En quelques semaines, Getir aurait licencié un quart de ses effectifs en France
Encore plus rapide pour licencier ses salariés que les embaucher. Getir aurait licencié près d'un quart de ses effectifs en France sans mettre en place de plan de sauvegarde de l'emploi, rapporte une enquête de Mediapart. La start-up, qui promet de livrer des courses en 20 minutes, est contrainte de limiter ses dépenses et doit rapidement trouver un modèle rentable en raison du contexte économique qui tend à limiter les levées de fonds.
Getir France se sépare depuis plusieurs semaines de quelques centaines de salariés. Le tout sans plan de licenciement, rapporte Mediapart le 27 juillet 2022 suite à une enquête qui s'appuie sur des témoignages et des documents internes. Pourtant la loi française impose la mise en place d'un tel plan lorsqu'un employeur met fin aux contrats de plus de neuf personnes dans une période de 30 jours.
La fin de l'argent facile
Getir a lancé son service en France en juin 2021 avec la promesse de créer 5000 emplois en CDI en 18 mois. Un an plus tard, ce sont 1800 personnes qui ont été embauchées en CDI : majoritairement des livreurs et des préparateurs de commandes. En parallèle, la start-up, comme d'autres acteurs du quick commerce, lève des centaines de millions d'euros. Sa dernière annonce remonte à mars 2022 : Getir annonce alors une levée de 768 millions de dollars à l'occasion de laquelle sa valorisation grimpe à 12 milliards de dollars. Mais cette levée de fonds signe la fin de la période où l'argent coule à flot.
En France la consolidation est déjà en marche avec plusieurs annonces d'acquisitions. L'inflation, la montée des taux d'intérêt et la frilosité des investisseurs face au contexte macro-économique affectent de plein fouet ces acteurs de la livraison rapide.
Fin mai, il était clair que Getir entendait supprimer 14% de ses effectifs à travers le monde, ce qui correspond à près de 4500 personnes puisqu'elle emploie environ 32 000 personnes sur les neuf marchés où elle opère. Cette annonce faite par Nassim Salur, le fondateur de Getir, a fuité dans la presse. Le détail par pays n'était pas encore divulgué. Ses concurrents Gorillas et Zapp ont fait des annonces similaires. D'importantes vagues de licenciements semblent alors se profiler.
200 licenciements pour faute grave en juin
A l'occasion d'une prise de parole remontant à début juin, Alec Dent, le directeur de la filiale française, déclare avoir déjà discuté avec toutes les personnes affectées par l'annonce de Nassim Salur, et confirme des licenciements auront également lieu en France. Or, selon les informations de Mediapart, "la filiale française de Getir n'a lancé aucune des procédures prévues par le code du travail dans ce type de situation." Pourtant la start-up aurait bien été tenue informée de ces procédures par le cabinet d'avocat parisien qui l'accompagne.
L'entreprise aurait annulé avant leur début des contrats de travail signés au siège et pour des entrepôts qui n'ont finalement jamais été lancés, comme à Lille. Mediapart rapporte également que Getir France aurait lancé environ 200 procédures de licenciement individuel pour faute grave sur le seul mois de juin. L'entreprise aurait aussi mis fin à une quinzaine de périodes d'essai et reçu une vingtaine de démissions. Une tendance similaire, voire en cours d'accélération, aurait eu lieu durant le mois de juillet, ajoute le site d'informations. Cette vague de licenciements aurait également touché quelques cadres parisiens.
Un recours devant les Prud'hommes ?
Pourquoi Getir ne s'est-elle pas lancée dans un plan de sauvegarde de l'emploi ? La réponse est évidemment monétaire. Cela lui coûte moins cher de licencier pour fautes graves, d'autant plus depuis le plafonnement des indemnités prudhommales en cas de licenciement abusif. Et les livreurs et préparateurs de commandes étant souvent des personnes en état de précarité, sans doute que la start-up s'attend à ne pas devoir faire face à trop de recours.
Getir a mis à jour son règlement intérieur en listant de nombreuses fautes et a demandé aux managers de surveiller étroitement le personnel. La start-up n'a pas souhaité répondre à Mediapart. Mais des réponses officielles finiront peut-être par surgir puisque plusieurs anciens salariés se préparent à saisir les prud'hommes. Et l'inspection du travail aurait déjà procédé à de premiers contrôles chez Getir à Paris.
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