Comment les drones se sont imposés dans le conflit ukrainien

Même si ce n’est pas l’arme révolutionnaire qui pourrait changer la face du conflit, les drones sont devenus l’une des armes emblématiques de la guerre en Ukraine.

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Comment les drones se sont imposés dans le conflit ukrainien
Un drone KH-S7, mis au point par l'armée ukrainienne.

A la fin août, les Ukrainiens pavoisent. Seize drones lancés par leur service de contre-espionnage militaire auraient réussi à toucher cinq aéronefs russes de combat, des précieux Su-30 et un MiG-29 stationnés sur un aéroport de Kursk à une centaine de kilomètres de la frontière. Un sacré carton, au vu du prix de ces engins, qui serait à mettre au crédit de modestes drones… en carton et en mousse, selon un blogueur et pilote russe.

Une information crédible : l’entreprise australienne Sypaq avait indiqué au début du mois de mars avoir envoyé des drones en carton de sa fabrication à Kiev. D’abord destinés à des missions de surveillance et de reconnaissance, ces appareils qui échappent aux radars ont peut-être été reconvertis en munitions kamikazes.

Quantités industrielles

Même si ce dernier point reste sujet à caution, n’ayant pas été confirmé officiellement par les deux belligérants, l’attaque de l'aérodrome illustre bien l’importance prise par les drones dans ce conflit. Contrairement aux coûteux programmes high-tech lancés aux Etats-Unis, il s’agit d’abord d’armes pas chères susceptibles de faire des dégâts, à l’instar des missiles, contre des cibles lointaines.

Les deux armées en consomment d’ailleurs des quantités impressionnantes. Selon un rapport du Royal United Services Institute (Rusi), un think-tank anglais, l’armée ukrainienne perdrait ainsi environ 10 000 drones par mois. Un rythme effréné qui pousse à l’utilisation d’engins low-cost venus de l’industrie civile. “L’utilisation de drones civils n’est pas nouvelle, l’Etat islamique le faisait déjà, ce qui change c’est l’échelle”, souligne Léo Péria-Peigné, chercheur au Centre des études de sécurité de l'Ifri.

Innovations

A quoi servent les drones – le toulousain Delair va lui aussi envoyer 150 drones aux forces ukrainiennes – sur le champ de bataille ? Ils peuvent lancer des missiles, à l’instar du Bayraktar TB2, ce drone tactique turc d’une valeur d’environ 5 millions de dollars devenu au début du conflit l’un des symboles de la résistance ukrainienne. “Il y a eu quelques succès, mais aussi beaucoup d’emballement médiatique”, avec des réussites sans doute attribuées à tort au TB2, tempère Léo Péria-Peigné.

Mais l’emploi massif des drones sur le champ de bataille renvoie d’abord aux petits engins utilisés pour faire de l’observation, guider les tirs d’artillerie ou larguer directement des explosifs avec des nacelles improvisées. “Les drones ont démocratisé la puissance aérienne”, résumait dans Le Point le chercheur de la Rand Corporation Raphaël Cohen.

Vagues de drones

Les Russes ont également su innover, par exemple en utilisant avec succès des munitions rôdeuses pour faire de la contre-batterie, cette façon de riposter à des tirs d’artillerie. Les troupes de Vladimir Poutine misent en outre sur des vagues de drones d’origine iranienne Sahed pour saturer les défenses anti-aériennes de l’Ukraine, une façon de pallier des problèmes de munitions.

Pour Kiev, l’enjeu n’est pas exactement le même. En utilisant des drones pour frapper des aéroports ou viser le Kremlin, il oblige l’adversaire à repositionner une partie de ses défenses anti-aériennes. Une façon aussi de montrer à la population russe “qu’il ne s’agit pas d’une opération militaire spéciale, mais bien d’une guerre”, rappelle Léo Péria-Peigné.

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