Du matériel roulant à l'infrastructure, l'importance de la maintenance prédictive pour la RATP
La RATP a développé son propre outil de maintenance prédictive pour le RER A. Le logiciel baptisé Serval permet d'identifier un certain nombre de pannes avant qu'elles ne surviennent pour qu'un technicien intervienne en amont et que cela ne perturbe pas la circulation. La RATP travaille également à déployer de tels outils sur son infrastructure. L'immensité du réseau exploité et la nature stratégique des équipements rendent ce type de solutions d'autant plus importantes.
La RATP a développé en interne son outil de maintenance prédictive pour les rames du RER A. Ce type de maintenance, qui permet des interventions non systématiques sur une panne éventuelle en raison d'une alerte, se différencie de la maintenance corrective qui correspond aux interventions sur une panne et de la maintenance préventive qui sont les interventions systématiques avant qu'une panne ne survienne.
Le but étant d'anticiper les opérations de maintenance afin "d'avoir un maximum de rames disponibles au moment de l'exploitation" et d'éviter les incidents d’exploitation, résume Charles Gautier, responsable préventif de l'atelier de maintenance du RER A.
Des données issues de 140 trains
Baptisé Serval cet outil déployé depuis 2018 collecte les données issues des matériels roulants MI09, ce qui correspond à 140 trains sur les 183 en circulation sur le RER A. Certaines rames ont été exclues car elles ne remontent pas suffisamment d'informations. Les données sont communiquées en temps réel et analysées par le logiciel Serval qui modélise et centralise des pronostics de pannes détectées par le train.
Différents messages de maintenance et des alertes, avec divers degrés de gravité, sont remontés sur le système. Serval sert donc d'interface entre le train et les mainteneurs dans le but d'anticiper les opérations de maintenance tout en précisant l'urgence de ces réparations.
"Lorsque le technicien s'occupe de la maintenance, il précise dans le système Serval si l'opération était vraiment nécessaire en raison d'un risque d'avarie et quand elle a été réalisée", glisse un employé RATP travaillant avec ce logiciel. Cela permet à Serval de s'améliorer quotidiennement avec ces données supplémentaires.
La maintenance prédictive se concentre sur les éléments pour lesquels la RATP collecte suffisamment de données en raison d'un nombre suffisant de capteurs sur les équipements. Pour le RER A, sont concernés : les portes, la fonctionnalité de pilotage automatique, la climatisation, les freins, les signaux,... jusqu'à 40 pronostics peuvent être réalisés.
L'ensemble des trains en circulations sont visibles sur Serval.
Fiabilité de 70 à 80% de certains diagnostiques
Par exemple, pour les portes, Serval évalue le temps d'ouverture et de fermeture. Si les délais sont trop longs, cela laisse penser qu'une panne peut survenir à tout moment. Mais ces informations sont aussi pondérées avec des données annexes : en heures de points, il est logique que ces temps soient rallongés sans que cela ne laisse supposer qu'une panne va arriver puisque le flux de voyageurs est beaucoup plus important.
Sur les portes le taux de fiabilité des diagnostiques est de 70 à 80%. De nombreux capteurs sont fixés à l'intérieur de celles-ci en raison de leur importance : si une porte ne fonctionne plus, cela a un impact sur la régularité du trafic contrairement à la climatisation qui affecte principalement le confort des passagers. La RATP prévoit d'ajouter des fonctions supplémentaires sur Serval au fur et à mesure. Les équipes réfléchissent actuellement à ajouter l'information voyageur.
Les portes devant faire l'objet d'une maintenance sont visibles.
De la maintenance prédictive pour l'infrastructure
La preuve que la RATP est satisfaite de son outil de maintenance prédictive ? Une deuxième version, Serval 2, est déployée pour les matériels roulants MP05 et MP89 circulant sur les 1 et 14 du métro parisien. Le groupe utilise également de tels outils pour surveiller l'infrastructure, comme les pantographes.
Dans le cadre du Rail Open Lab, un laboratoire devant favoriser l'open innovation entre une trentaine d'acteurs du monde ferroviaire, la RATP a également pu tester un outil de maintenance prédictive pour les ventilateurs de désenfumages. Ce matériel sensible, qui sert à évacuer la fumée et empêcher les départs de feu, doit être tout le temps en fonctionnement. Près de 350 équipements de ce type sont présents sur l'ensemble de son réseau.
En partenariat avec SKF, 12 ventilateurs de désenfumage connecté ont été mis en place. Ils remontent les données sur leur état de santé afin d'anticiper les pannes. Si Hélène Bahezre, pilote de programme d’innovation NTAP & Robotique, affirme "avoir beaucoup appris sur les quatre mois de la durée de ce pilote", la RATP ne précise pas si cela sera déployé à grande échelle. Mais le groupe semble décidé à tester de nombreuses solutions de maintenance prédictive.
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