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"Etre sur Youtube et Facebook fait partie d'un projet de web série" explique la réalisatrice Camille Ghanassia
"Etre sur Youtube et Facebook fait partie d'un projet de web série" explique la réalisatrice Camille Ghanassia
Camille Ghanassia a participé à la création d'une web série intitulée "Le Meufisme". Réalisatrice et co-productrice de la web série avec Gaëlle Girre (depuis la saison 2), elle travaille depuis le début avec Sophie Garric,co-auteure, co-réalisatrice et actrice. Dans cette interview, elle expose comment on produit aujourd'hui ces formats émergents. Des débuts "à la débrouille" à l'arrivée d'un grand financeur, elle montre comment, plus que jamais, la réalisatrice est une femme-orchestre et révèle comment elle a appris à devenir une véritable community manager.
L’Usine Digitale : Vous produisez une web série diffusée sur les plateformes Internet. Comment est né ce projet ?
Camille Ghanassia : Avec Sophie Garric, nous avons réalisé en 2013 la première saison en totale autoproduction. Elle comme moi travaillions alors dans l’univers du cinéma, elle comme graphiste dans une société de production, moi comme assistante de production.
Nous avions écrit un cout métrage, qui ne passait pas la barrière de la commission d’avance. Nous étions en train d’essayer d’écrire un long métrage.
Ajoutez à cela que j’ai été comédienne et vous avez un résumé de notre situation. Nous voulions travailler dans cet univers mais nous ne savions pas très bien par quel côté l’aborder. Nous étions aussi prêtes à faire des expériences. Pourtant, quand, sur Internet, nous avons vu les débuts des vidéos humoristiques, nous n’avons pas été convaincus. C’était de l’humour un peu potache pour adolescent, pas ce que nous voulions vraiment faire. C’était souvent réalisé avec les moyens du bord. Nous voulions avoir la plus belle image possible, qu’elle soit produite le mieux possible.
C’est l’arrivée d’une deuxième vague de programmes courts sur le web produits Studio Bagel ou Golden Moustache qui nous a donné l’envie. Nous sommes parties avec l’envie de faire une série. Nous avons commencé à tourner fin 2013 et le premier épisode a été mis en ligne le 20 janvier 2014.
Vous en êtes à la troisième saison. Quelles particularités du Web vous frappent le plus ?
La grande différence c’est que sur Internet les gens partagent quand ils aiment. Pour des personnes qui débutent comme nous, il n’y pas à aller convaincre des producteurs, des structures d’aides, puis de démarcher la presse pour qu’ils parlent du film, une fois qu’il est fait. Avec le web, si le public est séduit, il devient le moteur du bouche à oreille.
C’est comme ça que vous avez eu vos premiers spectateurs sur le Net ?
Oui et on a eu la chance d’être repéré par Paulette, un magazine féminin. Résultat on a eu 10 000 vues le premier mois alors qu’on en attendait 500 au mieux.
La première saison a été faite avec les moyens du bord ? En vous débrouillant ?
Par exemple, je faisais le cadre, le montage et la production pour les premiers épisodes. Peu à peu des copains sont venus nous aider. Je travaillais avec un appareil photo caméra et j’avais un kit lumière hyper basique. J’avais demandé à un ingénieur du son de venir parce que c’était important d’avoir un bon son par rapport à nos ambitions de diffusion. Après, oui, c’est de la débrouille : on fait les gâteaux et on invite les gens qui viennent donner un coup de main à déjeuner. Ce sont des films de potes, qui ont vu un épisode, qui ont bien aimé et qui viennent donner un coup de main.
A quel moment le projet change-t-il d’ampleur, se professionnalise ?
Nous avons eu de la chance, la série a vite pris. Nous sommes allés au Web programme festival de la Rochelle où nous avons eu le prix du jury dans la section humour. Puis nous avons été contactés par Dailymotion et par une société de distribution. Ils voulaient entrer dans la coproduction du projet. D’autres personnes nous ont aussi sollicitées.
De notre côté, nous avions appris que Canal Factory, une filiale de Canal Plus, cherchait des programmes originaux pour le web. Comme je ne connaissais personne chez Canal, j’ai cherché sur Twitter et Facebook un contact, envoyé des mails, des courriers, des fax… J’ai tout fait ! Et j’ai fini par décrocher un rendez-vous au terme duquel nous avons fait la saison 2 de la série avec Canal comme coproducteur.
Qu’est-ce que ça a changé pour la série ?
Ça a tout changé. Tout. Nous avons beaucoup travaillé sur la communication, en produisant des contenus pour les réseaux sociaux. Toutes les semaines on publiait quelque chose pour fédérer, créer une communauté. Cela a mis un peu de temps à prendre mais ça a été exponentiel. Mi-mai, on avait un million de vues, en juillet cinq millions.
En décembre on en était à 10 millions sans nouvelles actions. Aujourd’hui nous avons une communauté très forte, nous ne faisons pas d’achat média pour parler de la série.
Pourquoi être sur YouTube et ne pas avoir développé un site spécial ?
Etre sur Facebook et YouTube fait partie du projet. Ces plateformes sont bien adaptées pour des formats courts. La proximité fait partie de ce que nous voulions faire. Je réponds à tous les messages, tous les commentaires. Nous créons du contenu additionnel, en faisant des quizz, en mettant en ligne des photos de tournage, où en faisant pour F pour Femina une carte postale envoyée à une personnalité qu’il faut deviner. C’est une partie importante de notre travail.
Comment avez-vous appris à publier sur les réseaux sociaux ?
Notre talent manager chez Canal Factory, Rebecca Windeler, nous a beaucoup aidés à réfléchir à notre stratégie de communication, au meilleur moyen de créer une communauté.
Et l’arrivée d’un tel coproducteur ne change rien ?
D’abord, je voudrais préciser que Studio Bagel a repris Canal Factory. Dans la production, paradoxalement, ça devient plus compliqué quand l’argent entre. Quand on est dans une économie où on ne paie pas les gens, où on est dans le coup de main entre copains, les choses sont simples.
Ce qui est difficile à gérer c’est qu’on ne passe pas de rien à un petit peu. On passe de rien à une somme substantielle, car ne nous plaignons pas, notre série est très bien financée.
Quand on commence à rémunérer les gens, on se professionnalise, on doit avoir un budget sur tout. On ne va pas demander un coup de main à quelqu’un pour faire le cadre par exemple et payer le monteur ou la personne qui fait le son.
Sur Internet, on a de la liberté créative. Après, pour la productrice que je suis aussi, je remarque qu’il n’y a pas de convention collective spécifique pour les séries sur Internet. Nous avons une économie différente mais les mêmes obligations que les producteurs de films classiques. C’est parfois assez compliqué à gérer.
Pour voir le dernier épisode et les précédents de la série Le Meufisme, cliquez ici
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