Exotrail lève 54 millions d’euros pour l’industrialisation de ses moteurs pour petits satellites
La start-up française du new space Exotrail a annoncé un tour de table de 54 millions d’euros en série B. L’idée est d’accélérer l’industrialisation de ses moteurs à propulsion pour petits satellites, de stimuler les ventes de son dernier produit, le "bus de l’espace" SpaceDrop, et de conquérir les marchés asiatique et américain.
Grosse levée de fonds pour le new space français. Exotrail, qui a forgé sa notoriété en développant une technologie de propulsion pour les petits satellites, a annoncé le 7 février une levée de fonds en série B de 54 millions d’euros. Bpifrance (SPI et Fonds Innovation Défense), Eurazeo et CELAD ont investi dans ce tour de table aux côtés des investisseurs historiques de la start-up comme Karista, 360 Capital et le fonds Digital Venture.
Après une première levée de fonds en 2018 de 3,5 millions d'euros, et une deuxième de 11 millions en 2020, la pépite française du new space Exotrail cumule ainsi près de 70 millions d'euros de financements depuis sa création.
Une technologie de propulsion pour les petits satellites
La start-up, née en 2015 au sein de Polytechnique et de la SATT Paris-Saclay, aujourd’hui implantée à Toulouse et Massy (Essonne), a été portée par l’essor des petits satellites et des constellations de satellites. Elle a développé une technologie de propulsion à base de xénon pour les minisatellites comme les CubeSats et les nano satellites. Ses moteurs les propulsent, une fois lâchés par le lanceur, jusqu’à leur orbite finale.
Pour se différencier de la concurrence, la jeune pousse a, en plus de ces équipements, développé une gamme de logiciels. Parmi eux, SpaceStudio, qui permet de concevoir des missions spatiales en s’appuyant sur les simulations de milliers de scénarios, et SpaceTower, qui offre à ses clients un contrôle et une surveillance en direct de leurs constellations ainsi que la possibilité de programmer des reconfigurations ou encore d’automatiser les manœuvres d'évitement des collisions.
La logistique spatiale arrive
Avec cette nouvelle levée de fonds, la société entend "capitaliser sur la dynamique commerciale enregistrée en 2022" par ses systèmes de propulsion et ses suites logicielles. L’opération doit également stimuler l'adoption par le marché de son produit SpaceDrop annoncé l'année dernière et sélectionné dans le cadre du programme spatial France 2030.
Il s'agit d'un service de lancement permettant de déposer des nano, micro et petits satellites dans l'espace au sein d'un "bus de l'espace" en orbite appelé le Spacevan. Ce véhicule de transfert peut convoyer jusqu'à 400 kilos de satellites pour différents clients, économisant leur énergie. "Ce sera le Uber de l'espace" a affirmé Maxime Montès, responsable développement produits chez Exotrail, à L'Usine Nouvelle. Un premier lancement est prévu avec SpaceX en octobre 2023.
À terme, il devrait également servir à assurer la maintenance des satellites, leur ravitaillement mais aussi des services de dépollution. Un semble de services pour la logistique spatiale, que la start-up voit comme un marché très porteur.
Renforcer l'équipe de R&D
Exotrail explique que cet argent servira également à accélérer la cadence industrielle de ses produits, à renforcer sa présence commerciale dans ses marchés actuels et à conquérir les marchés nord-américain et asiatique.
Celle qui emploie pour l’heure 90 salariés, compte par ailleurs renforcer ses capacités de R&D en recrutant plus de 70 personnes dans les douze prochains mois.
Le fait que le fonds innovation défense compte parmi les investisseurs est un bon signe qui montre que le ministère des armées considère qu’Exotrail pourrait se révéler stratégique dans les années à venir. Quoi qu’il en soit, la start-up s’affirme dans le paysage spatial français en devenant l’une des rares start-up du secteur à passer l’étape de la série B.