Eye2Scan lève 1,4 million d'euros pour aiguiser sa plateforme automatisée d'audit et de contrôle
Avec sa dernière levée de fonds, Franck-Yves Inglebert, fondateur et CEO d'Eye2Scan, lancera prochainement une sixième version de sa plateforme automatisée d'audit et de contrôle. Bientôt accessible depuis le cloud et alimentée par le machine learning, elle permet aux grands groupes de prévenir différents risques en interne.
La start-up française Eye2Scan a annoncé cette semaine la toute première levée de son histoire, laquelle a débuté en 2016 avec l'intuition de son fondateur et CEO Franck-Yves Inglebert. Cet ancien professionnel de l'audit interne, passé au fil de sa carrière par des grands groupes comme Nestlé et Faurecia, a vu son métier s'automatiser et décidé de créer sa propre solution pour aider les entreprises.
Sept ans plus tard, la sienne vient donc de lever 1,4 millions d'euros en fonds propres auprès d'investisseurs stratégiques de son secteur et de plusieurs business angels. Frank-Yves Inglebert espère à présent accélérer la croissance d'Eye2Scan, en s'ouvrant notamment au marché suisse et plus largement à l'Europe et en intégrant peu à peu des logiques prédictives dans les méthodes d'analyse de données que propose sa plateforme.
"80% des contrôles sont les mêmes"
Eye2Scan est en effet un service vendu aux grands groupes (Franck-Yves Inglebert ne souhaite pas préciser combien) souhaitant automatiser leurs processus d'audit et de contrôle internes. En temps normal, les auditeurs sont des employés en chair et en os qu'on envoie en mission "environ tous les trois à cinq ans" et qui se chargent de "vérifier que tout fonctionne comme on pense que ça fonctionne", explique le CEO de la start-up.
Ils passent toute l'organisation de l'entreprise au peigne fin – les risques de fraude, de corruption, les pertes d'actifs ou de performance – en menant des entretiens et en analysant des tonnes de données. En parallèle, les contrôleurs réalisent des missions similaires de vérification tout au long de l'année. Or, "80% des contrôles sont les mêmes", bien que les situations varient d'un grand groupe à ses concurrents. Une part non négligeable qu'Eye2Scan se propose de prendre en charge avec sa technologie et sa batterie de contrôles pré-programmés qu'elle livre à ses clients.
Compatible avec plusieurs ERP en même temps
Pour cela, la start-up vient aspirer au sein des entreprises qu'elle contrôle leurs données, notamment celles produites avant l'étape de la comptabilité sur laquelle se basent beaucoup d'auditeurs. "On fait évidemment des contrôles comptables mais notre expérience montre que les risques [de fraude, par exemple] dans une entreprise sont aussi dans les données en amont de la comptabilité, c'est-à-dire dans toutes les données opérationnelles", explique Franck-Yves Inglebert.
Y accéder signifie se brancher aux ERP desdits groupes, c'est-à-dire les logiciels qu'ils utilisent pour gérer l'ensemble de leurs processus. Avec la sixième version de sa solution, qui doit paraître au quatrième trimestre de cette année, Eye2Scan prévoit d'être compatible avec plusieurs ERP en même temps pour satisfaire ces groupes dont les filiales ne sont pas équipées des mêmes logiciels. Une ambition que semblent apprécier les acteurs industriels des ERP, dont certains ont participé à la levée de de fonds.
Une solution dans le cloud en Europe
Les quelques "dizaines de millions de lignes" qu'épluche quotidiennement Eye2Scan doivent être convenablement mises en sécurité, considère le parton de la start-up. D'autant qu'avec ce tour de table d'1,4 millions d'euros, il projette de fournir une version SaaS (software as a service) à ses clients sur laquelle réaliser ses contrôles et audits.
Bientôt, les groupes auront ainsi le choix entre un stockage local ou sur un serveur cloud possédé par Eye2Scan sur lequel ils trouveront à la fois leurs données et l'application. Le prestataire n'a pas encore été choisi mais Franck-Yves Inglebert dit vouloir privilégier une localisation des serveurs "en France ou a minima en Europe obligatoirement".
De quoi rassurer ses clients, présents principalement en France et en Italie, ainsi qu'en Suisse où un bureau vient d'être ouvert. "Nous avons noué des partenariats pour essayer de nous développer en Angleterre", précise le CEO d'Eye2Scan, dont l'ambition "est européenne à court terme". D'ici là, et grâce à sa levée de fonds, l'entreprise cherche à recruter des profils de développeurs dans ses quartiers toulousains.
L'horizon du machine learning
Derrière ces embauches se cachent de nombreux objectifs d'amélioration technique de la plateforme Eye2Scan. "Évidemment, le machine learning – et l'intelligence artificielle en général – est un objectif et on y va forcément, mais je suis prudent", commente Franck-Yves Inglebert, refusant de céder trop vite à la pression du buzzword qu'est devenue l'IA et arguant que son implémentation dans les processus d'audit et de contrôle internes s'est jusque-là plutôt soldée par des échecs.
"Avant d'aller vers du machine learning, il y a une étape intermédiaire pour nous qui va être de rendre la solution plus prédictive, déjà sur des analyses d'évolution de tendances et de signaux faibles. Par exemple, il y a cette filiale dans laquelle j'ai ce problème-là qui augmente régulièrement depuis six mois et qui, couplé avec cet autre problème, me donne un indice selon lequel que c'est le moment d'aller les voir pour contrôler ou auditer", poursuit-il.
Cette phase débutera au premier trimestre de 2024, avec "l'ambition de sortir des modules de visualisation de données qui permettent cette détection de signaux faibles, des comparaisons entre filiales, de déterminer les bonnes pratiques, etc." Ce après quoi Franck-Yves Inglebert tentera logiquement d'incorporer de l'IA à ses batteries de contrôles et d'audits, en travaillant notamment sur l'harmonisation et la fiabilisation des jeux de données avec lesquels sa start-up jongle constamment. "Autrement, c'est compliqué de construire de l'IA tant qu'on n'a pas la certitude que ses données sont les bonnes et que les bases de données sont correctement alimentées."
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