Comment Atol et la start-up Abeye ont développé des lunettes connectées pour les enfants dyslexiques
Atol propose aux enfants dyslexiques de venir essayer dans son réseau d'opticiens les lunettes connectées Lexilens, qui sont susceptibles de les aider à lire. Développées par la start-up Abeye, ces lunettes reposent sur une découverte de chercheurs rennais, qui ont mis en évidence un lien entre la physionomie des yeux et certaines formes de dyslexies.
Léna Corot
Mis à jour
29 janvier 2021
L'histoire des lunettes Lexilens, qui aident les dyslexiques à lire, commence par la découverte de deux chercheurs en physique des lasers de l’Université de Rennes. Albert Le Floch et Guy Ropars ont découvert le lien entre le fonctionnement des yeux et du cerveau et l'apparition de certaines formes de dyslexies. Michael Kodochian, fondateur de la start-up Abeye, s'est alors dit qu'il pouvait s'appuyer sur cette découverte pour développer des lunettes palliatives en collaboration avec Atol.
Trois années de R&D
Ces scientifiques mettent en avant le fait que "lorsque les êtres humains lisent, le cerveau génère une image miroir : le b de bernard devient le d de david". Le cerveau de certaines personnes dyslexiques ne parvient pas à identifier cette image miroir en raison de l'absence d'un œil dominant, qui permet aux autres personnes de l'éliminer. "Abeye a mis trois ans pour construire les filtres actifs qui permettent d'enlever l'image miroir", ajoute Michael Kodochian.
"Ces filtres sont pilotés par de l'électronique embarquée dans les branches de la lunette". Ces composants ont été miniaturisés au maximum par les équipes d'Abeye afin de concevoir des lunettes les moins stigmatisantes possibles. Pour l'instant, une seule monture destinée aux enfants est disponible et les lunettes sont conçues et fabriquées en France, à l'exception des verres électroniques. Un second modèle destiné aux adultes devrait voir le jour dans le courant de l'année 2021.
Entre 75% et 90% de réussite
Après des tests réalisés en laboratoire, les lunettes Lexilens fonctionnent "pour plus de 90% des cas", se félicite Michael Kodochian. Avec les tests réalisés en magasin, ce taux est de 75%. Atol et Abeye mènent actuellement une étude clinique en double aveugle et cross over afin de détailler ces résultats et d'étudier l'apport exact des lunettes en fonction des différentes formes de dyslexies.
Lexilens est pour l'instant certifié comme dispositif médical de classe I. En fonction des résultats de l'étude clinique, attendus vers juin, il est possible d'imaginer une autre demande de classification. Cette technologie repose sur le fonctionnement du cerveau et non sur le texte en lui-même. Ces lunettes ont donc un caractère universel et peuvent fonctionner avec n'importe quels langues et types de textes.
Un paramétrage avant utilisation
Il est possible de prendre rendez-vous auprès du réseau Atol pour essayer les lunettes. Les expéditions ont débuté en décembre et près de 2 500 rendez-vous sont en attente. Atol, qui a dû former les opticiens à réaliser ces tests, commercialise les Lexilens au prix de 399 euros.
Un smartphone est nécessaire à la première utilisation des lunettes pour les réglages, comme la transparence des verres, la vitesse de scintillement, le paramètre de contrôle des filtres actifs qu'il faut adapter à la physiologie selon les tests de lecture... Les paramètres sont ensuite sauvegardés dans la paire de lunettes.
La même technologie est utilisée par une start-up qui développe des lampes. Atol est "en contact étroit avec cette start-up", précise Eric Plat, PDG d’Atol, et pourrait donc les commercialiser à terme.
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