Deliveroo : nouvelle mobilisation des livreurs prévue vendredi 11 août à Paris

La foodtech britannique prévoit en France une nouvelle évolution de son mode de rémunération. Désormais, tous les livreurs partenaires seront payés à la course. Les livreurs concernés, qui craignent une précarisation accrue, prévoient de poursuivre leur mobilisation avec un rassemblement parisien en fin de semaine.

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Deliveroo : nouvelle mobilisation des livreurs prévue vendredi 11 août à Paris

Après des rassemblements à Bordeaux et Lyon la semaine dernière, les livreurs de Deliveroo prévoient une nouvelle mobilisation le soir du vendredi 11 août à Paris. "Nous allons tracter toute la semaine pour inviter les livreurs à se réunir vendredi soir place de la République. Il y aura des piquets de grève devant les restaurants. L'objectif est de sensibiliser les clients et les restaurateurs", expose Jérôme Pimot, ancien coursier à vélo et membre fondateur du Collectif des livreurs autonomes de Paris.

Un vent de fronde directement lié à l'évolution du mode de rémunération imposé par la direction de la foodtech britannique spécialisée dans la livraison de repas et désormais présente dans plusieurs pays européens. Jusqu'à présent, en France, Deliveroo fonctionnait avec deux modes de rémunération. Les "anciens' livreurs partenaires, arrivés avant août 2016, sont payés à l'heure : 7,50 euros. Rémunération de base à laquelle s'ajoutent 2 à 4 euros supplémentaires par course et des primes selon les jours travaillés et la météo. Les "nouveaux" livreurs, ceux arrivés chez Deliveroo après août 2016, sont eux rémunérés à la course : 5 euros par course en région et 5,75 euros à Paris, où le coût de la vie est plus élevé.

La fin de la rémunération à l'heure

La direction de Deliveroo explique que ce nouveau mode de rémunération a été proposé il y a un an car il était devenu possible de garantir un nombre suffisant de courses aux livreurs partenaires. Ce qui n'était pas le cas, un an auparavant, au lancement de Deliveroo en France compte tenu de sa plus faible activité. "Il nous a alors semblé légitime de changer de contrat", déclare la direction de Deliveroo.

Le 27 juillet dernier marque une nouvelle étape. La foodtech britannique décide de mettre un terme à ce double système de rémunération en payant tous les livreurs, quel que soit leur ancienneté, à la course. Les "anciens" livreurs partenaires ont donc reçu un email les invitant à signer un autre contrat, qui définit ce nouveau mode de rémunération, avant la fin du mois d'août.

Une Possible baisse du chiffre d'affaires

Seulement, selon les calculs des livreurs, ce changement se traduirait par une baisse de 18 à 30% de leur chiffre d'affaires. De son côté, la direction ne communique pas sur l'impact de ce changement de mode de rémunération sur le chiffre d'affaires des livreurs partenaires. Toutefois, elle rappelle qu'au cours des trois derniers mois, les livreurs partenaires rémunérés à la course ont vu leur chiffre d'affaires augmenter de 7%, grâce notamment au déploiement d'un nouvel algorithme d'allocation des commandes baptisé Franck.

Autre point de désaccord : le nombre de livreurs partenaires concernés par cette homogénéisation. Selon la direction, 10% des 7500 livreurs partenaires de Deliveroo seraient concernés par ce changement. Une estimation qui n'est pas partagée par les livreurs. "Nous, on parle plutôt d'un millier. Par exemple, la direction parle de 90 livreurs concernés à Bordeaux alors que nous en comptabilisons presque 200. Paris, Lyon, Bordeaux, Lille, Nantes, Rennes… Toutes les villes ouvertes avant l'année dernière sont concernées", estime Jérôme Pimot.

La direction affirme même que certains "anciens" livreurs sont volontairement passés sur un contrat de rémunération à la course. "Au moment du repas, un livreur peut effectuer entre 3 et 4 courses par heures. Sur Paris, cela représente une tarification horaire 50% supérieure au Smic", avance la foodtech. "La moyenne de 3,2 courses par heure au moment du repas, c'est une moyenne qui correspond au meilleur coursier de Paris, qui se situe au meilleur endroit et à la meilleure heure", rétorque Jérôme Pimot.

L'indépendance en question

Les "anciens" livreurs partenaires de Deliveroo qui ne souhaitent pas changer de mode de rémunération sont libres d'aller travailler avec d'autres plates-formes, indique Deliveroo. "C'est de l'abus de position dominante. Aller travailler chez Foodora ou UberEats nécessite de passer des qualifications. Il n'y a pas de liberté qui permette de travailler pour qui on veut quand on veut", juge Jérôme Pimot.

Le fondateur du collectif dénonce également une entente sur les prix. "Toute la tarification des plates-formes nous est imposée. C'est une entente sur les prix institutionnalisée". Il estime que la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) doit s'en saisir.

Le mode Free Redouté

Jérôme Pimot accuse la direction de mettre en danger physique les jeunes livreurs et craint qu'une nouvelle étape soit franchie. "Le but de Deliveroo c'est de passer au mode Free, c’est-à-dire que les livreurs pourront aller travailler quand ils le souhaitent, à n'importe quelle heure, il n'y aura plus de planning". Une sorte de liberté que Deliveroo accordera en échange d'une baisse de la tarification, croit savoir l'ancien coursier. "Dans six mois, on sera à 4 euros la course", prédit-il. "Ce n'est pas à l'ordre du jour", répond la direction.

Pour avoir plus de poids dans les négociations à venir, Jérôme Pimot travaille à la constitution d'un syndicat. "Il nous faut des outils et des moyens pour construire l'unification à l'échelle européenne, car ces entreprises jouent au niveau européen et la contestation enfle dans tous les pays", assure-t-il.

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