"Fair share" : Meta argumente pied à pied contre le projet de taxe visant les GAFAM
Meta, directement visé par le projet de mise à contribution financière des grands fournisseurs de contenus aux investissements des opérateurs télécoms en Europe, répond en énumérant ses investissements et en objectant que l'arrivée du métavers n'entraînera pas de surcoût.
Pour la première fois, Meta détaille publiquement ses arguments contre la proposition des opérateurs télécoms consistant à faire contribuer les géants du numérique au financement des réseaux. Ce projet de "fair share" a été mis en consultation par la Commission européenne le 23 février. Meta ne voit pour sa part – ce n'est pas une surprise – aucun élément crédible pour soutenir cette proposition. Plus intéressant, le groupe donne quelques chiffres sur le montant de ses investissements pouvant justifier la réalité de la contribution qu'il apporte déjà.
Les fournisseurs de contenus feraient économiser de l'argent aux opérateurs
Depuis 2017, Meta affirme avoir consacré plus de 100 milliards de dollars en investissements et en charges d'exploitation pour ses infrastructures numériques, dont plusieurs milliards en Europe. En 2022, le groupe de Mark Zuckerberg dit avoir investi plus de 30 milliards dans le monde. Selon Meta, les fournisseurs de contenus dans leur ensemble auraient consacré 880 milliards de dollars sur 10 ans à l'infrastructure, ce qui ferait économiser aux opérateurs télécoms 6 milliards par an. On attend leur commentaire.
Meta rappelle que ses investissements dans les câbles sous-marins ont notamment permis de multiplier par quatre la capacité de transport de données transatlantique depuis 2016, et de diviser par quatre son coût sur les cinq dernières années. Certains projets de câbles sont d'ailleurs menés en coopération avec des opérateurs télécoms, notamment Orange entre l'Europe et l'Afrique.
Le groupe poursuit son inventaire en égrenant ses dépenses auprès des opérateurs européens : plus de 500 millions d'euros depuis 2018 dans l'achat et la location de fibre optique, ou encore ses investissements dans un CDN (content delivery network).
Pas de surcoût lié à la réalité augmentée
Les auteurs de l'exposé, Kevin Salvadori (VP Network) et Bruno Cendon Martin (Directeur Reality Labs Wireless) reviennent également sur l'argument des opérateurs consistant à anticiper les investissements qu'ils vont devoir faire pour accompagner le développement du "métavers" de Meta. Faux, répondent-ils, car la VR s'appuiera essentiellement sur les réseaux fixes, déjà constitués.
"Plus des trois quarts du trafic de Meta en Europe passe par les réseaux fixes", écrivent-ils. "Ils sont largement suffisants pour le métavers et pour les autres services web pour les dizaines d'années à venir. Nous pensons que la vaste majorité des usages de réalité augmentée se fera sur le Wi-Fi." Et pour ce qui est de l'AR sur 5G, ils ajoutent : "Nous ne pensons pas que cela nécessitera d'augmenter la capillarité des réseaux mobiles".