Comment la "destruction créative" impulsée par Paul Eremenko (ex-Google) bouscule Airbus
Un article du Financial Times questionne l'impact de Paul Eremenko, CTO d'Airbus et ancien de Google, sur la stratégie de l'avionneur européen. La remise à plat de la philosophie d'innovation du groupe perturbe en interne.
Sylvain Arnulf
Airbus Group est-il en pleine révolution schumpetérienne ? Pour le Financial Times, Paul Eremenko, son CTO depuis l'été 2016, ingénieur d'origine urkrainienne débauché dans la division ATAP de Google (et ancien de la Darpa, "Agence pour les projets de recherche avancée de défense"), est un "créatif destructeur" qui plonge le groupe aéronautique dans un ouragan perpétuel, pour reprendre un concept du philosophe. Tom Enders, PDG d'Airbus Group, ne dit pas autre chose. "Ce que nous faisons avec notre système de recherche et développement technologique n'est rien d'autre que de la destruction créatrice : nous le démantelons pour mieux le re-construire", explique-t-il au quotidien économique.
Nouvelle logique d'innovation
Cela se traduit par l'abandon de projets jugés non prioritaires comme l'avion électrique e-Fan au profit de concepts de nouvelle mobilité urbaine, comme PopUp, développé avec Italdesign. De quoi désarçonner une partie des salariés et chercheurs employés de longue date par Airbus. Un décalage illustré, selon le FT, par le départ de l'ancien chef de l'ingénierie Charles Champion. " Ce virage stratégique nourrit une certaine anxiété parmi les ingénieurs aéronautiques 'traditionnels' d'Airbus, désarçonnés par l'approche iconoclaste (de Paul Eremenko) de l'innovation et du développement produit ", écrit Peggy Hollinger du FT. Des peurs internes qu'Emerenko reconnaît volontiers, car 'le changement peut être douloureux, surtout quand tout va bien'".
Le décalage est d'autant plus grand que Paul Eremenko est jeune (37 ans) et sans expérience au sein de l'industrie aéronautique. Sa priorité est de permettre au groupe d'innover beaucoup plus rapidement et de se muscler en compétences digitales, notamment en intelligence artificielle.
changer son rapport au risque
Un cadre exécutif d'Airbus cité sous couvert d'anonymat parle d'Eremenko comme un "
homme brillant " mais "aux idées folles". Ce dernier veut changer la culture d'Airbus pour la rendre plus "tolérante aux risques". Pas a u sens de la sécurité, bien sûr, mais de l'audace et de la peur de l'échec. Garder une culture de la fiabilité et de la sûreté absolue pour le business aéronautique pur, mais ne pas se limiter en matière de technologie et d'innovation. Un énorme défi.
Lire l'article "Creative destructor who plans to dismantle and rebuild Airbus" sur le site du Financial Times
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