Emploi dans les télécoms : Montebourg et Niel ont tous les deux raison
Dans un échange de tweets acéré le 10 décembre, le ministre du Redressement productif Arnaud Montebourg et Xavier Niel, le patron d’Iliad, la maison mère de Free, ont tous deux avancé des chiffres concernant l’emploi dans les télécoms. Destruction d’un côté, création de l’autre… des éclaircissements s’imposent.
Elodie Vallerey
S’il se félicitait en 2012 de l’arrivée du quatrième opérateur téléphonique Free Mobile, Arnaud Montebourg semble avoir changé d’avis.
Le 10 décembre, dans une altercation par comptes Twitter interposés, le ministre du Redressement productif et Xavier Niel, le fondateur d’Iliad et de Free Mobile, se sont livrés à une bataille de chiffres à propos de l’emploi dans les télécoms.
@xavier75 Toujours plus de destruction d'emplois dans les telecoms grâce au excès low cost de #freeMobile :-(
— Arnaud Montebourg (@montebourg) 10 Décembre 2013
@xavier75 Plans sociaux telecom : Alcatel, Bouygues, PhoneHouse, Technicolor. Un rapport prévoit la perte de 61K emplois et l'Arcep de 10K.
— Arnaud Montebourg (@montebourg) 10 Décembre 2013
De son côté, Xavier Niel avance d’autres données :
.@montebourg Telecom: 124K emplois directs en 2009, 129K en 2012 + 5K emplois créés grâce à #FreeMobile. Et votre bilan M. le Ministre ? :-)
— Xavier Niel (@Xavier75) 10 Décembre 2013
L'un prend en compte l'ensemble de la filière, l'autre pas
Dans cette guerre chiffrée, qui a raison ? Les deux. Arnaud Montebourg intégre dans ses allégations l’emploi dans l’ensemble de la chaîne des télécoms, des opérateurs aux équipementiers ainsi que les distributeurs.
Dans une interview sur RTL, Arnaud Montebourg met sur le même plan la suppression de 1 000 emplois chez Phone House, 4 000 dans les centres d'appels téléphoniques et 10 000 emplois dans le monde chez Alcatel-Lucent entre 2012 et 2013.
Une vision globale qu'avait déjà adopté le ministre du Redressement productif dans un entretien à L'Usine Nouvelle en novembre 2012.
Il s’appuie aussi sur le rapport universitaire du professeur Bruno Deffains paru en juin 2012, qui prévoyait une destruction nette de 61 600 emplois dans les télécoms comme conséquence à l’arrivée de Free Mobile : 10 600 chez les opérateurs mobiles eux-mêmes, 35 200 chez les partenaires de 1er rang, 15 800 chez les autres partenaires.
Xavier Niel avait d’ailleurs porté plainte contre Bruno Deffains pour dénigrement, avant d’être débouté de son action en mars dernier.
Un nombre stable de salariés... chez les opérateurs
Arnaud Montebourg brandit ensuite les 10 000 pertes d’emplois dans les télécoms évoquées par l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep)... en mars 2012. Un chiffre contredit depuis par les résultats définitifs de l’Observatoire des investissements et de l’emploi des marchés des communications électroniques de l’Arcep publiés en juillet dernier : "En 2012, le nombre de salariés des opérateurs de communications électroniques est resté stable (+0,1% par rapport à 2011) avec 129 000 personnes en décembre 2012."
C’est sur ces données basées sur les emplois chez les opérateurs télécoms uniquement que Xavier Niel a fondé son argumentaire sur Twitter.
Elodie Vallerey
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