Pour recevoir des subventions américaines, les fabricants de puces ne pourront pas investir en Chine
Pour recevoir des subventions publiques de la part de Washington, les fabricants de semi-conducteurs devront s'engager à ne pas investir pendant dix ans dans des "pays préoccupants".
Les États-Unis ne relâchent pas leur offensive contre l'industrie chinoise des semi-conducteurs. Dans le cadre d'un vaste programme d’investissements, l'administration Biden va en effet interdire aux fabricants recevant des subventions publiques d'investir dans des "pays préoccupants" pendant dix ans. Une formulation vague qui inclut sans aucun doute la Chine, déjà ciblée par d’importantes restrictions américaines.
Dans un document publié le 28 février 2023, le département du Commerce indique aussi que les entreprises subventionnées ne pourront pas mener des projets de recherche avec des “entités étrangères problématiques”, ni même leur accorder des licences sur leurs technologies. Ces restrictions sont justifiées par la volonté de préserver la sécurité nationale, ce qui permet de se placer théoriquement à l’abri d’une condamnation de l’Organisation mondiale du Commerce (OMC).
L’an passé, Washington avait déjà mis en place de nouvelles sanctions très strictes contre la Chine, interdisant aux entreprises américaines d’y exporter des puces avancées et les équipements permettant de les produire. Depuis, l'administration Biden a réussi à convaincre les Pays-Bas et le Japon, qui abritent les principaux équipementiers mondiaux, de suivre la même voie. Cela représente un coup de frein majeur pour les ambitions de Pékin, qui souhaite sortir de sa dépendance aux puces produites à l'étranger.
LES ÉTATS-UNIS SUPPLANTÉS PAR L'ASIE
Les États-Unis ont perdu beaucoup de terrain dans la production de semi-conducteurs. Entre 1990 et 2020, leur part de marché a chuté de 37% à seulement 12%, selon l’association américaine du secteur. La première économie mondiale a notamment été supplantée par les pays asiatiques. Et en particulier par Taiwan, patrie du fondeur TSMC, le pionnier du modèle fabless qui produit désormais 90% des puces les plus avancées.
Pour rattraper ce retard, le Congrès américain a voté l’an passé un programme d’investissements dans le secteur, baptisé Chips Act. Celui-ci prévoit notamment d’accorder 39 milliards de dollars de subventions publiques pour doper la production nationale de puces. Washington espère ainsi convaincre les fabricants d'installer de nouvelles usines aux États-Unis, où les coûts de production sont pourtant plus élevés qu’en Asie.
Pour pouvoir bénéficier de subventions, les groupes de semi-conducteurs devront cependant accepter de nombreuses conditions. Outre l’interdiction d’investir en Chine, ils devront s’engager à ne pas utiliser l’argent public pour distribuer des dividendes ou pour mener des rachats d’actions. Ils devront redistribuer une partie de leurs profits. Et aussi fournir une solution bon marché de garde d’enfants à leurs employés.
SUR LE MÊME SUJET
Pour recevoir des subventions américaines, les fabricants de puces ne pourront pas investir en Chine
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir