Chez Orange, le "congé de respiration" inspire ses premiers adeptes

Une première tranche d'une cinquantaine de salariés va bénéficier de ce nouveau dispositif créé par Orange, qui permet aux collaborateurs en milieu de carrière de prendre une pause dans leur parcours professionnel en conservant une partie de leur rémunération, afin de se consacrer à un projet d'études, de recherche, de mécénat ou associatif. 

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Chez Orange, le

Orange vient d'accorder, début mai, ses premiers "congés de respiration". Ce nouveau dispositif, mis en place dans le cadre de l'accord intergénérationnel 2022-2024 signé par trois organisations syndicales (CFDT, FO, Sud mais pas la CGT), entré en application le 1er janvier, permet aux salariés éligibles de faire une "pause" de 3 à 12 mois dans leur parcours professionnel pour se consacrer à un projet personnel, tout en conservant une partie de leur salaire. Une initiative originale, saluée par les partenaires sociaux. Une cinquantaine de candidatures a été déposée, les projets concernant surtout du mécénat et des reprises d'études. La plupart ont été acceptés.

Un break réservé aux porteurs de projet

Delphine Ponge, UX designer chez Orange à Aix-en-Provence, va en bénéficier à partir du 1er juin. A 37 ans, elle avait "besoin d'un break" pour "se recentrer" après avoir beaucoup bougé – géographiquement et fonctionnellement (ingénieur R&D, RH, ergonomie) - en un peu plus de 10 ans passés chez Orange. Issue d'une formation en psychologie cognitive et expérimentale et en ergonomie, elle a connu l'association Valentin Haüy, dans laquelle elle va s'engager un an, grâce à Orange lorsqu'elle travaillait sur des smartphones et des outils de reconnaissance vocale adaptés aux clients malvoyants. Cette association d'aide aux personnes déficientes visuelles a créé un incubateur de projets dédiés au numérique inclusif, qui colle parfaitement aux compétences et à l'expérience de Delphine Ponge, déjà impliquée localement dans la thématique du handicap, et dans l'humanitaire.

Le congé de respiration s'adresse aux salariés ayant au moins 10 ans d'ancienneté dans le groupe et un an d'ancienneté dans leur poste, cadres et non-cadres. Pour le moment, l'idée à davantage séduit les cadres. Les autres critères d'éligibilité concernent le projet lui-même. En effet, il ne s'agit pas d'un congé sabbatique, pas question de prendre des vacances à bon compte. L'aspirant à la respiration doit s'engager dans un projet de formation (sans rapport direct avec son activité professionnelle), dans une activité humanitaire ou sociale, dans un projet de recherche universitaire ou d'enseignement, ou encore dans l'accompagnement d'une start-up ou d'une PME.

rémunération maintenue à 70%

Le temps de ce congé, sa rémunération est maintenue à hauteur de 70%. Dans le cas où l'activité exercée pendant ce laps de temps serait rémunérée, la rémunération totale ne peut pas dépasser 100% du salaire de référence. Techniquement, il s'agit bien d'un congé. Le contrat de travail n'est pas suspendu. Les bénéficiaires d'un congé de respiration de trois mois reprendront leur ancien poste à l'issue de la période. Ce sera plus compliqué s'ils partent un an, mais la DRH a prévu un accompagnement. Dans le cas de Delphine Ponge, un premier retour d'expérience est prévu en septembre avec sa manager. La salariée envisage de retrouver un poste en UX à la fin de ses 12 mois d'activité associative, ou d'intégrer la mission handicap chez Orange.

"Chez Orange, les gens ont des carrières longues. L'idée, c'est de permettre à ces personnes, qui peuvent parfois se demander quelle est la suite pour eux, de respirer puis de repartir dans leur parcours professionnel. Faire autre chose, sortir de son environnement, peut avoir un impact très positif", explique Gervais Pellissier, le directeur People et Transformation du groupe depuis mi-2020.

Dans la mesure où l'entreprise négociait l'accord intergénérationnel, qui prévoit des mesures en direction des jeunes (8000 embauches de moins de 30 ans en CDI d'ici 2024) et des séniors (aménagement de temps partiel en fin de carrière), l'objectif était d'introduire aussi des bénéfices pour les salariés en milieu de carrière.

250 places pour tester le dispositif

Selon Gervais Pellissier, il ne s'agit pas de retenir des salariés tentés par la "Grande Démission". "Les taux de turnover élevés se trouvent plutôt dans la tranche 5 à 8 ans d'expérience, dans les métiers en tension comme la cybersécurité, le cloud et l'IA où il atteint 15 à 18% dans certaines filiales, alors qu'en 2018 il s'élevait à 12%. Dans ces métiers, la problématique pour nous est plus d'attirer des jeunes que de retenir les salariés en milieu de carrière."

Cependant, "si le dispositif est concluant, je ne vois pas d'objection à l'étendre aux salariés disposant de moins de 10 ans d'ancienneté, comme un outil de rétention", déclare le DRH. Pour l'instant, le nouveau congé est dans une phase expérimentale et prévoit 250 places (dont la moitié de cadres et de non-cadres). Un tout petit échantillon, pour un groupe qui compte 137 000 salariés dans le monde dont 79 000 en France. La réussite dépendra du nombre de candidats et de projets validés, de la qualité de leur réinsertion, et des indicateurs qui seront mis en place pour vérifier que les projets ont bien été menés à leur terme.

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