Fortum utilise la réalité virtuelle pour former le personnel de ses centrales nucléaires

L'énergéticien finlandais Fortum innove dans la formation du personnel de ses centrales nucléaires. Il a mis au point un simulateur en réalité virtuelle qui reproduit à la perfection une salle de contrôle. Ce dernier a été testé avec succès sur le site de Loviisa. Outre un coût divisé par 10, Fortum y voit une manière de mieux former ses équipes, mais aussi de valider les nouveaux équipements plus en amont.

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Fortum utilise la réalité virtuelle pour former le personnel de ses centrales nucléaires
Joakim Bergroth portant un casque Varjo VR-1.

Les exploitants de centrales nucléaires prennent la sécurité très au sérieux, ce n'est ni nouveau ni surprenant. Ils suivent des procédures très strictes et ont des exigences particulièrement élevées pour le matériel qu'ils utilisent. Il en est de même pour la formation du personnel. Le 28 août 2019, l'énergéticien finlandais Fortum, qui exploite des centrales dans 14 pays d'Europe du Nord et en Russie, a levé le voile sur un programme de formation et de simulation d'incidents en réalité virtuelle.

Un dixième du coût d'un simulateur physique

Fortum a mis au point une salle de contrôle interactive en réalité virtuelle. Elle est testée sur le site pilote de Loviisa, en Finlande. 90% du personnel y a déjà été formé en réalité virtuelle et la technologie fait désormais partie du cursus de base. Le développement est effectué par Fortum eSite, une filiale dédiée à la formation industrielle en réalité virtuelle, et supervisé par Joakim Bergroth, un spécialiste du facteur humain avec 10 ans d'expérience de l'industrie nucléaire. D'après lui, les simulateurs en réalité virtuelle peuvent être développés pour un dixième du coût d'un simulateur physique. Ils peuvent aussi être déployés facilement (et à moindre coût) sur d'autres sites une fois conçus.

Pallier l'indisponibilité des équipements industriels critiques

Traditionnellement, la formation se fait sur des répliques exactes de certaines parties des centrales. La construction de ces simulateurs physiques coûte des millions d'euros. Ces formations étant par ailleurs très rigoureuses, les ingénieurs y passent en revue des dizaines de scénarios qui vont d'un incident mineur (ex. canalisation qui fuit) jusqu'aux accidents critiques nécessitant un arrêt de la production.

L'autre inconvénient majeur de ces simulateurs est qu'il n'y en a que très peu et qu'ils sont donc très demandés. Les délais pour y avoir accès se comptent en semaines, et les apprenants n'ont qu'un temps limité qui ne permet pas toujours de répéter un exercice jusqu'à satisfaction.

La mise à disposition d'équipements industriels complexe est un problème commun à de nombreux secteurs industriels, du ferroviaire à l'aéronautique jusqu'à l'agroalimentaire. Des machines très spécialisées, très coûteuses et cruciales à la production ne peuvent tout simplement pas être stoppées pour faire une démonstration. Il faut donc soit en dédier certaines à cette tâche, soit construire des répliques.

Tester les évolutions des équipements plus en amont

La renaissance des casques de réalité virtuelle a changé ce paradigme. L'utilité des simulateurs virtuels ne se limite pas qu'à la formation. Ils peuvent aussi servir à tester et valider de nouveaux équipements ou nouvelles procédures avant qu'ils ne soient implémentés dans le monde réel. Auparavant la validation intervenait dans la dernière phase d'un projet d'évolution et la moindre erreur de design pouvait s'avérer coûteux et difficile à corriger. D'après Joakim Bergroth, dans le pire des cas cela pouvait retarder un projet d'une année entière. La possibilité de tester très tôt les évolutions permet selon lui d'économiser de nombreuses heures de travail et des centaines de milliers d'euros.

Pour son simulateur VR, Fortum a fait appel à Varjo, start-up également finlandaise et conceptrice du Varjo VR-1, un casque de réalité virtuelle très haute résolution conçu exclusivement pour un usage professionnel. Nous avions testé la version commerciale du VR-1 lors du Mobile World Congress 2019 et avions été impressionnés par sa qualité d'affichage. Son système à double écran permet de distinguer des détails souvent illisibles sur les autres casques du marché. Dans le cas présent, cette haute résolution permet de représenter plus fidèlement les panneaux de contrôle, écrans et autres éléments du simulateur.

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