas dans la même direction qu’eux, mais je pense qu’ils finiront par nous rejoindre”.

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