[Entretien] "Le degré d’ouverture à l’IA dans les RH a fait un saut en 2020", explique Sylvain Letourmy (Oracle)
Oracle publie sa nouvelle étude internationale consacrée à la "digital workplace". Dans cette édition, actualité oblige, les questions ont notamment porté sur l'impact de la pandémie, le recours aux chatbots et autres outils d'intelligence artificielle et notamment à leur contribution pour réduire l'impact négatif du confinement sur la santé mentale. Sylvain Letourmy, HCM strategy director, commente les résultats de cette étude.
L’Usine Digitale : Pour cette nouvelle édition de l’étude Oracle Workplace, vous vous êtes intéressé à la pandémie. Qu’est-ce qui vous intéressait ?
Sylvain Letourmy : L’objectif de ces études que nous faisons régulièrement sur un périmètre international est de comprendre les relations entre l’homme et la machine. Pour cette troisième édition, l’étude a porté sur la santé mentale dans le contexte de la pandémie. Ce qui nous intéressait notamment c’est la façon dont on a recours à la technique dans ce contexte et la façon dont elle pourrait être une aide.
Quels résultats vous ont surpris ?
Ce qui m’a le plus étonné c’est le nombre de personnes qui se disent affecté négativement par la pandémie et qui déclarent avoir ressenti une dégradation de leur santé mentale au travail. Près de 8 personnes interrogées sur 10 sont dans cette situation.
Ensuite, 82 % des personnes interrogées ont déclaré qu’ils préfèreraient s’adresser à un robot plutôt qu’à leur supérieur hiérarchique. C'est dire que le degré d’ouverture à l’IA a fait un saut au cours de l’année dernière. C’est un tournant. Jusqu’ici l’adoption de l’IA dans un cadre professionnel était plutôt lente.
Votre étude montre que ce sont les managers qui ont eu le plus de mal à s’adapter. C’est étonnant non ?
52 % des managers ont eu des difficultés d’adaptation aux nouvelles conditions de travail à distance. Mais une fois qu’ils ont adaptés les nouveaux outils, ils sont aussi ceux qui estiment le plus en tirer des profits, notamment en matière de productivité. A 80 % ils disent avoir utilisé des outils automatisés, de l’intelligence artificielle notamment pour parler de leurs difficultés. Pour les managers, il y a une question liée à la peur du jugement, de la crainte de ne pas être à la hauteur de la position de leadership qui est la leur. Mieux vaut de leur point de vue “parler” à une intelligence artificielle, un chatbot qu’à une personne. Ils pointent deux avantages supplémentaires : l’instantanéité de l’information et la personnalisation des réponses.
Vous vous intéressez aussi aux RH. Quels défis doivent-ils relever ?
Ils ont dû au cours de l’année passée faire face à une diversité de situation. Chacun a un vécu différent et aimerait avoir une réponse adaptée. Les RH devaient trouver des réponses individuelles.
L’étude confirme que les plus jeunes ont plutôt moins bien vécu le télétravail, le confinement. Qu’en pensez-vous ?
Chez les millenials, la génération Z, le taux d’impact négatif sur la santé mentale est particulièrement élevé. Pour l’expliquer, on peut faire des hypothèses : les deux tiers d’entre eux indiquent avoir observé une hausse de leur temps de travail. Peut-etre qu’en télétravail, la porosité entre le temps de travail et le temps personnel est devenu de plus en plus grande, à tel point que les bornes de séparation ont fini par s’atténuer. Il pourrait y avoir eu un phénomène de “always ON”, toujours connectés, disponibles. Autrment dit, il y a eu une plus grande pression du travail. Simultanément, ils sont les plus enclins à faire appel à la technologie. Ils sont 84 % dans cette situation.
L’étude est internationale. Comment se situe la France ?
Il y a des différences très nets entre les pays. On remarque que dans les pays où le pression est forte, comme l’Inde ou la Chine, l’envie d’utiliser l’IA est la plus forte. Ensuite, on a un groupe de trois pays, l’Allemagne, le Japon et l’Italie où le télétravail a eu un relativement faible impact sur leur vie personnelle. C’est assez difficile à expliquer. Le Japon est le pays où les cadres, les managers ont exprimé avoir leplus de facilité à recourir à un outil virtuel, à une IA.
La France est un des pays les plus exposés au sentiment de burn out, exprimé par 23 % des répondants. Le taux d’acceptation de l’IA est de 60 % ce qui révèle la prégnance du principe de précaution.
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