Facebook s'attaque à Steam en lançant sa propre plateforme de jeux vidéo, Gameroom
[ACTUALISE] Le marché du jeu vidéo représente une manne financière considérable à laquelle Facebook n'est pas insensible. Pour endiguer l'exode des joueurs de son réseau social vers les smartphones, il lance avec Unity une plateforme à part entière incarnée par une application dédiée sur ordinateurs. Mais Facebook ne se contente pas des jeux sociaux, et pourrait chercher à s'attaquer au marché du jeu PC. En ligne de mire : Steam, qui livre déjà une concurrence féroce à sa filiale Oculus dans le domaine de la réalité virtuelle.
Julien Bergounhoux
Mis à jour
02 novembre 2016
Actualisation du 2 novembre : Facebook a lancé officiellement Gameroom, sa plate-forme de jeux PC.
Si l'engouement pour les jeux sur Facebook à la fin des années 2000 a fini par retomber, le réseau social n'a pas oublié cet âge d'or lucratif... et cherche à le faire renaître. Le réseau social a annoncé officiellement le 18 août le lancement d'une plateforme de distribution de jeux dédiée sur laquelle il travaille en collaboration avec l'éditeur logiciel Unity, dont le moteur de jeu est l'un des plus utilisés au monde. Facebook avait déjà laissé entendre qu'il travaillait sur le projet en mai dernier.
Facebook devient sa propre plateforme de jeu
Celle-ci prendra entre autres la forme d'une application pour ordinateurs sur laquelle seront disponibles à la fois des jeux web conçus pour Facebook, des jeux pour smartphones (venus d'iOS ou Android), et même des jeux plus complexes se destinant à une audience plus experte (similaire à ce que l'on trouve sur consoles ou PC). Les développeurs intéressés peuvent dès aujourd'hui (et jusqu'au 31 août) demander accès à une version alpha de Unity qui leur permettra de travailler sur cette plateforme.
Cet accord avec Unity marque un tournant important pour Facebook, qui imposait jusqu'à présent aux développeurs de travailler avec son propre kit de développement logiciel. Les développeurs pourront désormais compiler leurs jeux pour Facebook comme ils le font pour d'autres plateformes.
Endiguer la migration des joueurs vers le mobile...
L'objectif de Facebook avec ce lancement est à la fois de faire revenir les joueurs qui ont migré vers les plateformes mobiles (et d'attirer ceux qui ont commencé par ça), mais aussi de se poser en rival de Steam, la plateforme de vente de jeux dématérialisés qui domine le marché PC depuis près de 10 ans.
Pour attirer les développeurs, Facebook compte sur les 650 millions de membres (contre 125 millions pour Steam) qui jouent chaque mois sur son réseau social, même si les deux clientèles (jeux web freemium et jeux PC à gros budget) sont à la base très différentes. Pour rappel, Facebook a reversé 2,5 milliards de dollars de revenus aux développeurs en 2015.
...Et mettre une pression supplémentaire sur Steam ?
On peut voir dans cette stratégie une extension de la bataille que se livrent déjà Valve Corporation (éditeur de Steam) et Oculus VR (filiale de Facebook) sur le marché de la réalité virtuelle. Valve est en effet la force motrice derrière le développement du HTC Vive, principal concurrent de l'Oculus Rift, et encourage tous les possesseurs de casques à acheter leurs jeux sur sa plateforme.
Or, la vente de casques se faisant à prix coûtant (voire à perte), Oculus n'a aucun intérêt à se contenter du simple rôle d'équipementier. Il privilégie donc sa propre boutique, l'Oculus Store, qu'il tente d'avantager en finançant à tour de bras le développement de jeux VR en échange d'exclusivités.
Un pari loin d'être gagné
Pour autant, rien ne garantit que Facebook puisse détrôner Steam dans le cœur des joueurs, notamment car beaucoup y possèdent déjà des centaines de jeux et n'ont pas d'intérêt à multiplier les boutiques et les interfaces. De plus, Facebook devra compter avec Microsoft, dont le Windows Store contient une section jeux qui devrait croître fortement d'ici 2017, ou encore avec GOG, une boutique concurrente de Steam plutôt tournée vers les anciens jeux et les jeux indépendants. La bataille n'est donc définitivement pas gagnée.
SUR LE MÊME SUJET
1Commentaire
Réagir