E-santé : Moins de levées de fonds en 2022, mais de plus gros tickets
Un bilan des levées de fonds françaises dans le secteur de la santé digitale a été présenté lors de la conférence "grandes tendances de la e-santé en 2023". 39 start-ups ont levé au total 1,16 milliards d’euros en 2022. Elles étaient plus nombreuses (67) à réaliser un tour de table en 2021, mais pour 138 millions de moins. La santé n’échappe pas à la tendance globale : les investisseurs préfèrent investir dans des business consolidés.
Le 24 janvier s’est déroulée la conférence annuelle sur "Les grandes tendances de la e-santé en 2023", organisée par Interaction Healthcare. À cette occasion, Sandrine Cochard, directrice des rédactions de Mind Health, média consacré à la mutation du marché de la santé, a présenté un bilan des levées de fonds françaises dans la e-santé sur l’année écoulée.
En résumé, le nombre de start-up françaises ayant profité d’une levée de fonds a beaucoup diminué en 2022 par rapport à l’année précédente, mais le ticket médian a fortement augmenté.
Moins de levées
Si la santé digitale a été stimulée par la crise sanitaire, le secteur a ensuite suivi la tendance globale : le début de l’année 2022 était encore porté par la dynamique de 2021, mais à partir du troisième trimestre, les levées de fonds ont baissé en raison du contexte macro-économique incertain et d’investisseurs plus attentistes et exigeants.
Les start-ups françaises de la e-santé ont levé 1,16 milliard d’euros en 2022, selon mind Health, qui ne prend en compte que les opérations annoncées publiquement. C’est 138 millions de plus qu’en 2021. Toutefois, les entreprises qui en ont profité étaient moins nombreuses : seules trente-neuf ont réalisé un tour de table en 2022 alors qu’elles étaient soixante-sept en 2021.
Mais de plus gros tickets
En revanche, celles qui ont réussi à sortir leur épingle du jeu ont eu accès à des sommes plus conséquentes : le ticket médian a presque triplé. Il tournait autour de 2,5 millions d’euros depuis 2018 et est monté à 7 millions en 2022. Les levées de moins de 5 millions d’euros se sont faites plus rares : seize l’année dernière contre quarante-sept en 2021, alors qu’il y a eu dix-huit levées comprises entre 5 et 25 millions d’euros dans le secteur, soit cinq de plus qu’en 2021.
"L’essentiel des sommes levées en 2022 est ainsi resté concentré sur quelques opérations clés", explique Mind Health : 82,9% du montant total a été investi sur neuf start-ups seulement qui ont levé plus de 20 millions d'euros chacune. Quatre des plus grandes levées de fonds enregistrées par le secteur l'ont été l'an dernier : 500 millions d'euros pour Doctolib en mars, 183 millions d'euros pour Alan en mai, 80 millions d'euros pour Padoa, spécialisée dans la santé au travail et 70 pour Diabeloop, axée sur le traitement du diabète.
Les investisseurs veulent des start-up consolidées
Un constat qui montre que dans la santé digitale comme dans tous les autres secteurs, les investisseurs, autrefois adeptes de l’hyper-croissance, cherchent à présent à miser sur des start-up aux modèles consolidés et rentables. “Nous sommes arrivés à une étape où les fonds peuvent s’intéresser d’avantage aux clients, notamment les hôpitaux, afin d’analyser leurs besoins et leur apporter des solutions clefs en main”, a expliqué Chahra Louafi, responsable du fonds "Patient Autonome" chez Bpifrance à Mind Health.
"Actuellement, les fonds demandent des consolidations, s’interrogent davantage sur la nécessité ou non d’effectuer des bridges afin de créer de la valeur en interne et ainsi arriver avec des solutions plus complètes au tour d’investissement suivant", ajoute-t-elle, précisant qu'ils "retardent parfois d’eux-mêmes l’arrivée sur le marché des start-up de leur propre portefeuille, afin de les financer en interne, le temps de répondre aux exigences attendues".
Retour aux fonds spécialisés
Par ailleurs, le marché serait "de nouveau principalement occupé par des fonds spécialisés" en santé digitale. Avec la crise sanitaire, "les fonds généralistes ont souhaité investir dans le secteur de la santé par intérêt voire spéculation, en se disant qu’il était prometteur", a pointé du doigt Valéry Huot, en charge de l’activité Venture-Santé digitale chez LBO France, "mais face à la complexité du secteur, qui implique des connaissances à la fois techniques et médicales, aujourd’hui, ils reculent”.
La catégorie de santé digitale ayant levé le plus est “l’aide à la décision ou diagnostic”, avec huit représentantes (elles étaient déjà sept en 2021) : Incepto, Therapixel, Allisone, Siview, Sonup, Surge, Nurea et Diagnoly.
La télémédecine en berne
En revanche, la catégorie “Télémédecine et télésuivi” est en berne avec seulement quatre levées cette année (Apricity, Sêmeia, Charles.co et Cardiorenal), contre dix-sept, soit le plus grand nombre, l’année dernière.
Après une crise COVID profitable, la téléconsultation marque le pas et le fait que les députés de la Commission des affaires sociales aient adopté mi-octobre un amendement interdisant les téléconsultations depuis chez soi dans le cadre de l’examen du projet de loi de financement de la sécurité sociale pour 2023 n’est pas de bon augure.
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