Comment Segway-Ninebot compte conquérir le marché de l'écomobilité en France
Segway-Ninebot veut s’imposer en France sur le marché des trottinettes et scooters électriques. Un pari osé dans un climat concurrentiel fort, pour lequel il mise sur la fiabilité de ses produits.
Julien Bergounhoux
En matière de mobilité durable, Segway-Ninebot voit grand. Il a été l'un des premiers fabricants à se positionner sur le marché des trottinettes électriques lors de son essor, notamment avec les services de location de Bird et Lime à San Francisco. "Nous leur avons fourni la majorité de leurs équipements à l'époque," rappelle Dennis Hardholt, président de Segway-Ninebot EMEA.
L'entreprise a vendu 10 millions de ces appareils à date dans le monde. "Nous sommes le leader mondial en parts de marché", avance Dennis Hardholt. Et l’entreprise s’est aussi rapidement imposée sur le marché plus confidentiel des scooters électriques, avec 38% de parts de marché en Europe en décembre 2022.
Une ambition affichée
Lors du Mobile World Congress 2023, où il était présent pour la première fois, Segway-Ninebot tenait à se montrer, et à faire connaître ses ambitions : devenir numéro un en Europe (et en France), et montrer que sa puissance industrielle va au-delà de ses produits phares.
Son stand de 500 m2 étant d'ailleurs équipé d'une petite piste sur laquelle les visiteurs pouvaient essayer un kart électrique conçu sur la base d'un hovercraft détachable. On y trouvait aussi un buggy (à moteur thermique) et des tondeuses autonomes "next gen", qui fonctionnent sans avoir à délimiter physiquement de périmètre.
Un concept de moto fonctionnant à l'hydrogène à état solide, doté d'un design futuriste, était également exposé. Non fonctionnel en l'état, "mais il s'agit d'un vrai projet sur lequel nos équipes travaillent en Chine," précise le président pour la zone Europe.
Imposer sa marque sur le marché des trottinettes
En France, Segway-Ninebot a pendant longtemps été le fournisseur exclusif (en marque blanche) du leader du marché, Xiaomi. Fort de sa position, ce dernier a décidé de diversifier ses fournisseurs, et Segway-Ninebot a en retour choisi de s'imposer avec sa propre marque. "Nous ne pouvions pas rester qu’un industriel," confie Rudy Godoy, directeur France de l’entreprise. Pour réussir ce pari, il mise sur la qualité des produits et sur des relations privilégiées avec son réseau de distributeurs. Et cela fonctionne. "Nous avons moins d’un pourcent de retours sur les modèles premium à 899 euros," assène le directeur.
Cette stratégie de croissance passe par des produits flagship, comme la Segway Kickscooter GT2P, une trottinette ultra premium capable de rouler jusqu’à 70 km/h (et donc réservée aux voies privées) grâce à deux moteurs de 3000 watts. Sa batterie de 1512 Wh lui confère une autonomie théorique de 60 kilomètres en roulant à 40 km/h avec un utilisateur de 75 kg. Attention au prix cependant : 2990 euros.
Mais aussi par une offre grand public qui cherche à se distinguer du lot, comme les nouvelles F2 Series (adulte) et C2 Series (enfant) qui sont équipées de clignotants avant et arrière et disposent d’une application mobile pour régler la vitesse maximale par le biais d’un limiteur de vitesse. Le succès passe aussi inévitablement par une solide présence en magasin, au travers de partenariats avec Boulanger, Décathlon et Fnac-Darty, entre autres.
Les scooters électriques, grand champ de bataille à venir
L’autre segment sur lequel mise Segway-Ninebot est celui des scooters électriques, marché en croissance à travers l’Europe et sur lequel le constructeur a su s’imposer aux Pays-Bas. Il présentait au salon un nouveau modèle haute performance, l’E300SE, de catégorie L3e-A1 (équivalent 125 cc).
Il se targue d’une accélération de 0 à 50 km/h en 2,89 secondes et d’une vitesse maximale de 105 km/h, pour une autonomie en conditions réelles qui peut être poussée jusqu’à 120 kilomètres avec trois batteries (la troisième est en option et se branche dans le coffre). Il faudra pour ce faire débourser près de 6000 euros.
Outre les performances pures, Segway-Ninebot cherche aussi à se démarquer par les services sur cette catégorie. Une eSIM est intégrée à tous les scooters et est utilisable gratuitement pendant deux ans, ce qui permet entre autres la géolocalisation en cas de vol. L’application mobile permet par ailleurs d’allumer le scooter ou de l’éteindre avec son smartphone, et six capteurs intégrés donnent l’alarme lorsqu’il est touché, ce qui bloque le guidon et envoie une alerte sur le smartphone. Il est aussi équipé d’un système d’arrêt d’urgence, d’un ABS et envoie automatiquement un SMS à un proche en cas d’accident.
Concentration à venir
Le constructeur réussit son pari pour le moment, avec un chiffre d’affaires multiplié par trois entre 2021 et 2022. Mais le plus dur reste à faire. "Il va y avoir une concentration du marché au cours des 24 prochains mois," prévoit Rudy Godoy. En effet, les fabricants de scooters thermiques arrivent sur le marché de l’électrique, et il faudra leur tenir tête.
L’utilisation de la marque Segway, acquise par Ninebot lors de son rachat des brevets de l’entreprise américaine connue à l’origine pour ses gyropodes, doit aider sur le plan de la notoriété. A voir si cela suffira. "Ceux qui ne percent pas d’ici 2024 pas devront sortir du marché," analyse sobrement le dirigeant. En plus de son savoir-faire industriel, Segway-Ninebot mise aussi sur beaucoup sur son réseau de partenaires. "Le succès passera nécessairement par nos revendeurs, qui peuvent avoir un rôle de conseil," conclut Rudy Godoy.
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