Face à la menace ChatGPT, Google limite sa publication d'articles scientifiques dans le domaine de l'IA

L’émergence de l’intelligence artificielle générative pousse le géant américain à ne plus partager ses recherches avec la communauté scientifique, pour éviter d'aider ses concurrents. Des reproches sont faits à OpenAI de s'être inspiré de la recherche ouverte des chercheurs d'autres entreprises, comme Google ou Meta, sans y contribuer elle-même.

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Face à la menace ChatGPT, Google limite sa publication d'articles scientifiques dans le domaine de l'IA

Bousculé par le lancement de ChatGPT, Google remet en cause son modèle de recherche ouverte dans l’intelligence artificielle. Selon des informations du Washington Post, confirmées par Business Insider, le géant américain a décidé de limiter la publication d’articles scientifiques, dans lesquels ses chercheurs partageaient leurs dernières avancées dans le domaine.

C’est un changement majeur pour Google, qui avait toujours vanté les vertus de cette pratique, dès ses premiers travaux dans l’apprentissage automatique au début des années 2010. Le leader de la recherche sur Internet n’a pas été le seul à s’engager dans cette direction. Facebook en avait fait de même. Tout comme Apple, longtemps réticent mais finalement convaincu de la nécessité de publier ses recherches pour rester compétitif.

Menace sur le modèle économique

L’émergence de l’intelligence artificielle générative a changé la donne. Car les larges modèles de langage, alimentant les robots conversationnels comme ChatGPT, représentent désormais une menace directe sur sa position dominante dans la recherche en ligne. Et donc sur ses profits. Google souhaite éviter que ses travaux de recherche fondamentale aident de nouveaux acteurs à l’attaquer au cœur même de son activité.

Le changement de modèle a été annoncé en février par Jeff Dean, alors à la tête de l’équipe de recherche Google Brain — qui a depuis fusionné avec la filiale britannique DeepMind. Si la société de Mountain View publiera toujours des articles scientifiques, elle ne le fera qu'après avoir transformé ses avancées technologiques en produits commerciaux. “L’heure est maintenant à la compétition, en gardant nos connaissances en interne”, résume un chercheur cité par Business Insider.

Google à l'origine de ChatGPT

Ces dernières années, Google a publié plusieurs centaines d’articles scientifiques majeurs dans le domaine de l’intelligence artificielle. Cette stratégie permettait d’abord de séduire les meilleurs chercheurs, en leur permettant de continuer à participer au champ académique. Elle lui servait aussi à se montrer attractif envers les jeunes diplômés, souhaitant travailler dans les entreprises les plus avancées.

Enfin, Google estimait que la collaboration académique permettait de faire progresser l’IA dans son ensemble, ce qui finirait par lui profiter. Cette dernière vision s’est cependant heurtée à une autre réalité : les travaux de Brain sur le modèle de réseau de neurones Transformer, publié en 2017, ont joué un rôle primordial dans l’émergence des grands modèles de langages. Comme GPT, développé par la start-up OpenAI, qui alimente désormais ChatGPT et qui a déclenché fin 2022 un “code rouge” au sein de Google. Or OpenAI, malgré son nom, garde l'essentiel de ses recherches pour elle.

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