Covid-19 : la retail tech se mobilise pour les commerçants

Les start-up du retail annoncent la mise à disposition de leurs outils, souvent gratuitement, pour aider le secteur du commerce à surmonter les conséquences économiques causées par la pandémie de Covid-19. Une digitalisation du secteur à marche forcée qui est vivement encouragée par le gouvernement.

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Covid-19 : la retail tech se mobilise pour les commerçants

Magasins fermés, entrepôts aménagés, approvisionnement ajustés, livraisons limitées… Les conséquences de la pandémie de Covid-19 sur le commerce sont énormes. Pour certains professionnels qui disposent d’un point de vente physique, c’est un ralentissement, voire l’arrêt pur et simple, de leur activité si celle-ci n’est pas considérée comme essentielle. D'autant qu'en plus de la diminution du chiffre d’affaires s'ajoutent les problématiques liées à l’écoulement des stocks.

Car si le numérique peut limiter les conséquences économiques de l’épidémie de coronavirus, encore faut-il que les commerçants soient suffisamment avancés dans la mise en place d’outils digitaux pour en tirer parti. "Le canal e-commerce n’est pas toujours facilement accessible pour les commerçants, notamment les plus petits d’entre eux", rappelle Bercy dans un communiqué publié le 24 mars. Un constat qui avait poussé le Secrétaire d’Etat au Numérique, Cédric O, à lancer il y a une quinzaine de jours un appel aux entreprises numériques.

Pour faciliter l’accès aux solutions existantes, notamment en matière d’e-commerce, le secrétariat d’Etat chargé du Numérique et le secrétariat d’Etat auprès du ministre de l’Economie et des Finances rendent aujourd’hui publiques les offres, gratuites ou préférentielles, recueillies auprès d’entreprises de l’e-commerce. Destinées à faciliter la vente en ligne, le paiement ou la livraison, elles sont réunies au sein d’un guide pratique à destination des artisans, commerçants et indépendants depuis le samedi 20 mars sur la plate-forme France Num.

Faciliter l'ouverture de boutiques en ligne

Parmi celles-ci, la start-up Wishibam, éditrice d’une solution SaaS historiquement destinée aux centres commerciaux qui souhaitent digitaliser leurs magasins. Elle permet de retranscrire en temps réel les stocks du magasin sur une place de marché en ligne. La société française souhaite mettre en place une solution de digitalisation des boutiques pour les rendre accessibles 24/7 via une plate-forme locale qui prendra le nom de la ville. Ces marketplaces seront lancées si une masse critique de 100 commerçants sur une zone géographique est atteinte. Objectif : permettre aux commerces de continuer à générer du chiffre d'affaires en les aidant à écouler leurs stocks en magasins. Plus d'informations sur le site de Wishibam.

Le groupe WiziShop met à disposition des commerçants des boutiques en ligne gratuites et sans engagement pendant toute la période de crise via un formulaire accessible en ligne. Cette initiative, baptisée #EcommercreSolidaire, vise un double objectif : aider les commerçants mais également soutenir les projets de boutiques en ligne qui proposent des produits pouvant aider les malades ainsi que les personnes confinées pendant cette crise.


Teekers, solution positionnée sur l’e-commerce personnalisé de proximité, rend son accès gratuit pendant 6 mois. L’outil de Teekers permet à un commerçant de conserver son offre commerciale visible et accessible à distance, 7j/7 et 24h/24. Les consommateurs peuvent réserver ou faire des achats pour répondre à des besoins alimentaires de première nécessité, et dans certaines conditions, être livrés ou faire livrer leurs proches s'ils ne peuvent se déplacer. Teekers met également en place un programme de webinars auxquels les commerçants de proximité peuvent participer.

Solocal, groupe propriétaire du service PagesJaunes, ouvre son service à tous les professionnels pour la mise à jour de leurs informations et de leurs actualités en temps réel. L’application Solocal Manager leur permet en outre de tenir les consommateurs informés de leurs actualité, comme par exemple un restaurant fermé mais qui assure la livraison de repas à domicile, une activité maintenue mais des horaires modifiés, des consignes d’accès ou de distanciation sociale à respecter pour une pharmacie, ou encore des stocks réapprovisionnés sur certains produits pour les commerces alimentaires. Initialement réservée aux clients de Solocal ayant souscrit le pack Présence, cette fonctionnalité est dorénavant accessible à toutes les entreprises françaises.

Ideta, qui a créé une plate-forme de développement de chatbots pour les professionnels, propose gratuitement sa solution pour que ceux-ci puissent continuer de dialoguer avec leurs clients. Cette solution de livechat permet de gérer la vente et l'après-vente sur des sites web, mais aussi d'autres canaux de communication comme Facebook Messenger, SMS, Slack, Skype for Business ou même par la voix avec Google Assistant.

Dédié aux artisans, le site EldoTravo.fr propose d’offrir gratuitement l’un de ces trois services aux artisans dans le besoin, qu'ils soient adhérents ou non de la plate-forme : un mois de service gratuit sur EldoTravo.fr, ce qui permet de créer un espace en ligne, de disposer d’avis clients et d’utiliser le service de relances omnicanal prédictives pour s’assurer de la qualité de service tout au long du parcours client ; l’audit du référencement local afin de bénéficier d’une expertise en e-reputation pour fournir à aux artisans un audit complet de leur référencement sur un secteur géographique défini ; enfin, une formation Facebook à distance, un outil complémentaire à exploiter pour affiner sa e-reputation et dynamiser sa communication.


Des démarches responsables

Lineberty, qui développe une solution globale de gestion des files d'attentes, met sa solution à disposition de tous les établissements de première nécessité gratuitement durant la période de confinement. L’outil permet aux utilisateurs de prendre un ticket virtuel au lieu de se placer dans une file d’attente physique, de sélectionner l’horaire et d'être prévenus par Lineberty lorsque c’est leur tour.

Monkey-Locky, jeune pousse qui a inventé des consignes électroniques pour les clés, rend l’usage de celles-ci gratuit pour les personnes vulnérables et le personnel soignant. Ses consignes, qui sont notamment installées dans des commerces alimentaires (dont Carrefour), sont disponibles sur Paris, Lyon, Bordeaux, Nice et Nantes. Principe : le propriétaire des clés réserve un casier dans la consigne de son choix et y dépose ses clés grâce à son code secret de déverrouillage, puis il partage le code déverrouillage avec la ou les personnes qui doivent accéder à son logement. Il suit en temps réel les accès à ses clés et contrôle à distance l'accès à son casier. Plus d'informations par email ou téléphone (09.70.70.24.47).

Octoly, start-up spécialisée dans le marketing d’influence en France et aux Etats-Unis, a annoncé mettre gratuitement sa plate-forme à disposition des organismes nationaux pour favoriser la diffusion de messages de santé publique sur les réseaux sociaux. Elle revendique une communauté de 200 000 membres, dont 30 000 influenceurs, qui pourront diffuser massivement des informations à des millions de citoyens par le biais des réseaux sociaux, dont 80% ont entre 18 et 34 ans. Il suffit d'adresser une demande par email.

Tiller et Wizaplace se sont associées pour mettre en place une plate-forme gratuite de déstockage baptisée "Tiller Destock", accessibles aux particuliers et aux associations. Les restaurateurs peuvent mettre à disposition leurs produits dans un contexte de confinement qui ne leur a pas permis d’écouler leurs stocks.


Enfin, Mirakl, spécialisée dans les solutions de places de marchés, a lancé une plate-forme en partenariat avec la Direction Générale des Entreprises du Ministère de l’Economie et des Finances. Baptisée stopcovid19.fr, elle doit permettre de faciliter la distribution de ces produits de première nécessité pour les professionnels. Accessible aux professionnels de santé et aux institutions publiques, cette marketplace a pour objectif de centraliser l’offre et la demande, en commençant par la production de gel hydroalcoolique.

Faciliter les paiements

La fintech Lyf Pay rend son application d’encaissement Lyf Pro gratuite jusqu’à la fin de la période de confinement. Lyf Pro permet aux commerçants d’accepter des paiements par carte bancaire et par Lyf Pay. Lyf Pay permet des paiements sans contact, à distance et en proximité, via l’envoi par email ou SMS d’un lien de paiement sécurisé. L’inscription au service se fait sur Internet ou directement dans l’application Lyf Pro et permet au professionnel d’encaisser immédiatement. L’offre est particulièrement pertinente pour les professions libérales, les commerces de proximité, commerces de bouche ou encore des associations caritatives dans le cadre de l’encaissement de leurs prestations ou livraisons collaboratives. Ainsi, les volontaires de l’opération "Croix-Rouge chez vous" sont équipés de l’application Lyf Pro pour encaisser le paiement des produits de première nécessité livrés aux bénéficiaires dans le cadre des livraisons réalisées par le dispositif de conciergerie solidaire.

SumUp, spécialiste britannique de solutions de paiement en magasin et en ligne, a annoncé qu'il supprime les frais de transaction sur les paiements mobiles dans les pays impactés par la pandémie, et qu'il prévoit de lancer une solution de boutique en ligne et d’offrir un service d’émission de factures. La fintech met également en place un fonds de sauvetage des petites entreprises, abondé à hauteur de 1 million d'euros issu de ses capitaux propres et des contributions de ses salariés aux TPE. Il doit permettre d’accorder des avances de fonds aux commerçants en difficulté, via un dispositif d’avance de fonds à partir de 500 euros.


Les gros acteurs sur le pont

Au-delà des commerçants eux-mêmes, l’objectif des mesures gouvernementales est "de faire connaître auprès des consommateurs les options à leur disposition pour continuer à soutenir leurs commerçants de proximité pendant cette période difficile". Prestashop, Wynd et Epicery (e-commerce), Paylib (paiement), Cubyn, Shopopop et Stuart (livraison, logistique) sont également des sociétés françaises mises en avant sur le portail, tout comme les mastodontes Cdiscount et leboncoin. L'idée est d’assurer un soutien officiel de l'Etat aux solutions made in France face à la domination annoncée de gros acteurs, comme Amazon, qui cherche également à séduire les petites et moyennes entreprises.

Une urgence dont les gros acteurs ont évidemment conscience : le Japonais Rakuten a annoncé offrir 3 mois d’abonnement sans engagement de durée à tous les nouveaux marchands décidant d'utiliser sa plate-forme. Ce afin de les aider à mettre leur catalogue en ligne et assurer une continuité de leur activité. La société leur réserve également le taux de commission le plus faible de la plate-forme. Les marchands auront notamment accès à des sessions vidéo d’accompagnement et de formation par les équipes. A la fin de la période de trois mois, les marchands auront la possibilité de continuer à utiliser le service en sélectionnant l’abonnement le plus adapté à leurs besoins, et pourront faire découvrir leur magasin physique aux acheteurs avec l’option Click & Collect. Sur le volet livraison, pour pallier la fermeture de nombreux points relais, Rakuten propose des solutions alternatives aux vendeurs comme aux acheteurs, en collaboration avec la Poste.

Le Canadien Shopify propose à ses vendeurs français plusieurs dispositifs, comme des cartes-cadeaux pour soutenir l’activité des marchands afin de permettre aux consommateurs de soutenir leurs e-shops en libérant des liquidités. L’éditeur de solutions e-commerce offre également un essai gratuit de sa solution prolongé à 90 jours et un ensemble de webinar gratuit pour lancer son site commerçant au travers de cours dispensés par Shopify Campus et disponibles en français.

Accélérer et PÉRENNISER La TRANSFORMATION du commerce

Cette digitalisation du secteur à marche forcée, encouragée par le gouvernement, pourrait permettre d'accélérer une transformation qui s'avère de toute façon nécessaire : selon le Conseil National du Numérique, seules 16% des PME et TPE françaises vendaient en ligne en 2015. Un taux qui place l’Hexagone au 13e rang européen. Même constat sur l’exportation. Selon Deloitte, seules 8% des entreprises françaises vendent en ligne à des consommateurs dans d’autres pays européens.

Les actions des différents prestataires du secteur ne sont d'ailleurs pas complètement désintéressées. Un commerçant mettant en place un service gratuit durant la crise, continuera vraisemblablement à l'utiliser, même en payant une fois qu'elle sera terminée. L'acquisition de clients est donc bien réelle, et ces entreprises auraient tort de ne pas chercher à capitaliser sur cette opportunité, quand bien même elle est le résultat d'une crise sanitaire sans précédent et aux conséquences économiques et sociales redoutables.

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