Cleyrop lève 10 millions d’euros pour sa plateforme européenne de gestion de données

La start-up française Cleyrop, qui veut concurrencer les solutions américaines avec sa plateforme de gestion de donnée unifiée et "souveraine", entend utiliser ce nouveau financement pour accélérer la commercialisation de son produit et atteindre la rentabilité en 2024.

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Cleyrop lève 10 millions d’euros pour sa plateforme européenne de gestion de données

Fournir aux grands groupes privés et aux institutions publiques une plateforme de gestion des données de bout-en-bout sécurisée et hébergée dans un cadre de confiance européen. C’est le créneau de Cleyrop, une entreprise française fondée en 2021. Elle annonce, ce 2 juin 2023, avoir bouclé une levée de fonds de 10 millions d’euros à laquelle ont contribué KEEN Venture Partners, le Crédit Agricole, Normandie Participations ainsi que Bpifrance. L’objectif est d’investir sur la partie commerciale et marketing pour signer de nouveaux clients en Europe.

Intégrer les solutions de plusieurs start-up française

Cleyrop développe une solution logicielle fournie en SaaS permettant aux entreprises de gérer leurs données, de la collecte à la visualisation et au partage en passant par le traitement et l’utilisation dans des algorithmes d’intelligence artificielle.

"L’écosystème data est hyper fragmenté. En Europe, il y a des acteurs qui sont vraiment à l’état de l’art mais sur des briques très spécialisées. On intègre leurs produits pour fournir une expérience unifiée", explique Arnaud Muller, Co-fondateur de Cleyrop.

Les solutions d'Ekimetrics, Opendatasoft et Toucan Toco sont ainsi à l’œuvre. Pour les gouverner et monitorer les traitements, on retrouve celles de Saagie (dont Arnaud Muller est le propriétaire) et Opendatasoft, mais aussi de Sekoia, Cosmian (pour le partage sécurisé et anonyme des données) et DataGalaxy.

Une alternative aux solutions américaines, avec la confiance en plus

La start-up souhaite se poser comme une alternative européenne face aux solutions américaines, avec "la même avance technologique, et la confiance en plus !". Pour ce faire son datahub est hébergé sur des cloud exclusivement européens : Outscale, OVHCloud et Scaleway. L’intégration est gérée par Kynapse, Groupe Open et La Forge.

"On choisit des entreprises qui vont garder leur siège social en Europe", insiste Arnaud Muller, qui prend aussi des engagements industriels : "on ne veut pas disparaître et laisser des clients dans la panade".

"Ce n’est pas de l’innovation pour l’innovation, il y a de vrais enjeux pour les citoyens. Aujourd’hui dans le domaine de la santé par exemple, nos données sont hébergées sur des infrastructures américaines et exposées à un droit que l’on ne maitrise pas. On veut que personne ne puisse dire qu’il n’y a pas d’autre solution. Le RGPD nous a ouvert un marché, mon rêve, c’est de créer le standard CE de la data et le RIO de la data comme Xavier Niel a créé le RIO des opérateurs téléphoniques européens", ajoute-t-il.

Pour les grands groupes privés et les institutions publiques

L’entreprise s’adresse à des clients qui ont au mimimum une trentaine de praticiens de la donnée dans leur organisation : les grands groupes privés et les institutions publiques.

Elle propose un système d’abonnement à sa plateforme avec une facturation et des prix "pensés pour permettre une adoption massive de la solution", assure Arnaud Muller. Ils sont encore au-dessus de certaines solutions américaines, mais le CEO affirme que "quand on compare factuellement, que l’on prend en compte les coûts de cloud, les coûts des licences logicielles data, IA et cyber, et les engagements de service (SLA – service legal agrement), on arrive même à être moins cher".

Des cas d'usages publics qui demandent une sécurité avancée

La société compte pour l’heure une petite dizaine de clients parmi lesquels le MiPih (un acteur public du numérique en santé) ou encore Atout France, la délégation de service public du ministère du Tourisme à qui elle fournit un datahub pour mutualiser les données de tous les acteurs de la filière.

Elle planche également sur un projet avec l'Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), l'organe français de supervision des banques et assurances. L’idée est d’optimiser la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme grâce à la mutualisation des données entre banques, qui permettrait de suivre des scénarios interbancaires mais est très exigeante en matière de sécurité des données.

La rentabilité pour l'année prochaine ?

La société dit enregistrer plusieurs millions de chiffre d’affaires avec une croissance de plus de 100% chaque année. Elle espère dépasser les 10 millions d’ARR annuel assez rapidement et vise la rentabilité pour l’année prochaine. "On ne veut pas être une start-up cashburn, mais bien ancrée dans une logique industrielle avec une ambition de croissance rentable", insiste le co-fondateur.

Qui sont ses concurrents ? Avec les solutions européennes sur le marché comme Chapsvision, qui rachète beaucoup d’entreprises, Arnaud Muller dit vouloir être dans une forme de coopétition. "Il vaut mieux jouer la synergie car l’ennemi est ailleurs", affirme-t-il en parlant, nous l’aurons compris, des géants américains.

Investir sur la partie commerciale et marketing pour trouver des clients

Les 10 millions d’euros injectés en fonds propres seront complétés par un peu de dette, "le minimum vu les taux d’intérêts actuels" selon les mots d’Arnaud Muller.

L’objectif est avant tout de trouver de nouveaux clients. "On va enfin pouvoir recruter des commerciaux (ils seront spécialisés par domaines : secteur public, industrie financière, etc) et investir dans le marketing", se réjouit le co-fondateur.

Le nouveau financement sera aussi investi en R&D où les équipes travaillent actuellement "sur des sujets de performance et de sécurité : Comment je peux adresser une requête sur des centaines de milliards de données, en temps réel, tout en embarquant des algorithmes de sécurisation et de chiffrement sans ralentir ces traitements ?".

Les équipes tech planchent par ailleurs sur la traçabilité de la donnée, le data lineage, qui permet de savoir comment une réponse a été construite et sur quels jeux de données.

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