Confiants dans le numérique, les salariés veulent être mieux formés
Eléas, un cabinet de prévention des risques psycho-sociaux a réalisé un baromètre sur les pratiques numériques des salariés.
Il en ressort une image nuancée.
Les actifs sont plutôt favorables au numérique qui a amélioré leur travail, mais aimeraient bien que leur entreprise se penche sur le droit à la déconnection.
Ils veulent aussi être formés ou accompagnés.
Pour ne pas tomber du côté de ceux pour lesquels le numérique est d'abord un facteur de stress ou une menace pour leur emploi.
Du rapport Mettling aux demandes répétées des syndicats représentant les salariés, tout le monde (ou presque) a un avis sur l’impact du numérique sur le travail. Sauf que, bien souvent, ces prises de position sont théoriques. Le cabinet Eléas, spécialiste de la qualité de vie au travail et de la prévention des risques psychosociaux, a eu la bonne idée de réaliser un sondage en ligne sur la question, dont les résultats apportent un éclairage subtil à cette question.
Premier constat réalisé : 67,2 % des personnes interrogées déclarent utiliser les outils digitaux au moins 3 heures par jour en moyenne. Cela représente quasiment la moitié de la journée de travail d’un employé. A noter que 32 % des sondés déclarent utiliser le digital plus de 6 heures par jour. Ces derniers sont surtout les cadres et les professions intellectuelles supérieures.
Privé/professionnel, la frontière de plus en plus floue
Le sondage confirme ensuite que ces nouveaux outils mettent en cause l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. C’était fatal : la généralisation du smartphone, par définition portable (avant on laissait son ordinateur au bureau le soir), et la mise des données sur le cloud ont rendu poreuse cette frontière. Près de 37 % de la population active interrogée déclare utiliser quasi quotidiennement les outils numériques professionnels dans un temps qui ne l’est pas. Ils sont 26 % à le faire occasionnellement. Ces chiffres sont un peu gonflés : s’intéressant à la population active, le sondage a intégré les artisans, commerçants et les chefs d’entreprise.
Symétriquement, plus d’un actif interrogé sur quatre (27 %) déclare utiliser régulièrement les outils professionnels à des fins privées. Ils sont 45 % à le faire régulièrement. Là encore, on trouve les chefs d’entreprise, artisans et commerçants parmi les personnes les plus concernées par cette mutation.
Cette interpénétration des mondes professionnels et privés étant confirmée pour un nombre sensible d’actifs, il n’y a rien d’étonnant si 62 % d’entre-eux indiquent avoir des attentes fortes envers leur entreprise en matière de droit à la déconnection. Le chiffre est d’autant plus haut que, pour l’heure, les entreprises ont peu pris la main sur la question. Seulement 22 % des actifs indiquent que leur entreprise a pris des mesures pour "limiter les usages des outils numériques en dehors du temps de travail". On remarquera que les auteurs de l’étude ont préféré parler de temps que de lieu de travail, signe que le nomadisme et le développement du télétravail font que la durée importe davantage que l’endroit du labeur. A noter aussi pour 39 % de l’échantillon, les outils numériques offrent une flexibilité des horaires, quand 51 % pensent le contraire.
Des salariés plutôt positifs
L’impact du numérique sur l’organisation du travail étant évaluée, quel effet a eu la généralisation des outils digitaux sur le quotidien professionnel lui-même ? Le numérique a-t-il appauvri les tâches ? Pour 59 % des actifs, le numérique est essentiellement un progrès. 19 % estiment qu’il n’a pas fondamentalement changé leur travail et 15 % qu’il est d’abord une source de stress. Parmi les plus grands fans du numérique, on trouve les jeunes qui sont 63,8 % à considérer le numérique comme un progrès, les cadres (62,9 %), les artisans commerçants et chefs d’entreprise (72,7 %). A noter : les plus fans du numérique oeuvrent dans des activités immobilières (avec 84 % d’actifs qui le considèrent comme un progrès), alors qu’il est davantage vécu comme une source de stress dans les activités financières et d’assurance ou encore dans l’industrie manufacturière.
Le sondage va un cran plus loin en demandant aux personnes interrogées pourquoi elles considèrent le numérique comme un progrès. Pour 73 %, c’est parce qu’il est le moyen de travailler plus rapidement. Pour 63 %, c’est un moyen de faire un travail de meilleure qualité, 52 % considèrent qu’il aide à mieux communiquer et 21 % qu’il facilite la relation avec leur manager.
Le numérique stresse une minorité de salariés
Inversement parmi ceux qui le considèrent comme un facteur de stress : 41 % incriminent le fait qu’il crée un sentiment d’urgence permanente, quand 36 % considèrent que le numérique leur fait perdre du temps. 35 % regrettent qu’il donne à l’entreprise des moyens de contrôler leur travail, 28 % qu’il rend ce travail moins intéressant, 26 % qu’il détériore la relation avec le management. 17 % enfin estiment qu’il les empêche de se concentrer.
Au vu de ce tableau contrasté, rien d’étonnant s’il apparaît in fine que les salariés sont plutôt demandeurs de formation ou d’accompagnement. Tout se passe comme si, conscients du caractère ambivalent des outils numériques, ils rêvent de mieux les maîtriser pour en faire des outils qui accroissent leur productivité sans augmenter leur stress.
Une forte demande de formation
Ainsi, 63 % des sondés disent avoir des attentes autour de la formation et 64 % autour de l’accompagnement. Un résultat contre-intuitif pour ceux qui n’ont que des préjugés : ce sont les fameux digital native, les 15-24 ans qui sont relativement les plus nombreux à demander des formations (70 %), alors qu’ils sont plutôt dans la moyenne pour ce qui est de l’accompagnement (63 %). On sait l’importance pour les jeunes d’apprendre dans leur poste professionnel. Peut être faut-il voir dans leur demande de formation l’envie d’apprendre toujours davantage.
Parmi ceux qui demandent un accompagnement, 64,1 % souhaitent acquérir de nouvelles compétences numériques. Cette réponse arrive en tête loin devant les autres. A noter que 24 % aimeraient ainsi mieux gérer leur stress numérique pour être plus efficace.
Par ailleurs, si 9 % des actifs craignent que le numérique puisse menacer leur poste dans les trois années qui viennent, 53 % ont répondu qu’il transformait progressivement leur mission et 38 % ont considéré qu’il crée des possibilités d’évolutions professionnelles.
Enquête en ligne réalisée du 20 au 28 septembre auprès d’un échantillon représentatif, selon la méthode des quotas (sexe, âge, statut socio professionnel, zone géographique, secteur d’activité à l’exception des agriculteurs, ouvriers, sans-emploi).
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