"Continent 'mobile first', l'Afrique est la zone qui croît le plus vite chez Microsoft" selon Jean-Philippe Courtois

Microsoft a annoncé le 6 octobre le lancement de ses nouvelles Surface et smartphones, présentés en France au sein d'un lieu évènementiel baptisé Windows Cube au Centre Georges-Pompidou.

En marge de ces annonces, Jean-Philippe Courtois, président de Microsoft International, nous a accordé un entretien exclusif pour revenir sur la nouvelle stratégie du groupe et notamment son développement en Afrique.

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L'Usine Digitale - Trois ans après le lancement de la première Surface, que signifie pour vous de voir Apple et Google lancer des appareils similaires?

Jean-Philippe Courtois - Nous sommes heureux d'avoir créé une catégorie d'appareils reconnue par les utilisateurs. Une catégorie n'a de sens que s'il y a des usages associés. Et je peux vous dire que l'engouement que j'ai vu pour les Surfaces et pour les produits d'autres constructeurs, concurrents ou partenaires, nous permet d'émuler le marché. Cela veut dire que la demande, à la fois grand public mais surtout en entreprise, est particulièrement importante.

Est-ce que le Surface Book ne risque pas de froisser vos partenaires justement ?

Le sens de ces annonces, c'est de placer la barre très haut en matière d'expérience utilisateur. Le marché est suffisamment grand pour tout le monde, et on souhaite qu'il y ait, comme dans ce Windows Cube, de nombreux appareils différents qui répondent à tous les usages de nos utilisateurs. Nous espérons que cela donnera de l'élan à notre écosystème de constructeurs partenaires. Au-delà des appareils eux-mêmes, l'enjeu est aussi de montrer aux utilisateurs la qualité de l'expérience qu'on leur propose de bout en bout avec Windows 10.

Pourquoi s'engager sur le marché des wearables avec le Band alors qu'il semble déjà surchargé ? Vous arrivez un peu tard...

C'est un essai. Notre CEO, Satya Nadella, nous encourage à faire des essais et à aller vers de nouveaux marchés tout en restant humbles. On ne peut pas essayer de tout concurrencer, par exemple dans le milieu du luxe. On crée des appareils qui permettent aux utilisateurs de faire des choses dans leur vie personnelle, notamment sur le plan de la santé.

Et pas simplement par des applications qui vont permettre de mesurer leurs performances sportives, mais aussi en permettant à d'autres acteurs de l'écosystème d'avoir des applications qui vont gérer de bout en bout la santé d'un patient, par exemple quelqu'un souffrant d'une maladie chronique comme le diabète. Vous allez pouvoir échanger avec le patient, le laboratoire pharmaceutique ou le docteur en utilisant le Band qui est connecté au cloud dans lequel les applications des partenaires sont mises en œuvre. Nous menons des explorations avec de grandes entreprises qui voient le Band comme un dispositif pour accompagner certains de leurs services digitalisés.

Il s'est écoulé presque deux ans sans nouveau smartphone Lumia haut de gamme, pourquoi ?

Nous avons réalisé un travail important pour intégrer Nokia dans Microsoft, et nous avons aussi redéfini notre stratégie. La finalité n'est plus l'appareil en lui-même mais l'expression d'une informatique plus personnelle. Elle s'exprime par exemple dans Continuum, dans le scanner d'iris pour l'identification biométrique ou dans Cortana. Ces fonctionnalités se démarquent, et ce sont elles qui ont pris un peu de temps à se concrétiser.

A propos de Continuum, à qui s'adresse cette fonctionnalité qui transforme un smartphone en PC ?

Nous n'en sommes qu'au début de l'expérience Continuum. Il y a d'abord eu le concept et maintenant la première itération est là. Je pense qu'il nous faut exposer les utilisateurs aux différents bénéfices de cette technologie. Et il ne faut pas voir ça de façon monolithique, mais en fonction des utilisateurs et des pays. En Afrique par exemple, où le smartphone arrive à un niveau économique plus raisonnable, et sachant que c'est l'outil numérique principal pour 90% des gens, je pense que cela aura beaucoup de succès auprès des petites entreprises... Elles pourront mener leur business depuis leur téléphone et auront accès à toutes leurs ressources de CRM, de collaboration, de e-commerce, à Skype...

L'Afrique est un marché important pour vous ?

C'est l'une des zones qui grandit le plus vite chez Microsoft, et ce depuis plusieurs années. C'est typique d'un continent "mobile first", et on a un rôle à y jouer non seulement par l'héritage de Nokia qui y avait une présence forte, mais aussi au niveau de la plate-forme de cloud que l'on met en place et distribue auprès de différents acteurs.

Nous travaillons avec des gouvernements qui sont en train d'adopter des outils collaboratifs comme Office 365 pour l'éducation, je pense à des pays comme le Maroc, la Côte d'Ivoire ou l'Afrique du Sud, et qui l'étendent maintenant à leurs services publics. C'est une chaîne de valeur que l'on suit de bout en bout, de l'appareil à la plate-forme de cloud jusqu'aux services comme Office. On a aussi des hubs de startups, où on forme et aide à développer des centaines de startups africaines. On mène ces initiatives sous le label Microsoft 4Afrika.

Enfin, nous avons mené des expériences il y a deux ans et demi pour mettre en place des services de connectivité Wi-Fi haut débit dans des communautés de villages totalement éloignées en Namibie, en Tanzanie, au Kenya... Nous utilisons pour ce faire des technologies de Microsoft Research qui tirent parti des espaces blancs (bandes de fréquences inutilisées). Elles ont eu un grand succès et nous les déployons désormais globalement. On voit des écoles et des villages entiers qui se numérisent alors qu'il n'avait même pas l'électricité à l'origine.

Propos recueillis par Julien Bergounhoux

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