Dans les Bouches-du-Rhône, le programme I-NovMicro éveille les vocations pour l'électronique
Porté par le Campus des Métiers et des Qualifications d’Excellence Industrie du Futur Sud, le projet I-NovMicro vise à encourager les jeunes, du collège aux écoles d’ingénieurs, à intégrer les filières électroniques et micro-électroniques. Avec de nouvelles formations et expérimentations à la clé.
Jean-Christophe Barla (Provence-Alpes-Côte d'Azur)
Les composants et technologies électroniques inondent tous les secteurs, mais les candidats manquent pour concevoir et imaginer les innovations de demain. Vivement encouragé par STMicroelectronics à Rousset (Bouches-du-Rhône), le Campus des Métiers et des Qualifications d’Excellence Industrie du Futur Sud, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, a donc intégré fin 2021 une branche "microélectronique", en plus du nucléaire et de l’aéronautique.
Le programme "I-NovMicro" a émergé afin de renforcer les formations par des modules nés de l’expression des besoins des entreprises et de développer des plateaux d’expérimentation dans les établissements scolaires pour susciter des envies dès le collège.
"La microélectronique connaît une période de forte croissance mais se situe à un tournant. Les compétences-clés évoluent fortement, confie Philippe Marc, directeur général de ST Rousset. Il nous faut être au plus près des jeunes pour leur montrer que notre filière qui représente près de 10 000 emplois dans la région dont 3 000 chez ST Rousset a besoin d’eux. Ce campus, c’est tout sauf de la théorie !"
Elaboré pour se déployer jusqu’en 2025 avec un budget de 2,5 millions d’euros, I-NovMicro réunit 11 partenaires publics et privés, industriels et académiques. Aujourd’hui à mi-parcours, il enregistre des résultats concrets sur des cursus de Bac -3 à Bac +8.
Pratiquer pour apprendre
"Nous ambitionnions au lancement d’I-NovMicro de créer 60 nouveaux modules de formation, une vingtaine sont déjà en place, explique Laurent Renaux, directeur de l’association Campus des Métiers. Il faut du temps pour obtenir la légitimité et la reconnaissance des nouveaux parcours. Nous nous efforçons d’éviter les doublons entre les établissements, nous travaillons aussi à favoriser les passerelles avec les autres filières du Campus et leurs projets RotorSkills 4.0 dans l’aéronautique et Excellence Nucléaire Sud."
Trois modules ont ainsi été créés en "data analyse", un nouveau Mastère spécialisé de Concepteur de composants sécurisés pour l’internet des objets, un autre d’ingénieur Systèmes Numériques en alternance comme "Architecte en solutions de l’internet des objets" pour une quinzaine d’apprentis par an… L’intelligence artificielle augmentée, la conception analogique, les data sciences… s’insèrent également dans des formations des universités et écoles d’ingénieurs.
Le Campus G.Charpak à Gardanne, entité de l’Ecole des Mines de Saint-Etienne, abrite grâce à I-NovMicro une salle blanche-école.
L’enseignement scientifique au lycée est enrichi dans la filière STI2D de Sciences de l’Ingénieur… Et il se veut plus pratique avec le déploiement d’un "FabLab" au Lycée Fourcade de Gardanne, de plateaux comme une salle grise au Pôle Formation de l’Industrie UIMM Sud pour former des opérateurs de maintenance, une salle blanche-école à Gardanne sur le campus Georges Charpak Provence de l’Ecole des Mines de Saint-Etienne (EMSE)…
"Un million d’euros a été consacré à ces investissements," indique Laurent Renaux. La coopération avec ST Rousset s’est notamment concrétisée sur la fourniture de cartes électroniques pédagogiques STM32 pour détecter et défricher le goût des élèves pour la programmation électronique. "Ce projet représente un montant de 200 000 euros dont la moitié est déjà consommée. Après la sortie des premiers prototypes, nous entrons dans le mode pré-séries," poursuit-il.
Décupler les ambitions
La nouvelle offre de formation concerne la production (fabrication de semi-conducteurs, maintenance, robotique…) et la conception / R&D (circuits intégrés, cartes électroniques, design analogique, sécurité, connectivité, intelligence artificielle…). A l’issue d’I-NovMicro, 1 680 jeunes de moins de 26 ans et 1 360 salariés ou personnes en reconversion devront avoir bénéficié des nouveaux modules de formation.
Déjà à l’origine de hackathons, de "kits pédagogiques" et partenaire de la formation à la Data Analyse en synergie avec Aix-Marseille Université, l’Université Côte d’Azur et son Institut 3IA, l’EMSE et l’ISEN Yncréa Méditerranée, Philippe Marc encourage un développement sur le métavers pour faire dialoguer des scolaires, des étudiants, des enseignants avec des professionnels au sein d’univers complètement virtuels. Un projet "I-NovMicro 2" est déjà dans les tuyaux.
Il sera encore plus ambitieux avec une trentaine de partenaires publics et privés et un montant global dédié aux actions de 34 millions d’euros. Des entreprises comme Schneider Electric ou ERM Automatismes s’impliqueront à leur tour, mais toutes les filières industrielles régionales en bénéficieront à travers Industries Méditerranée qui les fédère. "Forts de nos premières réalisations, nous espérons qu’I-NovMicro 2 sera reconnu et soutenu par l’Etat", confie Christine Baze, présidente d’Industries Méditerranée et du Campus des Métiers. La contribution sollicitée s’élève à 22 millions d’euros.
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