Des cultivateurs-bricoleurs fabriquent eux-mêmes leurs machines agricoles grâce à l'open hardware

L’open hardware, qui permet aux passionnés de technologie de construire eux-mêmes leurs robots, leurs smartphones ou leurs voitures, intéresse un nouveau public : les agriculteurs. Grâce à des plans accessibles librement sur Internet, ils peuvent fabriquer des machines agricoles moins chères que celles qui sont disponibles dans le commerce.

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Des cultivateurs-bricoleurs fabriquent eux-mêmes leurs machines agricoles grâce à l'open hardware

Les agriculteurs s'intéressent de plus en plus à l'autoconstruction, ou open hardware, qui leur permet de construire eux-mêmes des machines agricoles directement dans leurs exploitations, avec du matériel facile à trouver dans le commerce ou à fabriquer avec une imprimante 3D. Ce mouvement, initié par des informaticiens qui ont développé des logiciels libres de droits, s'est progressivement étendu au monde du hardware.

Il s'est développé dans l'agriculture aux Etats-Unis : la coopérative Open Tech Forever développe par exemple des plans open source pour des appareils agricoles et les diffuse sur Internet. En France, l'Atelier Paysan fait de même. Sous licence Creative Commons, ces modes d'emplois qui ressemblent à s'y méprendre à des notices Ikea ne sont soumis à aucun brevet, ils peuvent même être modifiés librement par leurs utilisateurs.

Des ateliers de formation dans toute la France

Les cultivateurs se lancent dans ces jeux de mécano géant pour faire des économies sur leur matériel. Les outils de planches permanentes, qui permettent de préparer la terre en évitant que celle-ci ne devienne trop compacte, coûtent en moyenne 6000 euros dans le commerce. Les agriculteurs ne doivent débourser que 2000 euros de matière première et passer une semaine à travailler sur l'appareil s'ils optent pour l'autoconstruction.

Créé en 2013 en Rhône-Alpe, L'Atelier Paysan (ex-Adabio Autoconstruction) était au départ une association. La structure, devenue une coopérative en 2014, ne se contente pas de diffuser des plans libres de droits sur son site web : elle met en place des ateliers de formation dans toute la France, pour aider les agriculteurs qui souhaitent fabriquer leur propre machine agricole open source à faire les premiers pas. 8 à 12 personnes passent entre un et cinq jours à concevoir un outil utile pour le maraîchage, par exemple. Ils viennent en cours avec leur matière première, le coût de la formation (qui dépend de la durée du stage) peut être pris en charge par un organisme de formation public.

Développer les plans de sa machine à partir de rien

L'Atelier Paysan aide également ceux qui souhaitent développer une nouvelle machine à partir d'une page blanche. En 2014, la coopérative a par exemple soutenu une poignée de viticulteurs du nord de l'Ardèche qui souhaitaient gérer plus facilement l’enherbement et le travail du sol de leurs vignes, qui produisent du Saint-Joseph. Ils se sont réunis avec les pros du bricolage de L'Atelier Paysan à quatre reprises, pour déterminer ensemble leurs besoins dans le détail (travailler plus efficacement la terre avec une machine peu chère), puis pour décider de la forme que prendrait l'appareil.

Ils ont travaillé sur les plans d'un pré-prototype, avec les mesures détaillées de chaque constituant de la machine, ses références et un mode d'emploi expliquant dans le détail comment concevoir l'appareil. La difficulté principale de cette étape : faire en sorte que cet outil soit réplicable facilement par d'autres viticulteurs. Il faut donc que le matériel nécessaire à sa fabrication soit accessible facilement (les pièces doivent être de taille standard) et pas trop cher. Ils ont testé le pré-prototype dans les vignes à deux reprises. Un chantier de prototypage définitif aura lieu début mars 2015.

Lélia de Matharel

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