France Datacenter sonne le tocsin : les déploiements ne vont pas assez vite

L'association qui représente la filière industrielle des datacenters rappelle que la souveraineté numérique passe aussi par l'hébergement des données en France. Or, faute de terrains et à cause de lenteurs administratives, elle affirme avoir du mal à suivre le rythme de croissance des besoins. 

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France Datacenter sonne le tocsin : les déploiements ne vont pas assez vite

Alors que ce début de semaine est placé sous le signe de la souveraineté numérique, avec la conférence sur la souveraineté numérique européenne organisée par le ministère de l'Économie le 7 et le 8 février, la filière industrielle des datacenters se rappelle au bon souvenir du gouvernement. L'association France Datacenter, qui réunit une centaine de membres (opérateurs, exploitants, bureaux d'études, constructeurs, équipementiers, maintenance), insiste sur le fait qu'"une des conditions de la souveraineté numérique passera par l'hébergement physique des données sur le territoire".

"Co-construire avec l'état un plan stratégique clair à 5 ans"
L'association a un message à faire passer aux candidats à la présidentielle. "Une autonomie stratégique est indispensable, à consolider sur les cinq prochaines années. Pour cela, il faut que les décideurs politiques co-construisent avec la filière un plan stratégique clair." Cela passe notamment par "l'élaboration de programmations urbaines au niveau régional incluant dès leur origine la présence de datacenters pour de meilleurs investissements stratégiques sur les territoires", y compris le déploiement de datacenters de proximité, de type edge.

"Si on ne travaille pas davantage avec l'administration, cela va devenir difficile de positionner la France comme une terre d'accueil des datacenters", prévient Fabrice Coquio, président d'Interxion France (filiale du groupe américain de gestion de datacenters), qui reprend la formule de Bruno Le Maire. En 2019, le ministre de l'Économie avait exprimé "l'ambition" que "la France soit la première terre d'accueil de datacenters en Europe".

Les délais administratifs, "talon d'Achille" de la filière en France
France Datacenter déplore le manque de stratégie globale et de visibilité pour les 5 à 10 ans à venir, et explique que les contraintes réglementaires et administratives (autorisations ICPE, permis de construire, agréments…) constituent "le talon d'Achille de la filière en France". Elles "se superposent et ralentissent la concrétisation des projets", ce qui entrave la compétitivité du territoire hexagonal. Afin de raccourcir les délais d'instruction et de réponse, et de pallier également certaines difficultés d'accès au réseau électrique, l'association suggère plusieurs axes d'amélioration.

Elle réclame la création, au gouvernement, d'un "poste d'interlocuteur interministériel transversal, à la confluence du numérique, des affaires intérieures et de la transition écologique", qui pourrait s'incarner dans un secrétariat général aux infrastructures numériques ; elle souhaiterait également la création d'un code APE pour les datacenters, son absence étant génératrice d'incertitude fiscale et de manque de données précises sur le secteur ; elle voudrait que les datacenters critiques se voient attribuer le statut d'opérateur d'importance vitale ; et que les acteurs publics, notamment ceux qui délivrent les autorisations, apprennent à mieux connaître leur métier et ses enjeux. Par exemple, Fabrice Coquio glisse que "jusqu'à il y a 15 jours, les responsables des autorisations ICPE (installations classées pour la protection de l'environnement) n'avaient jamais mis les pieds dans un datacenter"

Recherche terrains désespérement...
Concrètement, France Datacenter a peur que l'installation de nouveaux datacenters n'arrive pas à suivre le rythme de croissance des besoins. "Nous allons investir dix fois plus dans les prochaines années que ces dernières années", souligne Olivier Micheli, président de l'hébergeur Data4. Le problème, c'est que l'industrie a du mal à trouver des terrains, et vit à cet égard "le même cauchemar que les acteurs de la logistique", ajoute Fabrice Coquio. "Il faudrait 500 à 1000 hectares de plus au nord de Paris, la même chose au sud de Paris, et pareil à Marseille". Le président d'Interxion donne une autre illustration des difficultés que peut rencontrer le secteur : "pour faire atterrir un câble sous-marin à Marseille, il y a 17 parties prenantes".

C'est pourquoi la filière cherche à mutualiser les terrains et à avoir une réflexion organisée autour de l'aménagement du territoire, qui servira aussi à rationaliser les investissements des réseaux télécoms et la distribution d'énergie. France Datacenter s'inspire de l'Espagne, qui vient de "sanctuariser 700 hectares au sud de Madrid". Ainsi, Fabrice Coquio préfère parler de "territorialité" plutôt que de souveraineté, car "il n'y a pas de souveraineté d'une infrastructure, par nature neutre".

... et techniciens
Plus d'un milliard d'euros sont investis chaque année dans la filière française du datacenter, qui représenterait 40 000 emplois sans compter les emplois indirects (maintenance, BTP…). Mais celle-ci fait face à d'autres obstacles dans son développement, notamment celui du recrutement. Parmi ses propositions, elle plaide pour des formations qualifiantes courtes de technicien.ne.s. Un besoin d'autant plus crucial que les infrastructures opèrent en 3x8, et qu'il faut donc "six personnes pour un emploi". Le secteur représenterait, selon le DG d'Equinix France - qui vient d'annoncer de nouveaux investissements - Régis Castagné, un gisement de "plusieurs dizaines de milliers d'emplois".

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