Est-ce la fin prévisible de Clearview AI, le spécialiste de la reconnaissance faciale ?

Visée par de nombreuses procédures et sous le coup de plusieurs amendes, la société Clearview AI a remercié une partie de son équipe commerciale, son directeur financier et son directeur de la stratégie. Plusieurs forces de l'ordre ont rompu tout lien avec cette technologie qui est accusée d'aspirer les photographies des internautes sans leur consentement.

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Est-ce la fin prévisible de Clearview AI, le spécialiste de la reconnaissance faciale ?

La start-up Clearview AI a licencié une partie de son équipe commerciale et deux cadres recrutés un an plus tôt, d'après les informations de Reuters. Son directeur général, Hoan Ton-That, a déclaré dans un communiqué que ces changements organisationnels, y compris "la suppression de postes", visaient à sauvegarder "la sécurité financière et la croissance" de l'entreprise. "La stratégie est conçue pour améliorer l'efficacité et réduire les coûts opérationnels", a-t-il ajouté refusant de donner le nombre précis de salariés mis à la porte.

Dans les détails, l'entreprise s'est séparée de Chris Metaxas, le directeur financier, ainsi que Devesh Ashra, directeur de la stratégie, qui serait partie au Crédit Suisse. Joint par l'agence de presse, le premier a confirmé l'information. Le second a refusé de répondre.

Pouvoir identifier "presque tout le monde"

A l'origine d'un moteur de recherche basé sur la reconnaissance faciale, Clearview AI est impliqué dans de nombreuses procédures. En effet, on lui reproche d'aspirer les photographies et vidéos des réseaux sociaux puis de les réutiliser sans avoir obtenu le consentement des personnes concernées. En février dernier, elle disait être en voie bonne pour atteindre "les 100 milliards" de photographies de visage dans sa base de données d'ici un an avec un but clairement affiché et assumé : pouvoir identifier "presque tout le monde".

Cette technologie est commercialisée auprès d'organismes chargés de l'application des lois, comme les forces de l'ordre, leur permettant de retrouver facilement un suspect, affirme l'entreprise. Ils peuvent utiliser cet outil pour identifier une personne dont ils disposent d'une image issue, par exemple, d'un enregistrement de vidéosurveillance.

Plusieurs procédures en cours

La Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil) a mis en demeure en novembre dernier la start-up de cesser d'ici deux mois la collecte et l'usage des photos et vidéos publiques aspirées sur Internet pour alimenter son logiciel. Elle estimait également qu'elle traitait ces données personnelles de manière illicite car elle ne disposait d'aucune base légale. Les demandes d'accès et d'effacement n'étaient pas non plus traitées. Si elle ne se met pas en conformité, l'entreprise s'expose à une amende pouvant aller jusqu'à 4% de son chiffre d'affaires annuel mondial (qui n'est pas connu). La décision finale n'a pas encore été rendue.

L'Italie est passé à la vitesse supérieure et a infligé une amende de 20 millions d'euros. Elle a également exigé de la société qu'elle supprime toutes les informations de sa base de données. Malgré ces accusations et sanctions, Clearview AI a réussi à lever des fonds. Il a réuni 30 millions de dollars en juillet 2021. Le tour de table réunissait "des investisseurs institutionnels et des family office" sans plus de précision.

Aujourd'hui, l'entreprise dit ne vendre sa technologie qu'aux forces de l'ordre et non plus à des entreprises. Or, la police de certains pays a décidé de rompre tout lien avec elle, comme les polices canadienne et suédoise. D'autres suivront sans doute étant donné la réputation de Clearview AI.

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