Tout le dossier Tout le dossier
-
Informatique
While 42, le réseau des développeurs français
-
Informatique
Les six propositions du rapport Krim pour valoriser la fonction de développeur en France
-
Informatique
Découvrez la liste de développeurs français sélectionnés par Tariq Krim
-
Logiciels & Applications
En France, les développeurs sont condamnés à la stagnation professionnelle
-
Informatique
Six méthodes pour apprendre à coder sans s’asseoir sur les bancs de l’école
-
La matinale de l'industrie
"Il faut s'appuyer sur les développeurs pour réinventer la France", selon Tariq Krim
-
Informatique
A l'étranger, les élèves apprennent à coder dès le plus jeune âge
En France, les développeurs sont condamnés à la stagnation professionnelle
Alors que Tariq Krim remet un rapport sur le sujet à Fleur Pellerin, focus sur le statut des développeurs en France. A peine aguerris, tout les pousse à devenir chefs de projet. Car rester développeur, c’est synonyme de stagnation professionnelle. Même pour les meilleurs.
Patrice Desmedt
"Nous n’avons pas attendu Tariq Krim pour nous intéresser aux développeurs, s’écrie Sonia Malinbaum, présidente de la commission formation de Syntec Numérique. En 2013, nous avons mené une grande étude prospective qui a mis en exergue qu’il y avait 15 000 postes de développeurs à pourvoir d’ici à 2018." Le Syntec a conscience du manque de valorisation du métier de développeur et a lancé des initiatives pour en renforcer l’attractivité, avec en particulier des interventions dans les lycées pour promouvoir le métier, "y compris auprès des filles", souligne Sonia Malinbaum. "Notre rôle est d’attirer les talents", ajoute-t-elle, tout en reconnaissant que notre pays est encore conservateur. "Nos adhérents bougent, mais il s’agit de process longs, il faut s’attaquer à des cloisonnements tout en restant dans une démarche de progrès. Le développement doit être au centre du savoir-faire."
Le bon développeur devient manager
Dans les conclusions de son étude prospective, Syntec Numérique indique parmi les défis à relever : "Donner aux jeunes la possibilité d’occuper les emplois qui joueront un rôle moteur dans l’ère du numérique industriel". Et parmi ses propositions : "Mettre en valeur la French Touch du développement et du design" et "augmenter l’offre de formation des écoles de type Epita, Paris Tech, Polytech".
Louables intentions. Mais les entreprises adhérentes du Syntec numérique sauront-elles se réformer ? Aujourd’hui, il ne faut pas rester développeur si l’on veut faire carrière. Les jeunes diplômés partis à l’étranger en tant que développeurs sont surpris à leur retour en France. Ils ont du mal à valoriser leur expérience et à continuer à exercer leur talent. Emmanuel Carli, directeur général d’Epitech, a vécu lui-même ce peu de considération. Diplômé de l’Epita et major de la promotion 2002, il a débuté sa carrière comme développeur chez Thales, sur des logiciels pour la Défense. "Je voulais faire de l’informatique temps réel", explique-t-il. Il met en place des méthodes agiles sur des projets complexes et voit ses travaux primés par un "Eureka d’Or". Paradoxalement, cette récompense va lui permettre de quitter son travail de développeur pour prendre des responsabilités de management.
cinquième roue du carrosse
"Comme développeur, j’ai fait des trucs de fou, mais il m’a fallu déployer une énergie phénoménale pour faire accepter mes méthodes. Le logiciel est considéré comme la cinquième roue du carrosse en France, et les codeurs comme de simples techniciens", déplore-t-il. Pour évoluer dans les entreprises, il faut arrêter de développer selon lui : "Je connais des ingénieurs diplômés d’écoles réputées qui, après dix ans d’expérience, sont toujours au même poste". Devenu program manager chez Thales puis directeur du groupe de R&D du cabinet d’avocats Taj avant de rejoindre Epitech, Emmanuel Carli reste un passionné du code : "Soyons fiers d’être développeurs. Le soir, quand les enfants sont couchés, j’allume mon ordinateur et je développe…"
Bien parler en réunion
Raphaël Wach est encore plus direct. Lui qui se définit aujourd’hui comme expert des technologies mobiles d’Apple et "serial entrepreneur" a commencé sa carrière, à la sortie de l'Epitech, comme développeur dans les sociétés de services Cap Gemini Consulting puis Logica, avant de lancer plusieurs start-up développant des applications pour iPhone et iPad.
"Il y a un plafond de verre au-dessus duquel on ne peut pas passer si on ne fait pas de management. Le résultat, c’est qu’en France il y a surtout des développeurs très jeunes, sans expérience et donc pas vraiment bons. Dès la sortie de l’école, on vous dit : 'Dans deux ans, il faut que tu fasses du management.' Aux Etats-Unis, on rencontre des développeurs qui ont 50 ans et qui sont reconnus pour leur talent. Ici, on fait comprendre aux jeunes qu’il faut mettre un beau costume et bien parler en réunion."
Pour Raphaël Wach, les dégâts sont importants. Cette situation provoquerait d’importants surcoûts dans le développement des applications informatiques : "Quand on lance des projets mal pensés et mal gérés, les développeurs savent eux que cela ne marchera pas. Mais on ne les consulte pas."
Patrice Desmedt
SUR LE MÊME SUJET
2Commentaires
RéagirPARCOURIR LE DOSSIER