Elon Musk confirme avoir interféré avec la guerre en Ukraine en désactivant Starlink en Crimée

Une offensive militaire de l'Ukraine dans le territoire disputé de la Crimée a été empêchée par Elon Musk il y a un an, révèle une biographie du patron de SpaceX. Celui qui se rêvait enfant en super-héros avait désactivé ses satellites Starlink sur place pour éviter "un mini Pearl Harbor".

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Elon Musk confirme avoir interféré avec la guerre en Ukraine en désactivant Starlink en Crimée

La biographie du milliardaire Elon Musk, écrite par le journaliste Walter Isaacson et à paraître ce 12 septembre, n'en finit pas d'alimenter la presse d'anecdotes toutes plus croustillantes les unes que les autres. L'une se distingue toutefois, tant elle décrit l'immense pouvoir que le patron de Tesla, SpaceX et Twitter a accumulé ces dernières années. Publié jeudi dernier dans le Washington Post, un extrait du livre décrit en effet son implication dans la guerre entre l'Ukraine et la Russie, avec le récit de l'échec d'une attaque dans lequel il est directement impliqué.

Alors qu'il avait depuis l'invasion russe apporté son soutien au pays de Volodomyr Zelensky en lui fournissant gracieusement plusieurs milliers de terminaux de connexion Starlink conçus par sa société SpaceX, Elon Musk a, selon la biographie, fait échoué une opération militaire majeure de l'Ukraine. Walter Isaacson écrit qu'il a en effet ordonné que soit coupée, en septembre 2022, la couverture réseau de ses appareils dans un rayon de 100 kilomètres autour de la côte de Crimée, brouillant à la dernière minute le signal de six drones ukrainiens qui devaient faire exploser la flotte navale ennemie basée à Sébastopol.

"Un mini Pearl Harbor"

Arguant auprès de hauts responsables américains, ukrainiens et russes qu'il ne souhaitait pas que ses satellites soient utilisés dans le cadre d'offensives militaires, le milliardaire s'est vu depuis la parution de l'extrait de sa bibliographie reprocher cette décision. Walter Isaacson est finalement revenu sur une partie de son récit, ajoutant qu'Elon Musk "avait déjà désactivé ("géo-bloqué") la couverture dans un rayon de 100 kilomètres de la côte de Crimée avant le début de l'attaque et [que] lorsque les Ukrainiens l'ont découvert, ils lui ont demandé d'activer la couverture, ce qu'il a refusé".

De son propre aveu, le fondateur de SpaceX craignait une réponse nucléaire de l'armée de Vladimir Poutine à une attaque sur le territoire disputé de la Crimée, lequel a été annexé en 2014 par la Russie. "Si les attaques ukrainiennes avaient réussi à couler la flotte russe, cela aurait été comme un mini Pearl Harbor et cela aurait conduit à une escalade majeure. […] Nous ne voulions pas en faire partie", peut-on lire dans une retranscription orale incluse dans la biographie à paraître.

Enfant, Musk se rêvait en héros

Pourtant, il apparaît qu'Elon Musk a tout fait, ces 20 dernières années, pour occuper un rôle de premier plan dans ce type d'événements. Son biographe Walter Isaacson le décrit au début de sa vie comme "un enfant maigre et socialement maladroit qui se faisait battre dans la cour de récréation de son école en Afrique du Sud" qui a "toujours aimé s'imaginer en héros partant à la rescousse, engagé dans des quêtes épiques".

Les diverses entreprises qu'il a depuis fondées ou rachetées témoignent également de son intérêt pour la chose politique. Fin août, le New Yorker décrivait également la façon dont l'appétit du milliardaire couplé à "un contexte de délabrement des infrastructures et de perte de confiance dans les institutions" a donné lieu à une situation de dépendance de nations comme les Etats-Unis et l'Ukraine envers un seul homme, au tempérament plus qu'instable.

Elon Musk a d'ailleurs progressivement réduit la voilure sur son soutien à l'Ukraine. En octobre dernier, quelques jours seulement après la mission ukrainienne à Sébastopol, il avait proposé sur Twitter un plan de paix largement à l'avantage de la Russie, s'attirant les foudres de hauts fonctionnaires ukrainiens et les faveurs de l'entourage de Vladimir Poutine. Sa société SpaceX a depuis demandé aux Etats-Unis de payer pour ses satellites déployés en Ukraine, ce qu'a promis de faire le pays de Joe Biden dans un contrat en juin dernier.

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